Les choses se passent mal pour les ambitions lunaires états-uniennes

Une mission robotique ratée, et deux missions avec équipage reportées : les ambitions lunaires des Etats-Unis d’Amérique ont pris un coup dans l’aile mardi. (Source : AFP).

La start-up états-unienne « Astrobotic » a d’abord annoncé que son alunisseur, nommé « Peregrine » et qui expérimentait de graves problèmes en vol depuis son décollage lundi 8 janvier, n’avait désormais « aucune chance » d’atterrir en douceur sur la Lune comme prévu. Cette mission devait marquer le premier atterrissage d’un appareil états-unien sur la Lune depuis plus de 50 ans.

Quelques heures plus tard, mardi 9 janvier, la Nasa a, quant à elle, annoncé le report de près d’un an des deux prochaines missions de son grand programme de retour sur la Lune, « Artémis ». La mission « Artémis 2 », lors de laquelle un équipage de quatre astronautes doit faire le tour de la Lune sans y atterrir, est repoussée de fin 2024 à septembre 2025. Ce retard est dû à « davantage de vérifications de sécurité nécessaires », a expliqué la Nasa, notamment sur le bouclier thermique de la capsule dans laquelle l’équipage voyagera.

Artémis 3, qui doit elle renvoyer des astronautes sur la surface lunaire pour la première fois depuis la fin du programme « Apollo », est repoussée de fin 2025 à septembre 2026. Là, les retards de développement de deux éléments essentiels à la mission sont en cause : un alunisseur, commandé à « SpaceX », et des combinaisons spatiales confiées à « Axiom Space ».

L’alunisseur en particulier, qui doit être une version modifiée du vaisseau « Starship » développé par « SpaceX », est loin d’être prêt : « Starship » a volé deux fois en 2023, et a chaque fois, a explosé. Un nouveau test est attendu en février prochain.

Dépendance au secteur privé

Ces mauvaises nouvelles ne manqueront pas de questionner la nouvelle stratégie de la Nasa: en encourageant le développement d’une économie lunaire, elle souhaite pouvoir se reposer sur le secteur privé, et ainsi bénéficier de services pour moins cher qu’en se chargeant elle-même du développement. Mais cette tactique augmente aussi sa dépendance vis-à-vis de partenaires extérieurs.

La Nasa a passé contrat avec plusieurs entreprises, dont « Astrobotic », pour l’envoi d’expériences et de technologies sur la Lune — un programme baptisé « CLPS ». Le but est d’étudier l’environnement lunaire en vue du retour d’humains sur la surface.

Ces missions robotiques emportent certes les cargaisons d’autres clients privés, mais le financement de la Nasa est crucial. Le contrat de l’agence spatiale avec « Astrobotic » pour acheminer du matériel scientifique lors de cette première mission s’élevait à 108 millions de dollars. Son échec représente donc également un revers pour la Nasa.

A cause d’une « fuite » de carburant, « il n’y a, malheureusement, aucune chance d’atterrissage en douceur sur la Lune », a écrit, mardi 9 janvier au matin, Astrobotic, qui espérait devenir la première entreprise privée à réussir à se poser sur la Lune. La compagnie a toutefois dit vouloir continuer à opérer le véhicule dans l’espace le plus longtemps possible, afin de continuer à récolter des « données précieuses » pour sa prochaine tentative d’alunissage.

Une autre entreprise états-unienne sélectionnée par la Nasa pour son programme CLPS, « Intuitive Machines », tentera à son tour l’aventure très bientôt: elle doit décoller pour la Lune mi-février au plus tôt, avec une fusée de « SpaceX ».

Course mondiale

Toutes ces missions illustrent le regain d’intérêt pour la Lune, sur laquelle la Nasa veut établir une présence durable, afin de préparer le premier voyage d’un équipage vers Mars. Mais les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas les seuls à viser notre satellite naturel : la Chine ambitionne d’y envoyer des humains d’ici 2030, et d’y construire une base.

Malgré le report d’Artémis 3 à 2026, « je ne crois vraiment pas que la Chine atterrira (sur la Lune) avant nous », a estimé, ce mardi, Bill Nelson (ce qui, à la connaissance que l’on a de l’avancement des programmes spatiaux chinois couronnés de réussite est, soit un sentiment de supériorité mal placé, soit un discours de propagande, ou encore la volonté de rassurer les états-unien et les anti-chinois).

A ce jour, seules quatre nations — les Etats-Unis d’Amérique, l’Union Soviétique, la Chine et l’Inde — ont réussi à faire atterrir un appareil sur la Lune. Parmi elles, seuls les Etats-Unis d’Amérique y ont déjà envoyé des humains – ce que des centaines de millions d’humains ont toujours affirmé être faux et que toutes les précautions actuelles prises par la NASA et ses difficultés semblent faire penser que, s’ils y avaient vraiment été à l’époque, avec bien moins de connaissances, de technologie et de précautions, pourquoi ne font-ils pas aussi « simplement », maintenant qu’à l’époque?.

Ces dernières années, des compagnies privées israélienne et japonaise ont aussi tenté d’alunir, mais ces missions se sont soldées par des crashs.

Une mission de l’agence spatiale japonaise (Jaxa) doit également tenter d’alunir dans environ deux semaines.

Bruno Mariotti

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