Ce jeudi 11 janvier 2024, Laurence Badie, comédienne renommée pour ses rôles sur scène, à l’écran, à la télévision, et pour ses talents de doublage dans des dessins animés, nous a quittés à l’âge de 96 ans.
Figure de la télévision dans les années 1980, connue pour sa voix unique, Laurence Badie a également mené une longue carrière au théâtre et au cinéma. Elle est décédée ce jeudi 11 janvier « à l’âge de 96 ans en Bretagne », a déclaré Patrick Goavec, son agent, à l’ Agence France-Presse .
Doublage de dessins animés, jeux télévisés, répertoire classique, théâtre de boulevard ou encore cinéma, la comédienne et actrice avait le don de faire rire, avec un timbre de voix aigu et singulier.
Bien que son visage ne soit pas nécessairement connu de tous, des générations se rappellent de la voix distinctive qu’elle prêtait à Véra dans « Scooby-Doo ». En tant que doublure, Laurence Badie a prêté sa voix à de nombreux autres personnages de dessins animés tels que « Casper » le gentil fantôme et le chien « Rocky », du classique Dinsey « Rox et Roucky ». Elle a également marqué les heures de gloire de L’ « Académie des neuf », l’émission télévisée à succès du midi dans les années 1980, sous la houlette de Jean-Pierre Foucault. Au cours de sa longue carrière, elle a joué dans plus d’une centaine de films, séries et téléfilms, occupant souvent des rôles secondaires, parfois aux côtés de grands cinéastes, de Sacha Guitry à François Truffaut, en passant par Vincente Minelli, Alain Resnais et Vittorio De Sica.
De son nom complet Laurence Dolores Badie-Lopes, elle naît le 15 juin 1928 à Boulogne-Billancourt, près de Paris. Elle étudie un an à HEC mais préfère le théâtre. Et prend des cours avec le comédien Julien Bertheau.
Lors d’une audition, elle s’emmêle les pinceaux et lâche un « Oh merde », raconte l’AFP. « Il faut prendre celle qui a dit “merde” », tranche le metteur en scène, un certain Georges Wilson qui la fait entrer au TNP (Théâtre National Populaire – célèbre théâtre de Villeurbanne) de Jean Vilar, où elle reste près de dix ans. Avec déjà une prédilection pour les rôles comiques, poursuit l’agence de presse. « Les plus belles années de ma vie ! Là où j’ai tout appris, au contact des grands acteurs : Gérard Philipe, Philippe Noiret, Maria Casarès. »
Cinéma et théâtre de boulevard
Laurence Badie tourne aussi pour le cinéma, où elle est repérée dans « Jeux Interdits » (1952), de René Clément. On lui confie vite des rôles de soubrette, ajoute l’AFP. « Comme les gens manquent d’imagination, dès qu’il fallait jouer une petite bonne, j’étais engagée. J’en ai joué beaucoup.»
Laurence Badie est aussi l’une des rares Françaises à jouer avec un des monstres sacrés d’Hollywood, Kirk Douglas. Un petit rôle dans « La Vie passionnée de Vincent Van Gogh », mais la scène est finalement coupée au montage.
Le théâtre de boulevard sera l’univers de Laurence Badie pendant des décennies. Elle joue notamment dans des pièces de Sacha Guitry. Surtout, le public se presse pendant un an et demi pour la voir au côté de Louis de Funès dans « Oscar », mis en scène par Pierre Mondy.
« J’ai vite renoncé à être une grande vedette de cinéma », assurait-elle, toujours d’après l’AFP. Sans regret. « Je ne suis passée à côté de rien du tout. Pour moi, tout est écrit ! »
« Les gens me reconnaissent encore grâce à ma voix »
« Ma voix m’a beaucoup servie professionnellement. Moi je ne l’entends pas mais, souvent, les gens me reconnaissent encore grâce à elle, au téléphone ou dans le taxi. Il y a toujours beaucoup de sympathie. C’est fou mais c’est comme ça », confiait en 2017 au « Télégramme de Brest » celle qui se partageait alors entre Paris et le Finistère.
« Laurence Badie vient d’arriver au Paradis pour faire rire ceux qui s’y trouvent », a tweeté le présentateur de télévision Jean-Pierre Foucault.
Maxime Kouadio