Le 13 novembre dernier, à Los Angeles, Christopher Nolan et son équipe ont assisté à une projection spéciale d’Oppenheimer, son dernier film qui a rencontré un franc succès en salles cet été. Lors de cet événement dédié au « making-of » du film, le cinéaste a abordé la question de la distribution des œuvres en format physique, critiquant ouvertement les services de flux numérique (« streaming »).
Le cinéaste Christopher Nolan, récemment à la tête du film biographique sur le « père de la bombe atomique », Oppenheimer, incite les spectateurs à s’unir contre les plateformes de flux numérique (« sstreaming », – ndlr).
Avec « Oppenheimer », le dernier film à gros budget de Christopher Nolan mettant en vedette Cillian Murphy, Emily Blunt et Matt Damon, le célèbre réalisateur a une fois de plus brillé. Acclamé par les critiques, ce film retraçant la genèse du projet Manhattan aux États-Unis d’Amérique – visant à créer une bombe atomique pendant la Seconde Guerre mondiale – est déjà en lice pour les prochains Oscars. Pendant que l’on attend de savoir si cette adaptation du livre de Robert Oppenheimer remportera le prix du meilleur film de l’année, Christopher Nolan, le cerveau derrière des films tels qu’ « Interstellar », « Inception » ou « Tenet », est préoccupé par d’autres enjeux. Le 13 novembre dernier, lors d’une projection du making-of du film, qui a cumulé 900 millions de dollars de recettes mondiales, le réalisateur britannique âgé de 53 ans a critiqué les plateformes de flux numérique (« streaming »), spécifiquement la tendance à la dématérialisation des œuvres.
Au cours de la diffusion de « The Story of our Time: The Making of Oppenheimer », Christopher Nolan a saisi l’occasion pour souligner l’importance d’acquérir la version Blu-ray de son film tout en critiquant les plateformes de streaming. Le cinéaste britannique a expliqué qu’il s’apprêtait à « sortir une version de ce film que vous pourrez regarder à la maison ». Une question importante pour lui car Oppenheimer « a été une véritable aventure » et un film sur lequel il a travaillé très dur pendant plusieurs mois. Il a rappelé son amour pour les salles de cinéma mais il attache un réel intérêt sur « les conditions dans lesquelles le film va sortir sur les écrans domestiques » qui « sont toutes aussi importantes » que l’exploitation en salles. Et de poursuivre : »The Dark Knight a été l’un des premiers films que nous avons formaté pour le format Blu-ray parce que c’était un format récent à l’époque. Pour « Oppenheimer », nous avons accordé beaucoup d’attention à la version Blu-ray … à tenter de traduire la photographie, le son et en adaptant tout ça au domaine numérique avec une version que vous pouvez acheter et posséder, poser sur une étagère sans qu’aucun service de streaming maléfique ne puisse venir vous voler ».
Lors d’un entretien accordé au « Washington Post », Christopher Nolan est revenu sur cette déclaration en précisant que c’était une blague mais souligne qu’il existe un réel danger pour les productions qui ne sont proposées que sur les plateformes de flux numérique :
« Il y a un risque de nos jours que si les éléments n’existent qu’en version streaming, ils soient supprimés. Ils vont et viennent. La version physique peut toujours être là afin que les gens puissent toujours y accéder. Depuis les années 1980, en tant que cinéastes nous tenons cela pour acquis, et maintenant nous devons nous assurer qu’il existe un moyen pour que cela perdure ».
Bien entendu, le réalisateur ne remet pas en cause la façon dont le public consomme les films actuellement. Pour lui, « la culture du cinéma prospère grâce aux innovations » mais il insiste sur « l’accessibilité de votre travail » qui doit être protégé : « Le danger dont je parle c’est que le film d’un cinéaste puisse disparaître un jour du streaming et ne revienne peut-être pas ou ne revienne que sur une courte durée. C’est quelque chose qui mérite d’être souligné car ça devra être corrigé mais je suis très confiant que ça sera le cas. »
Ce n’est pas la première fois que le réalisateur de la trilogie « The Dark Knight » exprime sa désapprobation envers les plateformes de flux numérique. En 2020, il avait vivement critiqué la Warner après que son film « Tenet » soit sorti à la fois en salles et en flux numérique, une décision prise par le studio en raison de la pandémie de Covid-19. Pour Nolan, cette décision était incompréhensible. Par la suite, il avait quitté la Warner pour s’associer à Universal dans la production d’ « Oppenheimer ».
Ces derniers mois, la question de la suppression de contenus des catalogues des plateformes a fait l’objet d’une attention régulière dans l’actualité. Pour l’instant, « Oppenheimer » devrait être diffusé sur Peacock aux États-Unis d’Amérique, mais aucune date officielle n’a été communiquée. Cependant, la sortie en DVD et Blu-ray du film est effective depuis le 22 novembre dernier. Selon Nolan, cette version pourrait offrir une qualité exceptionnelle.
Maxime Kouadio