Le jour de la diffusion de « Complément d’enquête » consacré à Gérard Depardieu, la comédienne de 60 ans, Emmanuelle Debever, s’est suicidée en se jetant dans la scène. Elle avait été la première à parler les comportements de l’acteur envers les femmes sur les plateaux de tournage.
La comédienne Emmanuelle Debever, révélée dans la série des années 1980 « Joëlle Mazart », la suite de « Pause café », puis dans « Un jeu brutal » de Jean-Claude Brisseau, est décédée le 7 décembre dernier, nous apprend l’INA sur « X ». Selon le compte Instagram de la journaliste Camille Nevers de « Libération », elle se serait jetée dans la Seine.. Le même jour où était diffusé l’émission « Complément d’enquête : La chute de l’ogre » sur l’acteur Gerard Depardieu, accusé de viols et d’agressions sexuelles.
En 2019, sur Facebook et dans un grand silence médiatique, elle avait dénoncé le comportement de Gérard Depardieu sur le plateau de « Danton » d’Andrzej Wajda (1983) où elle interprétait sa très jeune épouse Louison Danton : “Le monstre sacré s’était permis bien des choses durant ce tournage… Profitant de l’intimité à l’intérieur d’un carrosse. Glissant sa grosse patte sous mes jupons, pour soi-disant mieux me sentir… Moi, ne me laissant pas faire […].”
L’actrice était alors âgée de 19 ans. En 1983, elle tournait dans cinq longs-métrages, dont « Danton », mais mettra fin à sa carrière au cinéma l’année d’après, en 1984.
En 2019, lorsque Emmanuelle Debever a brisé le silence pour « dénoncer » le comportement de Gérard Depardieu, seule Charlotte Arnould s’était engagée dans une bataille judiciaire contre l’acteur, toujours l’une des figures les plus célèbres du cinéma français. Elle l’avait accusé de deux viols et d’agressions sexuelles supposément survenus entre le 7 et le 13 août 2018, dans la résidence parisienne de l’acteur, avant de déposer plainte le 28 août. Cependant, le parquet de Paris a clos l’affaire le 4 juin 2019. C’est le jour suivant cette décision qu’Emmanuelle Debever a partagé son témoignage sur Facebook.
Le suicide de l’actrice, âgée de 60 ans, coïncide exactement avec la diffusion de l’émission « Complément d’enquête » sur Gérard Depardieu le 7 décembre dernier. Dans ce documentaire, l’acteur, malgré ses démentis face aux accusations, profère des propos graveleux et grossiers que notre époque, dirigé par le féminisme qualifie de « misogynes et insultants envers des femmes ».
Parallèlement à cette diffusion, une deuxième plainte pour agression sexuelle a été déposée contre lui par la comédienne Hélène Darras, pour des faits datant a priori de 2007, sur le plateau de tournage du film « Disco » de Fabien Onteniente, bien que ces faits semblent prescrits.
Prise de distance envers l’acteur
Une quinzaine de femmes ont accusé Gérard Depardieu de violences sexuelles. Lors de la diffusion de « Complément d’enquête » sur France 2, jeudi dernier, l’icône du cinéma français a montré des comportements inquiétants, avec des remarques « sexistes » et des gestes inappropriés, allant même jusqu’à acculer son interprète en Corée du Nord contre un mur.
Ces images ont, forcément, choqué du fait du fort puritanisme et de la bigoterie qui règnent à nouveau, à présent. Elles auraient « perturbé » le monde du cinéma qui, franchement, voit et, surtout, fait bien pire, toujours à l’heure actuelle. Depuis les accusations de viol en 2018 par la comédienne Charlotte Arnould, Gérard Depardieu est-il persona non grata ? Certains individus ont vivement réagi. Par exemple, le réalisateur Fabien Onteniente, interrogé par France Info vendredi, a condamné ces comportements « inadmissibles » qu’il est impossible d’ignorer.
Le réalisateur du film « Disco », où la comédienne Hélène Darras affirme avoir été agressée sexuellement par Depardieu, a déclaré qu’il ne travaillerait plus avec lui. De plus, le responsable du cinéma et du développement international de France Télévisions a suspendu la diffusion des films mettant en vedette l’acteur. « Il ne faut pas qu’on célèbre Gérard Depardieu. Ce n’est juste pas possible », a expliqué Manuel Alduy, sur France 2, dans la plus pure pratique woke dont la chaîne française de télévision est coutumière depuis des années, participant largement à la propagation de cette idéologie fasciste et fanatique.
Sont entrés dans le bal des faux-culs, l’animatrice de « France Télévision », Faustine Bollaert, a qualifié son comportement « d’insupportable » sur le réseau social X tandis que Justine Becattini (Juju Fitcats qui anime « La France a un incroyable talent ») a expliqué avoir eu « envie de vomir ».
La majorité des stars restent toutefois silencieuses. Interrogée sur BFMTV jeudi, l’actrice-réalisatrice Ariane Labed a estimé que « Gérard Depardieu se comporte aussi comme ça parce qu’il est dans un système qui le permet ». « Si des gens se taisent autour de lui, il peut se permettre toutes ces choses », conclut-elle. A l’inverse, des actrices de haute stature comme Catherine Deneuve et Nathalie Baye, défendent Gérard Depardieu. Nathalie Baye ayant même déclaré, au début de cette semaine, sur un plateau télé, qu’elle « n’a jamais eu de problèmes sur les tournages avec lui ».
Quoi qu’il en soit, reste à connaître les circonstances exactes de la mort de l’actrice Emmanuelle Debever, et, surtout, les motivations de son suicide, le 7 décembre dernier. Mais, déjà, il est évident que, dans la société française actuelle, le suicide de l’actrice sera considérée comment étant la faute à Gérard Depardieu – ce qui assure, quasiment, que celui-ci sera banni du cinéma français jusqu’à la fin de sa vie, lui qui a 74 ans.
Christian Estevez & Maxime Kouadio