États-Unis d’Amérique: Alejandro Mayorkas, secrétaire à la sécurité intérieure de Joe Biden, inculpé par les élus républicains de la Chambre des représentants

Ce mardi 13 février au soir, les membres républicains élus du Congrès ont approuvé l’inculpation d’Alejandro Mayorkas, le ministre de l’immigration de Joe Biden, selon les élus de la Chambre des représentants, l’accusant d’être responsable de la crise à la frontière avec le Mexique. Joe Biden qualifie cette inculpation de « politicienne ».

Bien que la destitution d’Alejandro Mayorkas soit hautement improbable en raison de la majorité démocrate au Sénat, la décision de la Chambre des représentants constitue une première en près de cent cinquante ans.

Les républicains avaient déjà tenté de l’inculper il y a une semaine, mais avaient manqué leur coup d’une poignée de voix, lors d’un vote humiliant. «C’est l’architecte en chef de la catastrophe», avait accusé plus tôt le républicain Mike Johnson, président de la Chambre des représentants, qui a tranché sur le sort du secrétaire de 64 ans en début de soirée.

Joe Biden a rapidement réagi, en dénonçant, dans un communiqué, un acte flagrant de politique politicienne qui a pris pour cible un honorable serviteur de l’État. « Au lieu d’organiser des mascarades de ce genre, les républicains qui se préoccupent réellement de la frontière devraient demander au Congrès davantage de ressources et le renforcement de la sécurité aux frontières », a fustigé le démocrate de 81 ans.

Les chances qu’Alejandro Mayorkas soit démis de ses fonctions à l’issue de cette procédure de destitution sont extrêmement faibles, mais la situation n’en reste pas moins un casse-tête pour Joe Biden, à moins de neuf mois de la présidentielle.

Les républicains, pour la plupart proches de l’ancien président Donald Trump à la rhétorique très anti-immigration, accusent le président démocrate d’avoir laissé le pays se faire envahir, prenant pour exemple le chiffre record de migrants arrêtés à la frontière, 302 000 en décembre 2023. Les démocrates balayent cette procédure du revers de main, accusant les républicains de faire du secrétaire un bouc émissaire en pleine année électorale.

L’immigration s’est imposée comme un des sujets phares de la campagne pour la présidentielle de novembre prochain, qui opposera, selon toute vraisemblance, le président Joe Biden à son rival républicain Donald Trump.

Le principal intéressé, Alejandro Mayorkas, a maintes fois rejeté les accusations des républicains, leur reprochant de gaspiller du temps précieux et l’argent des contribuables avec la procédure de destitution.

La dernière inculpation d’un secrétaire par le Congrès remonte à… 1876. Le secrétaire de la Guerre, William Belknap,, accusé de corruption, avait démissionné avant la fin de la procédure de destitution.

La Constitution prévoit que le Congrès peut destituer le président, un secrétaire ou des juges fédéraux en cas de trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs.

Procédure en deux étapes.

D’abord, la Chambre des représentants vote, à majorité simple, des articles de mise en accusation détaillant les faits reprochés au secrétaire: c’est ce qui s’appelle « impeachment » en anglais -c’est ce vote qui a eu lieu ce mardi soir.

Trois représentants républicains avaient fait savoir avant le scrutin qu’ils voteraient contre, estimant la sanction largement disproportionnée. Les républicains ne pouvaient pas se permettre une défection de plus, compte tenu de la majorité extrêmement mince qu’ils possèdent à la Chambre. La mise en accusation a finalement été adoptée à 214 voix contre 213.

Le 2 février, l’état-major républicain pensait avoir un nombre suffisant de voix pour remporter ce vote, mais avait été pris de court par l’arrivée surprise dans l’hémicycle d’un élu démocrate, Al Green, pourtant en convalescence en raison d’une opération à l’abdomen. L’élu de l’Arizona avait alors déboulé en fauteuil roulant en plein vote, pieds nus et en tenue d’hôpital, faisant finalement pencher la balance en faveur des démocrates.

Une destitution hautement improbable

Les républicains ayant cette fois réussi leur pari, le Sénat – la Chambre haute du Congrès – fera le procès du secrétaire. Au terme des débats, les 100 sénateurs voteront sur chaque article. Il faut une majorité des deux tiers pour condamner, auquel cas la destitution est automatique et sans appel. Dans le cas contraire, Alejandro Mayorkas sera acquitté.

En tout état de cause, le Sénat états-unien est actuellement aux mains des démocrates, ce qui rend une destitution du secrétaire très improbable.

Didier Maréchal

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