La députée du parti d’extrême gauche populiste « La France Insoumise » (LFI), qui entretient une relation étroite avec Jean-Luc Mélenchon depuis plus d’une décennie, fait actuellement face à des difficultés. Elle doit prochainement se présenter devant les autorités en vue d’une possible inculpation pour « escroquerie aggravée », et son comportement suscite également des critiques au sein du parti.
Quand on aborde la question de Sophia Chikirou au sein de la NUPES, aucun membre n’est enclin à partager des commentaires en public, mais certains la décrivent comme brutale.
L’ancienne directrice de communication de Jean-Luc Mélenchon « est dangereuse humainement », avance un député, qui ajoute : « Elle peut rigoler avec toi et t’assassiner une demi-heure plus tard ». Il assure en avoir fait les frais pour lui avoir demandé d’arrêter de hurler dans l’hémicycle. À gauche, aucun de ses partenaires n’est étonné que la députée commence à être pointée du doigt publiquement. Prochainement convoquée en vue d’une possible mise en examen pour « escroquerie aggravée », Sophia Chikirou fait aussi l’objet d’un reportage de « Complément d’enquête ».
Parmi les députés LFI, le malaise est palpable : lors de l’affaire Quatennens, il y a un an, quand le député du Nord et proche du couple Mélenchon-Chikirou reconnaît des violences sur sa compagne, l’Insoumise monte au créneau pour le défendre. Quitte à s’en prendre aux voix dissonantes au sein du groupe si facilement « traumatisé ». Des coups de pression par message à chaque fuite dans la presse, raconte l’une de ses collègues, des excès de colère exercés sur ses propres collaborateurs, confie un proche de l’un d’eux. Ce dernier raconte même une scène où Sophia Chikirou aurait jeté un ordinateur portable sur son équipe.
Ces coups de sang, cette pression dans les boucles de messagerie, ce n’est pas la première fois que le comportement de Sophia Chikirou est pointé du doigt. Une témoin, que nous appellerons Rachel, assure avoir vécu la même chose au « Média », cette web-télé dirigée il y a cinq ans par Sophia Chikirou. La ligne éditoriale se voulait « humaniste, progressiste, écologique et féministe ». Elle se souvient avoir « très vite déchanté » et avoir « vécu des épisodes hallucinants » comme lors d’un séminaire où l’une des cibles de Chikirou s’est sentie mal. « Un de mes collègues a fait un malaise, il a dû partir en ambulance », raconte-t-elle. « Dans les boucles Telegram, Sophia Chikirou a lancé ‘Qui c’est qu’on envoie aux urgences la prochaine fois ?' »
« Elle nous traitait de rats, de sales rats qu’elle voulait écraser. Ça crée une atmosphère globale de crainte, de terreur, et une ambiance toxique. » témoigne encore la même Rachel des agissements de Sophia Chikirou à « franceinfo ».
Selon Rachel, Sophia Chikirou « était très présente dans la rédaction pour imposer des éléments de langage », et maintenait « une ambiance générale de violence, d’agression verbale » qui affecte les employés : « A mesure que l’atmosphère devenait de plus en plus anxiogène, j’ai vu l’un de mes collègues perdre dix kilos en quelques mois, alors qu’il allait très bien dans sa vie personnelle », assure Rachel. « On l’entendait souvent hurler, elle n’a jamais caché à qui que ce soit sa violence », ajoute-t-elle, en dépeignant une ambiance « sbirique avec Sophia et ses affidés » : « Les messes basses, les boucles Telegram, il y avait un système clanique qui m’a fait dire que « Le Média » était un parti politique auquel on n’avait pas adhéré. Une secte, et pas un vrai média. »
Sophia Chikirou n’a pas souhaité répondre aux questions de « franceinfo », mais son entourage la défend. « Elle est humaine, sensible et bosseuse », déclare une insoumise historique. Hadrien Clouet, député proche de Jean-Luc Mélenchon assure « préférer un dur qui fait le boulot à un Bisounours qui ne fait rien » et confie : « On défendra toujours les copains qui sont mis en cause pour quoi que ce soit ». Selon les informations de « franceinfo », Sophia Chikirou doit s’expliquer après la diffusion du documentaire « Complément d’enquête ». Explications que réclament plusieurs députés au sein du groupe LFI à l’Assemblée.
Didier Maréchal