Attaque à Arras: fiche S, projet d’attentat… La famille Mogouchkov bien connue des renseignements!

Bien que l’agresseur ait fait l’objet d’une surveillance par les services de renseignement et qu’il soit fiché S depuis le 2 octobre, son grand frère a été condamné pour son implication dans une association de malfaiteurs terroristes. (Avec BFMTV).

Quelques heures après l’attaque au couteau qui a tragiquement coûté la vie à une personne et blessé plusieurs autres, ce vendredi 13 octobre au matin, au lycée Gambetta d’Arras (Pas-de-Calais), des détails émergent sur le passé de l’agresseur. Cependant, le jeune homme, qui a été appréhendé par les forces de l’ordre, n’était pas le seul membre de sa famille à être surveillé par les services de renseignement.

L’individu qui a crié « Allahou Akbar » avant de commettre l’assassinat est un jeune homme de 20 ans, d’origine tchétchène et né en Russie. Il était un ancien élève de l’établissement scolaire. Il était sous la surveillance de la DGSI depuis cet été, initialement inscrit au Fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) avant d’être fiché S pour radicalisation le 2 octobre dernier, selon les informations de BFMTV.

Arrivé en France en 2008 avec sa famille à l’âge de 6 ans, ce jeune homme n’a jamais obtenu la nationalité française. Le 25 mars 2021, sa demande d’asile a été rejetée par l’Ofpra, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides. Son recours, soumis par la suite, a également été rejeté en août 2022. Cependant, en vertu d’une protection absolue contre l’éloignement en raison de son arrivée en France avant l’âge de 13 ans, il ne pouvait pas être expulsé du territoire français.

Il était sous surveillance des services de renseignement depuis une dizaine de jours, grâce à des écoutes téléphoniques et des surveillances physiques. Malgré cela, aucune indication ne laissait présager qu’il passerait à l’acte, selon nos informations.

Jeudi, le jeune homme avait été soumis à un contrôle, puis relâché, car aucune infraction n’avait pu lui être imputée. Selon les premiers éléments de l’enquête, son profil ressemble à celui d’un individu radicalisé qui a pris soudainement la décision de passer à l’acte. Son petit frère, plus jeune, a également été appréhendé ce vendredi matin à proximité d’un autre lycée d’Arras.

Son frère aîné est également un individu bien connu des services de renseignement. Il a été condamné cette année à une peine de cinq ans de prison ferme pour « association de malfaiteurs terroristes » et à 18 mois pour « apologie du terrorisme ». Actuellement, il est détenu à la prison de la Santé à Paris.

En 2019, la DGSI s’était penchée sur les activités d’un homme suspecté de préparer un projet d’attentat. Les forces de l’ordre avaient alors infiltré cette cellule et découvert qu’un trio était derrière le projet. Ces trois individus avaient l’intention de cibler les environs du palais de l’Élysée, les policiers en service, et éventuellement des civils sur l’avenue des Champs-Élysées. Ils avaient été appréhendés au moment où ils avaient réussi à se procurer des armes. L’enquête avait révélé qu’ils étaient en contact, via Telegram, avec le frère aîné de l’assaillant d’Arras, décrit par les services de renseignement comme un « jeune radicalisé particulièrement violent sur les réseaux sociaux ». Lors de son arrestation, il avait admis être au courant du projet d’attentat. Il avait également été poursuivi pour ses activités de propagande et ses intentions de rejoindre des zones de conflit.

Ce n’est pas tout. Lors de l’enquête, les policiers avaient découvert un incident survenu au lycée Gambetta d’Arras en décembre 2016. Au cours d’une leçon portant sur la liberté d’expression et spécifiquement sur les attentats de Charlie Hebdo, l’individu avait déclaré que « l’attentat avait eu lieu parce qu’ils avaient insulté les musulmans. Ils ont insulté l’Islam en représentant le prophète, et les chiites ne sont pas de vrais musulmans. » Sur les réseaux sociaux, il avait proposé à une interlocutrice des « leçons sur l’égorgement en théorie et en pratique ».

Quelques années auparavant, en 2013, la famille avait soumis une première demande d’asile qui avait été rejetée. L’année suivante, en 2014, alors qu’elle résidait à Rennes (Ille-et-Vilaine) à l’époque, la famille avait été visée par une tentative d’expulsion en direction de la Russie. Toutefois, suite à la mobilisation de plusieurs associations de gauche et les céllule locales du parti communiste et du front de gauche, faisant dans le pseudo-humanisme qu’est la pitié, cette expulsion avait été annulée.

Capture d’écran du communiqué de soutien à la famille Mogouchkov, de la cellule rennaise du parti communiste.

Ce vendredi, le parquet national antiterroriste (Pnat) a ouvert une enquête pour des chefs d’accusation comprenant l’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, la tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, et l’association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes portant atteinte aux personnes.

Les investigations ont été confiées à la sous-direction antiterroriste de la direction nationale de la police judiciaire (SDAT), service coordonnateur, à la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Didier Maréchal

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