La Première ministre, Élisabeth Borne, a remis, ce lundi 8 janvier, sa démission et celle de son gouvernement au président Emmanuel Macron, qui l’a acceptée, a annoncé l’Élysée. (Sources : Reuters et AFP).
La Première ministre Élisabeth Borne a présenté, ce lundi 8 janvier, sa démission et celle de son gouvernement à Emmanuel Macron, a annoncé l’Élysée dans un communiqué.
Dans un message sur « X », Emmanuel Macron a remercié la cheffe du gouvernement « de tout cœur » pour son travail « exemplaire » au « service de la Nation ». Élisabeth Borne et son équipe assureront les affaires courantes jusqu’à la nomination du nouveau gouvernement – qui, pour l’instant, est à attendre d’ici ce mercredi 10 janvier, puisque, contrairement au conseil des ministres du mercredi 3 janvier, celui de ce mercredi 10 n’a pas été annulé.
« Alors qu’il me faut présenter la démission de mon gouvernement, je voulais vous dire combien j’ai été passionnée par cette mission, guidée par le souci constant, que nous partageons, d’aboutir à des résultats rapides et tangibles pour nos concitoyens », a écrit Élisabeth Borne dans sa lettre de démission, actant la « volonté » du chef de l’État de « nommer un nouveau Premier ministre ».
La Première ministre, qui s’est entretenue dans l’après-midi avec le président, à l’Élysée, était en poste depuis mai 2022. Son ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, est en pole position pour la remplacer, selon plusieurs sources au sein de l’exécutif.
Un gouvernement fragilisé
Discrète, parfois austère à l’excès, souvent une cigarette électronique à la bouche, l’ancienne préfète de 62 ans est la deuxième femme à avoir occuper ce poste, après Edith Cresson, nommée par François Mitterrand, du 15 mai 1991 au 2 avril 1992 . Elisabeth Borne y aura donc largement dépassé le mandat de sa prédécesseur (10 mois et 18 jours), restant, quant à elle, 1 an, 7 mois et 23 jours.
Mais cette femme réputée technocrate et sans affect, voire manquant d’empathie, a peiné à établir une connexion avec les Français et a connu des dissensions avec le président.
Privée de majorité absolue, elle aura été surtout plusieurs fois fragilisée rue de Varenne, où elle avait planté, à son arrivée, un chêne vert au feuillage persistant.
D’abord en déclenchant une vingtaine de 49.3 pour permettre l’adoption sans vote des textes budgétaires. Dans l’indifférence générale, à l’exception de la réforme des retraites, pour laquelle elle échappe à la censure à seulement neuf voix. S’en suit une feuille de route qu’elle observe à la lettre après des mésententes avec le président de la République qui s’agace mais finalement la maintient à son poste.
Sur la loi immigration, rejetée par l’Assemblée avant d’être adoptée avec le soutien de la droite et de la droite nationaliste, sa majorité se fracture et le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau démissionne.
« Combativité » et « opiniâtreté »
Au Ministère des Transports de 2017 à 2019, Elisabeth Borne a mené à son terme l’une des réformes emblématiques du quinquennat, celle de la SNCF, et porté la loi touffue sur les mobilités, avant de remplacer François de Rugy comme ministre de la Transition écologique et solidaire (2019-2020). Au ministère du Travail (2020-2022), en pleine pandémie de Covid-19, elle a géré la très contestée réforme de l’assurance chômage.
Élisabeth Borne a fait un court passage dans le privé, chargée des concessions du groupe « Eiffage » en 2007 avant de rejoindre la mairie de Paris comme directrice de l’urbanisme.
Pour son dernier déplacement hors de la métropole, en Guyane, où elle a réveillonné auprès des forces armées, elle a reçu un insigne qui récompense les militaires pour leur « combativité » et leur « opiniâtreté ». Tout un message.
Joseph Kouamé & Christian Estevez