Le 29 janvier dernier, le président de l’Équateur, Daniel Noboa, a émis un décret ordonnant l’extradition de tous les détenus étrangers, dans un contexte de crise carcérale sévère exacerbée par l’influence croissante des narcotrafiquants. (Source ; AFP).
Le président de l’Equateur, Daniel Naboa, a ordonné à l’autorité pénitentiaire SNAI d’effectuer les procédures administratives nécessaires pour que les étrangers purgent leur peine «dans leur pays d’origine ou de nationalité», dans un décret signé ce lundi 29 janvier. Daniel Noboa a fait valoir que les prisons du pays ne disposent que de 30 200 places pour plus de 33 000 détenus. Un recensement réalisé en 2022 avait établi que plus de 10% des personnes détenues en Équateur étaient de nationalité étrangère (essentiellement ce que l’on nomme des « mules », c’est à dire des personnes qui transportent la drogue, presque toujours en l’ingérant ou en l’introduisant par le rectum – ndlr).
Quito a décrété l’état d’urgence le 8 janvier, et plus de 22 000 militaires et policiers ont été déployés après que l’évasion d’un chef de gang, Adolfo Macias, dit « Fito », eut provoqué une vague de violences criminelles sans précédent à travers le pays.
Les membres des 22 gangs criminels recensés dans le pays sont désormais considérés comme des « terroristes » et comme des cibles militaires.
Les bureaux d’un procureur ciblés par des tirs
Les gangs liés au trafic de drogue, impliquant en particulier des Colombiens et des Mexicains, se livrent une guerre sans merci jusque dans les prisons, où depuis le début de l’année au moins 20 personnes ont été tuées et où quelque 200 policiers et gardiens ont été pris en otages.
En outre, les bureaux du procureur de la ville portuaire de Manta, une plaque tournante de l’expédition de drogue à partir de l’Equateur, ont été, lundi, la cible de tirs, revendiqués par « Los Choneros », le gang de Fito.
L’attaque « n’a heureusement pas fait de victimes, mais seulement des dégâts matériels », a fait savoir le parquet sur « X », appelant les forces de l’ordre à « veiller à ce que la sécurité des personnes et des biens soit garantie ». Le ministère public a publié l’image d’un tract laissé devant le bâtiment, accompagné de la photo du chef de gang. « Ne touchez pas à la famille, elle est étrangère à tous mes problèmes », affirme ce document signé « Los Choneros ». « Nous allons continuer à attaquer les institutions publiques jusqu’à ce qu’elles laissent la famille tranquille », y est-il ajouté.
Il y a quinze jours, le procureur antimafia, César Suarez, a été tué par balle en plein jour dans le centre de Guayaquil (Sud-Ouest). Il avait demandé des informations sur l’épouse de Fito, Inda Penarrieta, extradée d’Argentine avec ses trois enfants le 19 janvier dernier.
Didier Maréchal