Venezuela : Comment l’assouplissement des sanctions états-uniennes pourrait influencer la production pétrolière

Le 18 octobre dernier, les États-Unis d’Amérique ont annoncé un assouplissement partiel des sanctions visant le Venezuela, notamment en ce qui concerne les transactions impliquant le gaz et le pétrole.

Cependant, il est important de noter que cela représente plus un dégel des relations que la création d’une véritable entente entre Washington et Caracas, un changement qui s’inscrit dans un contexte mondial où les positions évoluent.

Un significatif assouplissement des sanctions pétrolières états-uniennes à l’encontre du Venezuela ne permettra pas une rapide augmentation de sa production, mais il pourrait contribuer à accroître les revenus en attirant des entreprises étrangères pour opérer sur ses champs pétroliers et en élargissant la base de clients qui paient en espèces, d’après les experts.

Le producteur sud-américain, membre de l’OPEP, a obtenu de larges dérogations des États-Unis d’Amérique, instaurant une période de six mois pour revitaliser les activités pétrolières et gazières qui avaient été fortement restreintes par les sanctions et des décennies de sous-investissement.

Une page se tourne pour Nicolas Maduro. « Aux États-Unis d’Amérique, je dis : tournons la page, reconstruisons une relation de respect et de coopération », a martelé le président vénézuélien après l’annonce de l’allègement des sanctions états-uniennes contre Caracas. Mais en réalité, depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, et surtout l’intrusion russe de l’Ukraine, des accords permettaient déjà au Venezuela d’exporter une petite partie de sa production de pétrole aux États-Unis d’Amérique, rappelle le chercheur Thomas Posado : « La guerre en Ukraine et la volonté des États-Unis de trouver un fournisseur qui remplace une partie du pétrole russe ont réellement changé la donne. »

Le Venezuela devra toutefois investir considérablement de temps pour restaurer ses capacités de production pétrolière à leur niveau d’avant 2015. Il est important de noter que le Venezuela possède les plus grandes réserves pétrolières prouvées au monde. Cependant, ses infrastructures pétrolières ont souffert en raison du manque d’investissement et d’entretien, tandis que de nombreux professionnels qualifiés ont quitté le pays en raison de la crise économique.

Pour le spécialiste Pierre Terzian, cela va surtout permettre au Venezuela de vendre son pétrole à meilleur prix : « Le Venezuela est obligé de vendre du pétrole à la Chine, parce qu’il a une dette énorme à éponger. Ça ne changera pas, ça continuera. En revanche, les rabais que les Vénézuéliens étaient obligés de pratiquer sur le marché international, parce que leur pétrole était frappé de sanctions, vont sans douter diminuer fortement, peut-être même disparaître. »

Les deux spécialistes n’imaginent pas pour autant de changement d’alliance géopolitique et stratégique, surtout pas à un an d’une présidentielle aux États-Unis d’Amérique et au Venezuela.

« Le Venezuela entre de nouveau et avec force sur le marché pétrolier et gazier » : pour Nicolas Maduro, c’est un retour gagnant. Mais le président vénézuélien le sait : celui-ci se fera « de manière progressive ». D’abord parce la remise en route de l’appareil de production prendra du temps, mais aussi parce que l’autorisation des États-Unis d’acheter du gaz et du pétrole n’est accordée que, dans un premier temps, pour une durée de six mois.

En révoquant les sanctions de l’ère Trump, les autorités états-uniennes ont émis des licences générales pour les secteurs pétrolier, gazier et minier du Venezuela en réponse à un accord entre le président vénézuélien Nicolas Maduro et l’opposition du pays concernant les élections présidentielles de 2024.

L’administration du président Joe Biden a cherché à stimuler les flux mondiaux de pétrole pour atténuer les prix élevés résultant des sanctions contre la Russie et des réductions de la production de l’OPEP. Cependant, les exportations globales du Venezuela sont peu susceptibles de compenser ces réductions mondiales en l’absence d’investissements durables, comme le soulignent les experts.

La licence pétrolière dispense les entreprises énergétiques du monde entier de l’obligation d’obtenir des licences individuelles ou des « lettres de confort » pour collaborer avec la société pétrolière publique PDVSA, comme l’a expliqué M. Monaldi. Cette licence pourrait permettre à PDVSA de rapidement retrouver sa place sur les marchés pétroliers traditionnels et de proposer son pétrole à des prix plus élevés, après avoir été contrainte à des réductions de prix pendant des années. De plus, cette licence pourrait alléger les difficultés de l’entreprise pour lever des capitaux, importer des plates-formes, réparer des raffineries, avancer dans des projets et établir des partenariats pertinents.

L’autre annonce concerne les transactions d’or. Elles aussi sont réautorisées, mais on ne sait pas encore pour combien de temps. Le Trésor états-unien explique qu’elles visent à « réduire les échanges d’or sur le marché noir ». Enfin, Washington permet également la reprise des échanges de titres de la dette vénézuélienne sur le marché secondaire. En d’autres termes : cela devrait entraîner un afflux de liquidités.

L’allègement des sanctions autorise la production, la vente et l’exportation de pétrole brut et de gaz vénézuéliens, tout en maintenant l’interdiction de commercer avec la Russie. Un haut fonctionnaire états-unien a déclaré que l’allègement ne modifierait pas les sanctions liées à l’Iran et au Venezuela.

Les États-Unis d’Amérique préviennent cependant : tous ces assouplissements peuvent être modifiés ou révoqués si le Venezuela ne respecte pas sa part du contrat. Certaines sanctions restent d’ailleurs en vigueur, notamment le gel des avoirs vénézuéliens.

Didier Maréchal

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