Plus de 2400 morts, des villages anéantis, une aide qui tarde à arriver… Voici ce que l’on sait du séisme qui a frappé l’Afghanistan du 7 octobre dernier

Le Nord-Ouest de l’Afghanistan a été secoué par un séisme dévastateur samedi, avec un bilan actuel de plus de 2 400 décès, selon les dernières informations fournies par les taliban.

Un séisme puissant de magnitude 6,3 a secoué la région d’Herat, dans le Nord-Ouest de l’Afghanistan, le samedi 7 octobre. Selon un bilan officiel récent communiqué le dimanche, plus de 2 400 personnes ont perdu la vie, et d’énormes dégâts ont été constatés.

Le tremblement de terre qui a frappé samedi le pays a fait plus de 2 400 morts et plus de 2 000 blessées, selon les Taliban au pouvoir. Il s’agit d’un des séismes les plus meurtriers cette année, après ceux en Turquie et en Syrie qui ont fait plus de 50 000 morts.

Le chef de l’intervention d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Afghanistan a annoncé lundi que parmi les victimes du récent séisme, deux tiers présentaient des blessures graves et étaient des femmes et des enfants.

L’épicentre du séisme se trouvait à 40 kilomètres au Nord-Ouest d’Herat, une ville considérée comme la capitale culturelle de l’Afghanistan. Le séisme a été suivi rapidement par quatre fortes répliques, comme l’a rapporté l’Institut de géophysique états-unien. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a estimé que 11 000 personnes et 1 655 familles avaient été touchées par le séisme et ses répliques.

L’ONU a indiqué que « 100 % des maisons » dans 11 villages étaient entièrement détruites. Dans le village de Sarboland, près de l’épicentre du séisme, un journaliste de l’AFP a vu les maisons détruites, d’où émergent des effets personnels battant au vent. « Dès la première secousse, toutes les maisons se sont effondrées », raconte Bashir Ahmad, 42 ans. « Ceux qui se trouvaient à l’intérieur des maisons ont été ensevelis. Il y a des familles dont nous n’avons aucune nouvelle. » La plupart des maisons rurales du pays sont constituées de briques de terre séchées au soleil et de poteaux de support en bois. Plusieurs générations vivent généralement sous le même toit.

À quelques kilomètres de là, dans le village défavorisé de Kashkak, la scène de désolation était similaire, avec une destruction totale. Amir Hussain, un bénévole sauveteur, raconte : « Nous avons récupéré plusieurs corps des décombres, dont trois étaient des tout-petits. J’ai passé la nuit à fouiller les ruines avec l’espoir de trouver des survivants. » « Ils venaient juste de rentrer de l’école. L’un est mort dans la rue, les deux autres dans leur maison », ajoute-t-il. Dans ce village, « on nous dit que le bilan atteint les 170 morts », explique Maula Dad, un autre sauveteur bénévole.

Les taliban, qui ont repris le pouvoir en août 2021, vont être confrontés à un défi logistique majeur : reloger les habitants à l’approche de l’hiver.

Des villageois et volontaires continuent, ce lundi, à déblayer les décombres des habitations détruites. « Les gens essaient de chercher et de sortir leur famille des débris », a déclaré à la presse le porte-parole du ministère de la Gestion des catastrophes, le mollah Janan Sayeq, en décrivant une « situation très mauvaise ».

Des volontaires munis de pioches et pelles se sont activés pour tenter de sauver de potentiels survivants des décombres. « Plein de gens sont venus de districts éloignés pour sortir les gens des décombres », observe Khalid, 32 ans, au village de Kashkak, dans le district rural de Zinda Jan. «Tout le monde cherche des corps, et nous ne savons pas s’il en reste sous les décombres », souligne Khalid.

Ce lundi, des camions chargés de provisions telles que de la nourriture, de l’eau et des couvertures ont atteint les villages isolés situés à environ 30 kilomètres au Nord-Ouest de la ville de Hérat. Les équipes du Programme alimentaire mondial (PAM) basées à Hérat ont entamé la distribution de biscuits à haute teneur énergétique à 700 familles touchées dans les villages de Seya Aab, Koshak et Karnil. Un grand nombre de ces familles ont perdu leur maison ainsi que tous leurs biens.

Dans les prochains jours, d’autres formes d’assistance seront mises en place, notamment des abris d’urgence, des kits d’hygiène, des seaux d’eau, des jerrycans, du chlore, du savon et le transport d’eau par camion, ainsi qu’un soutien et une aide psychologique. Le Programme alimentaire mondial (PAM) se prépare également à fournir de l’argent liquide à 70 000 personnes touchées par le séisme pour l’achat de nourriture, et il a déjà préparé des colis alimentaires pour 20 000 personnes, selon un communiqué de l’ONU.

Outre les défis liés à l’accès difficile aux villages touchés par le séisme en raison de leur isolement, les organisations humanitaires doivent également faire face à des relations complexes avec les autorités talibanes. Ces dernières ont, par exemple, émis des interdictions empêchant les femmes de travailler pour l’ONU et les ONG, ce qui rend compliquée l’évaluation des besoins des familles dans les régions les plus conservatrices du pays.

« Save the Children » a évoqué « une crise qui s’ajoute à une autre crise ». Selon son directeur pour le pays, Arshad Malik, « l’étendue des dégâts est terrifiante. Le nombre de personnes affectées par cette tragédie est vraiment bouleversant ».

Ce nouveau drame survient alors que l’Afghanistan souffre déjà d’une grave crise humanitaire, avec le retrait généralisé de l’aide étrangère depuis le retour au pouvoir des Taliban. La province d’Hérat, qui compte 1,9 million d’habitants selon les données de la Banque mondiale, est également frappée depuis des années par une sécheresse qui a paralysé de nombreuses communautés agricoles déjà en proie à d’innombrables difficultés.

L’Afghanistan subit fréquemment des séismes, en particulier dans la chaîne de montagnes de l’Hindou Kouch, proche du point de jonction entre les plaques tectoniques eurasienne et indienne. En juin 2022, un séisme de magnitude 5,9 avait fait plus d’un millier de morts et des dizaines de milliers de sans-abris, dans la province pauvre de Paktika (Sud-Est).

Didier Maréchal

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