L’ONG « Human Rights Watch » a critiqué sévèrement les mauvais traitements infligés aux femmes détenues dans les prisons japonaises, en particulier durant la période de grossesse et jusqu’à l’accouchement. Environ 4 000 femmes se trouvent dans des établissements surpeuplés où la discipline est brutale et les droits sont largement absents.
D’après « Human Rights Watch », les détenues sur le point d’accoucher sont menottées lors de leur transfert vers l’hôpital le plus proche, et cette contrainte persiste souvent jusqu’à l’entrée et la sortie de la salle d’accouchement. L’administration pénitentiaire omet fréquemment d’informer ces femmes de leur droit potentiel à garder leur bébé jusqu’à douze mois après la naissance. Sur 184 femmes ayant accouché en détention entre 2011 et 2017, seules trois ont été autorisées à rester avec leur enfant.
Selon onze avocats et experts en droit pénal japonais, cette séparation à la naissance, critiquée vivement par l’ONG, a des conséquences traumatiques. Elle impacte négativement la santé de la mère et du nouveau-né, perturbe l’allaitement maternel et entrave la création du lien parent-enfant.
La majorité des 4 000 femmes détenues (représentant moins de 9 % de la population carcérale du pays) ont été condamnées pour des infractions liées au vol et à la drogue. Ces femmes sont incarcérées pour des délits, principalement parce que le Code pénal ne propose pas d’alternatives à la peine de prison.
Dans les prisons japonaises, un silence pesant et une discipline militaire sont de rigueur. L’administration carcérale détient un pouvoir discrétionnaire. L’ONG continue de critiquer la pratique de l’isolement prolongé des détenues ainsi que les traitements infligés aux détenus dits « transgenres ».
En 1998, un rapport du Comite des droits de l’homme des Nations Unies dénonçait déjà « les atteintes aux droits fondamentaux des prisonniers » dans les prisons japonaises. L’humanisation du système carcéral se fait attendre.
Didier Maréchal