Noël tient une place significative en Amérique latine, une région où 88 % de la population adhère à la foi chrétienne, d’après une étude de « Pew Research » de 2014. Cependant, un des pays de cette partie du monde ne fête pas noël. Il s’agit de l’Uruguay, le pays respectant le mieux la Laïcité de tous les pays qui affirment la pratiquer – et en tout premier lieu de la France, qui s’en dit la Championne, alors que c’est loin d’être le cas.
L’Amérique latine est une région du monde qui compte près de 40 % de la population catholique mondiale. La présence religieuse est particulièrement marquée dans des nations telles que le Paraguay, où moins de 1 % de la population se déclare non croyante.
La fête de Noël en Uruguay n’existe pas.
Cependant, malgré cette forte présence religieuse, l’Uruguay se distingue en tant que l’un des rares pays au monde à ne pas célébrer Noël. Dans ce pays d’Amérique du Sud, cette fête est devenue laïque et, depuis 1919, elle est officiellement appelée « Journée de la famille ». Cette tradition dure depuis plus d’un siècle en Uruguay, témoignant de son profond enracinement !
Le processus a débuté en 1861, comme l’explique un journaliste de « CNN », avec le transfert de la gestion des cimetières des mains de l’Église à celles de l’État. Ensuite, en 1885, le mariage civil a été rendu obligatoire avant les unions religieuses. En 1907, les discours d’investiture des parlementaires ont été dépourvus de références à Dieu et à tout symbole religieux.
Divorces
Toujours en 1907, l’Uruguay est devenu l’un des premiers pays de la région à légaliser le divorce. Deux ans après, l’une des décisions majeures a été prise, consistant à supprimer l’enseignement de la religion dans les écoles publiques.
Enfin, en 1917, l’Uruguay a adopté une constitution consacrant la séparation de l’Église et de l’État. Deux ans plus tard, le nom de Noël a été modifié.
Cependant, ce changement n’a pas eu un grand impact sur la population. Selon le rapport de « Pew, l’Uruguay » est le pays le moins religieux de la région, avec 37 % de sa population déclarant ne pas avoir de religion.
Les autres fêtes ont aussi subit des modifications
Cependant, Noël n’est pas l’unique célébration ayant été « effacée » du pays depuis la séparation de l’Église et de l’État inscrite dans la Constitution. Toutes les festivités religieuses ont des appellations distinctes en Uruguay.
La Journée des enfants, la Semaine des plages ou du tourisme
L’Épiphanie ou jour des Rois mages est devenu le « jour des enfants », la fête de la Vierge est devenue le « jour de la plage » et la semaine de Pâques est devenue la « semaine du tourisme ».
Malgré ce changement, et à l’exception des crèches publiques qui ont disparu, certaines rues uruguayennes ne sont pas très différentes de celles des autres pays de la région à cette période de l’année.
Des décorations de Noël malgré tout
Selon le journal « El País », de nombreuses rues, places et lieux publics d’Uruguay sont ornés de sapins et de guirlandes lumineuses. Cette situation pourrait faire croire à un contraste avec la décision officielle prise en 1919. Mais, tout au contraire, l’Uruguay a su garder « l’esprit » de cette fête si particulier et qui la rend attachante au pays que, partout dans le monde, y compris les pays d’autres religions, elle soit pratiquée, gardant tout le folklore qui y est rattaché et qui est originellement extérieur à la tradition chrétienne. En effet, le sapin, les bougies, lumières de toutes sortes, le gui et le houx, sont tous des éléments des croyances dites « païennes », venant des cultes scandinaves, allemand et même de l’empire romain (la crèche hors des édifices religieux étant, elle-même, une invention commerciale du libéralisme britannique apparu au début des années 1870 – jusqu’à cette époque, nulle part dans « le monde chrétien », n’existait la pratique de l’installation de crèches dans les foyers, les bâtiments publics, les places et rues des villes, lieux publics par essence, ce qui rend le discours, en France, pays soi-disant de la Laïcité, affirmant que les crèches doivent pouvoir être installées dans les mairies, et tout autre édifices public – d’Etat ou non -, au nom de la « tradition chrétienne ancestrale » totalement imbécile étant, particulièrement la preuve de la profonde ignorance, sur ce sujet, de ceux qui affirment cette pseudo tradition culturelle, irrémédiablement flagrante.
Actuellement, l’Uruguay compte 42% de Catholiques, 15% de Protestants, et tout de même 37% d’athées ou agnostiques. Ce qui constitue un pourcentage de chrétiens bien supérieur à un pays comme la France où, fait marquant en cette année 2023, il y a, à présent, plus de musulmans que de chrétiens, pour la première fois de l’histoire du pays.
Le nombrilisme français inné, fait affirmer à la majeure partie de sa population, le fait d’être l’Etat laïc par excellence, et de s’enorgueillir, alors que, la majeure partie des citoyens se disant défendre la Laïcité sont incapables de la respecter, prétextant toujours « la tradition culturelle » comme devant être plus respectée que la loi française (et tout en reconnaissant que la Laïcité est, elle aussi, une tradition culturelle française), L’exemple de l’Uruguay est donc essentiel à lui faire connaître pour rabaisser l’égocentrisme chauvin français, particulièrement dans le but de lui faire réfléchir sur son biais totalement biaisé concernant le sujet de la tradition culturelle nationale et son respect de sa loi fondamentale qu’est la Laïcité (aucun Etat ne pouvant, par définition, se dire véritablement démocratique sans l’application de ladite Laïcité, qui, appliquée correctement, et bien la seule garantie de permettre à chacun d’avoir droit à ses convictions personnelles tout en protégeant la nation de tout risque de mainmise d’une ou plusieurs religions et/ou idéologies qui imposeraient, à tous, leurs conceptions spécifiques du « bien » et du « mal », et de leurs dogmes).
Une prise de conscience urgemment nécessaire en France où, lors d’un récent sondage, 78% des musulmans français ont déclarés considérer la Laïcité comme une pratique discriminatoire – en partie à raison, puisque les « français de souche » se disant défenseurs de cette Laïcité sont incapables de se l’appliquer à eux-mêmes alors qu’ils la rappellent à toutes les autres croyances, particulièrement à l’islam.
Christian Estevez & Joseph Kouamé