Le projet de loi LR, qui sera débattu en séance plénière lundi, vise à interdire l’utilisation de l’écriture inclusive « dans tous les cas où la législation exige un document en français.
» Le Sénat s’est attaqué à la question de l’écriture dite « inclusive », ce mercredi 25 octobre, en commission, en adoptant une proposition de loi visant à « préserver la langue française des pratiques de l’écriture dite inclusive. » L’examen de cette proposition en séance plénière lundi risque de raviver les désaccords.
Le projet de loi de la sénatrice du parti de droite tendance centriste « Les Républicains », Pascale Gruny, propose d’interdire l’utilisation de l’écriture inclusive « dans tous les cas où le législateur (et éventuellement le pouvoir réglementaire) exige un document en français. » Cela inclut des documents tels que les manuels d’utilisation, les contrats de travail, les règlements internes des entreprises, ainsi que les actes juridiques. Ces documents seraient alors considérés comme non conformes et invalides.
« J’aimerais bien que ça disparaisse », ajoute ce jeudi 26 octobre, sur le plateau des « Grandes Gueules », la sénatrice LR Pascale Gruny, à l’origine de la proposition de loi. « On est en train de détruire la langue française, avec aussi du ‘franglais’. L’écriture inclusive c’est illisible et ça perturbe les gens qui ont des difficultés à apprendre la langue et la maîtriser », ajoute-t-elle.
La sénatrice veut donc aller plus loin: « Le but c’est de l’interdire dans les contrats, les publications de la vie privée pour que cela ne s’utilise plus. Et je veux aussi que cela disparaisse de l’université comme à Sciences-po où c’est obligatoire », assure-t-elle surla station de radio « RMC » et « RMC Story ». « Que le masculin l’emporte sur le féminin, c’est simplement une règle de grammaire, cela ne veut pas dire que les hommes sont supérieurs aux femmes, c’est ridicule », ajoute Pascale Gruny.
En outre, les sénateurs ont également voté en faveur de l’interdiction des néologismes tels que « iel, » qui est une contraction de « il » et « elle, » ainsi que « celleux, » une contraction de « celles » et « ceux. » « C’est une pratique qui est justement contraire à l’inclusion », considère le rapporteur (rattaché LR) Cédric Vial. « Les plus impactés par son utilisation sont en effet les personnes en situation de handicap et d’illettrisme. C’est une contrainte supplémentaire. Pour inclure, il faut au contraire simplifier la langue ».
La proposition de loi sera examinée lundi soir dans l’hémicycle, avec de bonnes chances d’aboutir à une adoption compte tenu de la domination de la droite et du centre à la chambre haute. Il faudrait ensuite passer par l’Assemblée nationale pour que ce texte devienne une loi.
Selon une circulaire datant de 2017, l’écriture affirmée comme « inclusive » est définie comme une « pratique rédactionnelle et typographique visant à remplacer l’utilisation du masculin, lorsqu’il est employé de manière générique, par une écriture qui met en évidence l’existence d’une forme féminine, » tel que l’utilisation du point médian au sein des mots. Dans ce document, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe avait « encouragé » ses ministres, en particulier pour les textes destinés à être publiés au Journal officiel de la République française, à éviter l’usage de l’écriture dite inclusive. En 2021, une autre circulaire émise par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, avait interdit son utilisation à l’école.
Plusieurs parlementaires, y compris au sein de la majorité, ont déjà proposé des mesures en ce sens. Par exemple, le député François Jolivet (« Horizons », ancienne « LREM ») avait déposé, en 2021, une proposition de loi interdisant l’usage de l’écriture inclusive pour les personnes exerçant des missions de service public, bien que cette proposition n’ait jamais été inscrite à l’ordre du jour. Le 12 octobre dernier, le Rassemblement National avait présenté un projet similaire lors de sa « niche » parlementaire à l’Assemblée, mais il avait finalement été retiré alors qu’il se dirigeait vers un rejet.
Didier Maréchal