Des milliers d’Indiens postulent pour travailler en Israël

Depuis les événements du 7 octobre 2023 et la suspension des permis de travail des Palestiniens, Israël fait face à une carence de main-d’œuvre. D’importantes campagnes de recrutement sont désormais menées en Inde, où le taux de chômage reste élevé et l’économie impactée.

Après avoir parfois parcouru des centaines de kilomètres, des milliers d’Indiens âgés de 21 à 45 ans ont attendu des heures dans le froid devant les centres de recrutement de Rohtak, dans l’Haryana, du 17 au 21 janvier, puis à Lucknow, dans l’Uttar Pradesh, du 21 au 30 janvier. Ils espéraient décrocher un emploi en Israël, confronté à une pénurie de main-d’œuvre depuis les attaques sanglantes du 7 octobre 2023 menées par le groupe terroriste islamique Hamas.

Le 1er janvier, Gurmeet Kashyap, un maçon d’à peine 25 ans, a répondu à une annonce publiée sur un site du gouvernement de l’Haryana pour un emploi de plâtrier en Israël. Face à l’offre alléchante, le travailleur journalier n’a pas hésité. « Que pouvons-nous faire ? La sécurité n’existe pas quand vous gagnez à peine de quoi acheter du pain et de l’eau. Notre sécurité est entre les mains de Dieu », lance Gurmeet Kashyap, qui a passé des entretiens lors du premier cycle de recrutement, organisé dans l’enceinte d’une université de Rohtak. Les salaires proposés par les recruteurs israéliens dépassent les 1 500 euros mensuels. C’est plus de dix fois ce que Gurmeet Kashyap peut espérer gagner en Inde – une centaine d’euros les bons mois, dit-il.

Près de 22 % des salariés indiens sont des « travailleurs occasionnels », avec en moyenne 7 899 roupies (128 dollars) de revenu mensuel, selon les données du gouvernement. En particulier dans le BTP, où les interruptions de chantier ne sont généralement pas indemnisées. Alors, l’espoir d’être embauché comme ouvrier qualifié dans la construction en Israël est plus fort que le danger, avec la perspective de multiplier son salaire, en moyenne par dix. « Si c’est écrit qu’on doit mourir, on mourra là-bas. Au moins nos enfants auront quelque chose », lâche Jabbar Singh, un réparateur de motos. « C’est mieux que d’avoir faim ici », dit-il simplement.

Selon l’ambassade indienne à Tel Aviv, quelque 18 000 Indiens travaillent déjà en Israël. Pour la plupart dans le domaine de l’aide à la personne, mais aussi dans le secteur du diamant, de l’intelligence artificielle, ou des étudiants. Mais la guerre a rebattu les cartes et de nouveaux profils sont recherchés : « des carreleurs, des plâtriers, des charpentiers, des cintreurs », énumère MA Khan, en charge du placement de travailleurs à l’Institut de formation industrielle de Lucknow. Car le conflit a conduit au rapatriement de milliers de travailleurs venus d’Asie, à la mobilisation de nombreux réservistes israéliens et à l’abolition des permis de travail pour les travailleurs palestiniens.

Selon Raj Kumar Yadav, le chef de l’Institut, les recruteurs israéliens recherchent aujourd’hui pas moins de 10 000 ouvriers qualifiés dans la construction, pour des salaires allant jusqu’à 140 000 roupies (2 267 dollars). « Ils leur donneront un visa et les prendront avec eux sur un vol charter », indique-t-il, et « 10 000 familles seront nourries ».

Le programme est soutenu par les autorités indiennes, précise ce responsable, qui souligne qu’il offre une forme de sécurité à des candidats à l’émigration qui sinon risqueraient de tomber entre les mains de trafiquants d’être humains.

Joseph Kouamé

Laisser un commentaire