EUA : un grand nombre de pilotes de ligne choisissent de dissimuler leurs problèmes de santé mentale afin d’éviter d’être mis à terre!

Aux États-Unis d’Amérique, beaucoup de pilotes évitent de révéler l’état de leur santé mentale par peur d’être mis à terre et de faire face à des problèmes financiers, selon le média « Skift ».

Depuis le tragique accident de Germanwings en 2015, l’Europe a mis en place des mesures pour améliorer la santé mentale des pilotes de ligne. Cependant, de l’autre côté de l’Atlantique, ce sujet refait régulièrement surface, surtout depuis l’incident d’octobre 2023 chez Alaska Airlines, où un pilote hors service a tenté d’éteindre les moteurs en plein vol. Selon le site états-unien « Skift », les pilotes souffrant de dépression se trouvent confrontés à ce qu’ils considèrent comme un dilemme difficile : divulguer leur état, passer par des évaluations prolongées et risquer d’être mis à terre, ou ne rien faire et gérer une crise de santé mentale tout en mettant en péril la sécurité des autres.

C’est alarmant. D’après l’inspecteur général du ministère des Transports des États-Unis d’Amérique, la « Federal Aviation Administration » (FAA) est très limitée dans sa capacité à minimiser les risques pour la sécurité en raison de la forte réticence des pilotes à signaler leur état psychologique ou psychique. Parmi les facteurs qui incitent les pilotes à entretenir le silence, détaille le ministère, figurent notamment « la stigmatisation liée à la santé mentale, l’impact potentiel sur la carrière » ainsi que « la crainte des difficultés financières ».

De plus, bien que la plupart des commandants de bord bénéficient d’une couverture financière en cas d’immobilisation au sol relative à des problèmes de santé, le montant des prestations varie fortement selon les compagnies aériennes. Le média spécialisé en voyage souligne en effet que ces coups de pouce financiers peuvent s’élever à zéro comme à la totalité de la carrière de l’individu.

Pour donner un ordre d’idée du mutisme des pilotes lié à leur hygiène mentale, en juillet dernier, les autorités fédérales ont mené une enquête sur près de 5 000 pilotes de ligne soupçonnés d’avoir falsifié leurs dossiers médicaux faisant foi de leurs troubles mentaux et « autres affections graves », rapportait le « Washington Post ». Résultat, toujours selon la même source, 60 pilotes se sont vus dans l’obligation de cesser en urgence toute navigation aérienne.

À l’heure actuelle, peu de mesures concrètes sont prises par la FAA, si ce n’est l’expression d’une volonté de procéder à un « rafraîchissement » du processus de suivi, d’après les déclarations de l’administrateur de l’organisme.

« Nous allons certainement nous concentrer sur la sécurité dans le cockpit, mais je pense que nous avons besoin d’un système qui permette aux gens d’être plus ouverts et de traiter les problèmes qui ne devraient pas vous empêcher de quitter le cockpit », a-t-il annoncé.

Comme le raconte « Skift », l’ensemble de la profession semble s’accorder pour dire que le système de la FAA est défaillant et qu’il est désormais plus que nécessaire de se focaliser sur les obstacles qui empêchent les pilotes de divulguer leur état de santé mentale.

Il n’en reste pas moins que ces problèmes de santé mentale, non seulement chez les pilotes de ligne, mais, de manière générale, dans l’espèce humaine, sont en augmentation au fil des années, particulièrement depuis ces vingt dernières années, et que cela s’accélère de plus en plus rapidement dans le temps. Le « problème source » est donc, plutôt, à chercher dans le mode de vie de l’Humanité actuelle, que dans la gestion des troubles et maladies mentales croissantes. De quoi méditer sur les valeurs et les modes de vies de notre espèce humaine pour s’assurer qu’elle est encore un futur qui puisse aller au-delà du prochain siècle.

Joseph Kouamé & Christian Estevez

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