Selon les informations de Mediapart, le lycée Stanislas, fréquenté par les enfants d’Amélie Oudéa-Castéra, privilégie l’admission de certains élèves dans ses classes préparatoires, contournant ainsi le système « Parcoursup ». Le fils aîné de la ministre de l’Éducation nationale aurait bénéficié de cette pratique.
D’après « Mediapart », le lycée Stanislas a été averti par le ministère de l’Enseignement supérieur au sujet de ses pratiques contournant la plateforme « Parcoursup », qui vise à organiser de manière équitable et transparente la compétition entre lycéens pour les formations post-bac. Parmi les 41 contournements identifiés par l’Inspection générale au printemps dernier, 38 seraient attribués à cet établissement privé catholique. Le fils de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale serait également concerné.
« Un buzz », a commenté le directeur du lycée Stanislas, Frédéric Gautier, le 21 janvier, sur « BFM TV » ainsi que sur les médias tels que « CNews » et « Europe 1 », en réponse à l’agitation suscitée par les nouvelles révélations de « Mediapart ». Ces révélations faisaient état d’un rappel à l’ordre du ministère de l’Enseignement supérieur concernant les pratiques de contournement de la plateforme « Parcoursup », dont l’établissement catholique privé serait coutumier. La défense du directeur mis en cause pourrait se résumer à cette formule triviale : « Circulez, il n’y a rien à voir.» Il admet toutefois l’existence d’un accord avec leurs meilleurs élèves, déclarant de manière éloquente : « Nous faisons affaire… » Il concède également : « S’il faut faire autrement, nous ferons autrement. »
Chaque jour apporte son lot de révélations édifiantes sur le « système Stanislas », mis en évidence par les explications déconcertantes de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, qui a inscrit ses enfants dans cet établissement. Alors que près de 600 000 lycéens, publics et privés, sont contraints chaque année de se plier à la procédure « Parcoursup », avec la boule au ventre, formulant une dizaine de vœux sans certitude d’en obtenir un seul, « Mediapart » révèle que le fils aîné d’Amélie Oudéa-Castéra, 17 ans et en classes préparatoires à Stanislas, a contourné cette étape grâce à des manœuvres internes à l’établissement.
Dans un courrier consulté par le site d’informations en ligne, le ministère de l’Enseignement supérieur a rappelé à l’ordre le lycée Stanislas pour ses pratiques visant à contourner le système, en violation de « l’égalité des chances » supposée prévaloir. Se basant sur les conclusions de l’inspection générale, qui a enquêté sur le lycée après plusieurs investigations journalistiques l’an dernier, le ministère a pointé des pratiques « contraires aux principes et aux règles » de « Parcoursup », censées « garantir la liberté d’accès, la transparence, la non-discrimination, l’égalité de traitement et l’équité de la procédure ».
En quoi consiste concrètement ce contournement ? Il se matérialise par un arrangement entre l’établissement et certains élèves de terminale aspirant à intégrer ses prestigieuses classes préparatoires. Ces élèves sont incités à ne formuler qu’un seul vœu sur la plateforme, garantissant ainsi qu’une place leur sera réservée, alors même que l’Éducation nationale conseille aux lycéens de diversifier leurs choix d’établissements.
Selon « Mediapart », les données extraites de la base nationale 2023 de « Parcoursup » auraient suscité l’inquiétude des inspecteurs. Au printemps dernier, parmi les 41 lycéens ayant pris le risque de ne formuler qu’un seul vœu, 38 proviendraient du lycée Stanislas, incluant le fils de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale.
Interrogée par « Mediapart », Amélie Oudéa-Castéra a fait savoir par son entourage que sa famille « a suivi […] chacune des étapes prévues par Parcoursup », et qu’elle a, « comme d’autres familles », « suivi la procédure prévue par Stanislas », qui aurait émis un « avis favorable » pour que son fils suive sa scolarité au sein de ses classes préparatoires. « Une manière de renvoyer la responsabilité vers l’établissement catholique », commente « Mediapart ».
Didier Maréchal