Human Rights Watch accuse le Rwanda de commettre des meurtres et d’enlever des opposants à l’étranger

Mardi 10 octobre, « Human Rights Watch » a émis des accusations selon lesquelles les autorités rwandaises seraient responsables de meurtres, d’enlèvements et d’agressions contre des opposants vivant à l’étranger. (source : AFP).

L’ONG de défense des droits humains, « Human Rights Watch », qui s’est penchée sur des allégations depuis 2017, faisant état de meurtres, d’enlèvements et d’agressions, de la part du pouvoir rwandais, à l’étranger, a recueilli des témoignages de plus de 150 individus dans des pays tels que la France, l’Afrique du Sud et les États-Unis d’Amérique.

L’ONG a accusé, ce mardi 10 septembre, les autorités rwandaises d’être responsables de meurtres, passages à tabac et enlèvements de dissidents à l’étranger. Elle a également appelé la communauté internationale à lutter contre cette « répression extraterritoriale ».

Le Rwanda est dirigé d’une main de fer par Paul Kagame depuis la fin du génocide de 1994. Président de ce pays de la région des Grands Lacs depuis 2000, il a été reconduit au pouvoir – avec plus de 90 % des voix – lors des élections de 2003, 2010 et 2017. et a annoncé, fin septembre, sa candidature pour un quatrième mandat en 2024.

Le Front Patriotique Rwandais (FPR), le parti de Paul Kagame, a « répondu avec force et souvent de manière violente aux critiques, déployant une série de mesures pour lutter contre les opposants réels ou présumés », affirme HRW, qui a « documenté plus d’une dizaine de cas de meurtres, d’enlèvements et de tentatives d’enlèvement, de disparitions forcées et d’agressions physiques visant des Rwandais installés à l’étranger ».

Contactée par l’AFP, la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a démenti ces accusations, affirmant que HRW « continue de présenter une image déformée du Rwanda qui n’existe que dans leur imagination » et évoquant au contraire « la promotion des droits, du bien-être et de la dignité des Rwandais au cours des 29 dernières années ».

Depuis mai 2021, affirme HRW, « au moins trois Rwandais ont été tués ou ont disparu dans des circonstances suspectes, tandis que deux autres ont survécu à des tentatives d’enlèvement » au Mozambique, dont Seleman Masiya, décrit par un ami comme très critique du gouvernement rwandais. Cet homme d’affaires et footballeur, qui avait le statut de demandeur d’asile au Mozambique, a été tué à son domicile dans le Nord du pays en juillet 2022.

Seleman Masiya, qui a été poignardé à plusieurs reprises au visage et au cou, avait « fait l’objet de pressions afin qu’il travaille pour le gouvernement rwandais », selon HRW.

« Climat de peur »

Malgré les atteintes répétées aux droits Humains commises par les autorités rwandaises contre ces opposants, la communauté internationale « a détourné le regard quant à la portée et la gravité du bilan déplorable de ce pays en matière de droits humains », déplore l’ONG. Une indulgence que HRW explique notamment par l’implication du Rwanda dans des opérations de maintien de la paix en Afrique, comme en Centrafrique et au Mozambique, où Kigali est intervenu depuis 2021 pour lutter contre une insurrection armée jihadiste.

Human Rights Watch pointe également du doigt le rôle joué par des responsables des ambassades rwandaises ou des membres de « Rwandan Community Abroad » (RCA), un réseau international d’associations de la diaspora liées au ministère des Affaires étrangères dans la surveillance et des pressions exercées sur des demandeurs d’asile et des réfugiés.

Même dans les pays occidentaux, comme en Belgique, au Royaume-Uni et en France, Kigali a réussi à « créer un climat de peur parmi les populations réfugiées », souligne l’ONG. Les proches restés au Rwanda sont également la cible de détentions arbitraires et d’assassinats présumés « afin d’exercer des pressions sur les membres de leur famille à l’étranger pour qu’ils cessent leur activisme ».

Ces actes ont « violé un éventail de droits, notamment les droits à la vie (…), le droit de ne pas être soumis à la torture et le droit à un procès équitable », conclut l’ONG, demandant à la communauté internationale de lutter contre cette « répression extraterritoriale ».

Joseph Kouamé

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