Au Nevada, les électeurs républicains devaient choisir entre une primaire mettant en lice Nikki Haley et un caucus avec la présence de Donald Trump. Du côté démocrate, Joe Biden a largement surpassé une concurrence relativement modeste. (Avec « Les Échos »).
Dans le Nevada, des primaires en mode opérette ont eu lieu ce mardi 6 février, dans l’indifférence générale. Les résidents de cet État peu peuplé (3,2 millions d’habitants sur les presque 335 millions pour l’ensemble du pays – NDLR) ont été appelés à voter pour un candidat à la présidentielle représentant leur parti.
Les démocrates avaient le choix entre Joe Biden et… qui déjà ? Douze candidats peu connus figuraient sur le bulletin démocrate. Le député Dean Phillips s’est déclaré en octobre dernier, trop tard pour y apparaître, mais il est le seul à avoir attiré un peu d’attention face à Joe Biden. Sans surprise, le président en exercice a remporté neuf voix sur dix lors de sa deuxième primaire, après avoir dominé la compétition en Caroline du Sud avec 96%. Il a également éclipsé Dean Phillips lors de son essai auprès des électeurs démocrates du New Hampshire.
Les républicains, eux, ont dû faire face à une alternative ubuesque : d’un côté, la primaire officielle organisée par l’Etat mardi 6 février, de l’autre, le caucus ajouté par le parti républicain du Nevada, aujourd’hui, jeudi 8 février.
Nikki Haley s’est inscrite pour mardi, à la fois désireuse de respecter la règle étatique, et de ne pas payer le droit d’entrée de 55 000 dollars imposé aux candidats au caucus. Elle concourait face à deux fantômes déjà retirés de la compétition, Mike Pence et Tim Scott, encore sur le bulletin. La candidate qui a renoncé à faire campagne dans le Nevada a fait un bide. C’est le bulletin « aucun de ces candidats » qui est arrivé en tête!
Un caucus sur mesure pour Trump
Donald Trump joue donc à peu près seul dans le Nevada ce jeudi. Le parti lui a taillé un caucus sur mesure. Il faut se rendre sur place dans la soirée pour voter, ce qui marche mieux quand on a une base de supporters et une organisation solide. Dans le New Hampshire, l’équipe Trump avait ramassé les électeurs en bus pour aller aux urnes.
Le parti a aussi interdit le caucus aux candidats déjà inscrits à la primaire, comme Nikki Haley. Et il a proscrit le financement par des « super-PAC », pour neutraliser l’ex-rival Ron DeSantis. En fin de compte, seul le caucus enverra des délégués à la convention républicaine d’août. Les 26 délégués du Nevada vont donc tomber dans l’escarcelle de Donald Trump.
Dans ces conditions, Joe Biden et Donald Trump font peu d’efforts pour convaincre les habitants du Nevada. Le président en exercice est venu bavarder avec les salariés de la restauration à Las Vegas. Il multiplie surtout les apparitions à travers le pays pour lever des fonds. Donald Trump donne quelques grands meetings et ne va pas trop au contact. Il s’est vanté de gagner à coup sûr au Nevada.
Le duel Trump/Biden a déjà commencé
Cette première étape de la campagne à l’Ouest du pays illustre jusqu’à l’absurde le paradoxe des primaires cette année : elles servent surtout à rappeler aux états-uniens pour qu’il faudra voter en novembre. Elle a été phagocytée par deux présidents sortants, qui ont chacun leur parti derrière eux.
Donald Trump a encore face à lui une femme qui résiste, Nikki Haley, mais le scrutin de Caroline du Sud le 24 février pourrait bien être son baroud d’honneur. A moins qu’elle n’attende la grande journée électorale de « Super-Tuesday » le 5 mars pour tirer sa révérence. Le duel Trump-Biden a de toute façon déjà commencé.