Après les défilés de la semaine de la mode de Paris, il reste du temps pour des visites des expositions temporaires ou permanentes sur la mode dans sa capitale mondiale, dont une au Palais Galliera que nous avons pu admirer.

Ici, au Palais Galliera, dix ans après sa rétrospective, Azzedine Alaïa (1935-2017) est une nouvelle fois à l’honneur avec une exposition présentant son impressionnante collection de plus de 20 000 pièces qu’il a amassées tout au long de sa carrière.

Alaia était non seulement un tailleur exceptionnel mais aussi un collectionneur passionné dont les pièces documentent l’histoire de la haute couture de la fin du 19e siècle à l’époque contemporaine en commençant en 1968 par l’acquisition de tissus et de vêtements la maison Balenciaga à l’occasion de la fermeture de la maison. C’est le début de sa collection et plus largement une prise de conscience radicale de la nécessité de préserver les patrimoines de mode.

L’exposition au Palais Galliera, qui présente 140 pièces exceptionnelles, est une occasion rare de découvrir la collection d’Alaïa, qui pendant plus de 50 ans, sans jamais la dévoiler aux yeux du monde, avait composé très probablement la plus importante collection privée de costumes et de mode. La constitution de sa collection s’appuie sur les maîtres de la couture dont il appréciait les techniques et la maîtrise de la coupe.

Parmi eux, Balenciaga, Vionnet, ou encore Grès, Courrèges – créateurs et créatrices desquels il se voulait l’héritier. Mais sa collection s’appuie également sur des rencontres, des visites de musées, d’expositions, ou des révélations qui portèrent à sa connaissance de nouveaux noms. Les couturiers, y compris ceux oubliés du grand public, ont devenu son obsession, objets de convoitise pour lesquels il se donnait les moyens sans compter. De ventes aux enchères en ventes privées, il emportait souvent la mise face aux autres acheteurs, y compris les musées, et la densité de sa collection atteint rapidement des frontières que seule la déraison du collectionneur puisse justifier.

Les points forts de l’exposition incluent l’évolution de la mode depuis la naissance de la Haute Couture à la fin du 19e siècle jusqu’aux créateurs contemporains tels que Jean Paul Gaultier, Comme des Garçons, Alexander McQueen, Thierry Mugler et Yohji Yamamoto. Elle célèbre également les créateurs emblématiques Worth, Jeanne Lanvin, Jean Patou, Madame Grès, Paul Poiret, Gabrielle Chanel, Madeleine Vionnet, Elsa Schiaparelli et Christian Dior, le dernier chez qui Alaîa avait debuté sa carrière en 1956.

Une des pièces phares de l’exposition est une veste nuit de la collection Astrologie de Schiaparelli datant 1938 d’une valeur de 215 000 $.

Une belle exposition à ne pas manquer à visiter avant 21 janvier 2024 qui est une histoire croisée de la constitution de collection privée exceptionnelle et de propre parcours de ses créations, mais aussi de la Sa Majesté de la Mode qu’Azzedine Alaïa, en tant que couturier-collectionneur, a cherché à faire vivre.

Merci, Monsieur Alaîa !

Bayan Jean

Photos et vidéo : Bayan Jean & Christian Estevez