Les partisans de l’aide à l’Ukraine ont été confrontés à un nouveau revers alors que les élus du parti républicain, alliés de Donald Trump, à la Chambre des représentants des États-Unis d’Amérique ont refusé d’examiner une loi potentielle du Sénat visant à fournir un nouveau financement pour Kiev, prévu pour ce mardi 13 février. (Avec AFP).
Au Congrès des Etats-Unis d’Amérique, démocrates et républicains sont en conflit depuis des mois au sujet de l’aide à l’Ukraine, un allié des EUA en conflit avec la Russie depuis près de deux ans. La dispute s’est transformée en une confrontation à distance entre le président Joe Biden, qui demande de manière urgente ces nouveaux fonds, et Donald Trump, en pleine campagne présidentielle.
Les démocrates sont, dans l’immense majorité, pour. Les républicains, eux, sont divisés entre faucons interventionnistes, pro-Ukraine, et lieutenants de Donald Trump, bien plus isolationnistes. En pleine campagne présidentielle, l’équation s’est transformée en bras de fer à distance entre le président Joe Biden, qui réclame de toute urgence ces nouveaux fonds, et Donald Trump, qui prétend que s’il était réélu en novembre prochain, il réglerait la guerre entre la Russie et l’Ukraine « en 24 heures » ; sans vraiment expliquer comment.
Alors, qu’importe que le président démocrate soutienne le projet, ou qu’il ait exhorté le Congrès à « l’adopter rapidement ». Dans ces tractations, c’est son prédécesseur et rival probable à l’élection présidentielle, qui a le dernier mot. Le Sénat, à majorité démocrate, a certes fait plusieurs pas en faveur de l’adoption d’un texte couplant 60 milliards de dollars d’aide pour Kiev avec des fonds pour Israël et Taïwan ; une enveloppe de 95 milliards de dollars. Il pourrait voter dans les premières heures de ce mardi 13 février un projet de loi en ce sens.
Mais sans le soutien des républicains, majoritaires à la Chambre et nombreux à être des fidèles de Donald Trump , le texte ne peut aller nulle part. Ce lundi 12 février au soir, Mike Johnson, le chef des républicains à la Chambre des représentants, et fidèle de Donald Trump, a assuré que le texte négocié par les sénateurs ne serait pas examiné en l’état dans son hémicycle. « Le projet de loi sur l’aide aux pays étrangers du Sénat reste muet sur le problème le plus urgent auquel notre pays est confronté », a fustigé Mike Johnson dans un communiqué, faisant référence à la crise migratoire à la frontière entre les États-Unis d’Amérique et les Etats-Unis du Mexique (généralement appelés, simplement, « Mexique » – ndlr).
Un vote en échange du renforcement de la politique migratoire
Les républicains demandent en échange de l’adoption d’une aide à Kiev un renforcement important de la politique migratoire. Et « en l’absence de toute modification » de la part du Sénat sur le sujet, « la Chambre des représentants continuera de travailler selon sa propre volonté sur ces questions importantes », a-t-il assuré. Mike Johnson, comme nombre de républicains au Congrès, suit des directives de Donald Trump, qui a affirmé, samedi dernier, que les États-Unis d’Amérique devaient « arrêter de donner de l’argent sans espérer être remboursés ».
Le candidat républicain a aussi jeté un pavé dans la mare, en assurant qu’il « encouragerait » la Russie à s’en prendre aux pays de l’Otan si ceux-ci ne payaient pas leur part, ce qui a provoqué une pluie de critiques de l’autre côté de l’Atlantique. « Nous aidons l’Ukraine pour plus de 100 milliards de dollars de plus que l’Otan », a martelé Donald Trump ce lundi soir, sur son réseau « Truth Social ». « L’Otan doit égaliser, et maintenant », a-t-il exigé. « Sinon, ce sera l’Amérique d’abord! », a-t-il lancé, en référence à la doctrine isolationniste qu’il a placée au cœur de sa politique étrangère, entre 2017 et 2021.
Didier Maréchal