Mardi 10 octobre, l’ONU a critiqué la répression « excessive » des manifestations précédant l’élection présidentielle de novembre à Madagascar, au moment où la campagne du président actuel, Andry Rajoelina, prend son envol. Les critiques de l’opposition malgache suggèrent que cela pourrait être un stratagème du gouvernement visant à favoriser le dirigeant en place. (Source : AFP).
Le président sortant de Madagascar, Andry Rajoelina a promis, ce mardi 10 octobre, « une vague orange » à la présidentielle prévue début novembre. Il a officiellement lancé, ce même jour, sa campagne devant plusieurs milliers de soutiens dans la capitale ,Antananarivo.
Le premier tour du scrutin, le 9 novembre prochain, sur la grande île de l’océan Indien se prépare dans un climat qui n’a cessé de se dégrader ces dernières semaines, l’opposition dénonçant une machination du pouvoir pour favoriser Andry Rajoelina.
Des rassemblements de l’opposition sont empêchés depuis plus d’une semaine, les forces de l’ordre faisant usage de gaz lacrymogènes sur les partisans du « collectif des onze », alliance de convenance des candidats qui s’opposeront individuellement au président sortant dans les urnes.
L’ONU a dénoncé, également ce mardi 10 octobre, la répression « inutile et disproportionnée » de plusieurs manifestations et s’est dit « préoccupée par la détérioration de la situation des droits humains à Madagascar à l’approche de l’élection présidentielle prévue dans un mois ».
Luxueuses voitures dans un quartier déshérité
En meeting, sur une scène dressée au milieu d’une pinède d’Akamasoa, dans la banlieue d’Antananarivo, Andry Rajoelina a déclaré : « Personne ne pourra nous ôter la victoire ». Le candidat s’est exprimé devant une foule mêlant partisans venus endimanchés à bord de luxueuses voitures et riverains du quartier déshérité vivant de ce qu’ils trouvent dans la décharge du coin.
Andry Rajoelina, 49 ans, a accédé au pouvoir en 2009 à la faveur d’une mutinerie chassant Marc Ravalomanana. Interdit de se présenter par la communauté internationale en 2013, craignant que sa candidature ne ravive la violence politique dans l’île, Andry Rajoelina avait finalement été élu en 2018.
Le mois dernier, dix candidats de l’opposition ont dénoncé « un coup d’État institutionnel » orchestré par le pouvoir. La Haute cour constitutionnelle a rejeté trois recours réclamant l’invalidation de la candidature d’Andry Rajoelina « pour défaut de nationalité malgache ». Fin juin, des informations de presse avaient révélé qu’il avait été naturalisé français en catimini en 2014. Selon le code de la nationalité malgache, il serait alors censé perdre sa nationalité malgache. Sans cette nationalité, il ne peut ni diriger le pays, ni être candidat à une élection.
La plus haute juridiction du pays a, dans la foulée, désigné un gouvernement d’intérim dirigé par le Premier ministre Christian Ntsay, proche d’Andry Rajoelina. Conformément à la Constitution en période électorale, le président Rajoelina a cessé d’exercer le pouvoir un mois avant le scrutin. L’intérim devait normalement être assuré par le président du Sénat Herimanana Razafimahefa.
Le candidat Andry Raobelina, blessé au visage par un éclat de grenade lacrymogène lors d’un rassemblement de l’opposition la semaine dernière, a par ailleurs déposé une demande de report du scrutin pour « cas de force majeure », a déclaré à l’AFP le président de son parti, Hajo Andrianainarivelo.
L’Union européenne, les États-Unis d’Amérique et des pays comme le Royaume-Uni et la France ont affirmé, quant à eux, suivre le processus électoral avec « grande vigilance ».
Didier Maréchal