Trois individus ont été appréhendés lors des festivités consécutives à la victoire des Kansas City Chiefs. Le maire de la ville du Missouri a confirmé que tous les membres de l’équipe sont indemnes. (Source : AFP).
ce 14 février à Kansas City, lors de la parade célébrant la victoire des Chiefs au Super Bowl, une personne a perdu la vie et 21 autres ont été blessées par balle, d’après Ross Grundyson, chef des pompiers de cette ville du Missouri. Huit patients en danger ont été rapidement conduits à l’hôpital après les tirs. Stacey Graves, cheffe de la police, a signalé l’interpellation de trois individus et la saisie d’au moins une arme à feu.
Plus tôt, Mme Graves avait évoqué « entre 10 et 15 personnes » blessées. L’hôpital pédiatrique Children’s Mercy a affirmé à l’Agence France-Presse traiter 12 blessés venant du rassemblement, dont 11 enfants âgés de 6 à 15 ans. « Neuf ont des blessures causées par arme à feu », a détaillé une porte-parole de l’établissement qui a ajouté que tous devraient s’en sortir.
La station de radio locale « KKFI » a rapporté, sur sa page Facebook, le décès de l’une de ses animatrices, Lisa Lopez. Il n’était pas immédiatement clair si cette tragédie correspondait à celle annoncée par les autorités ou s’il s’agissait d’un événement distinct.
Le maire de la ville, Quinton Lucas, a affirmé que tous les membres des Kansas City Chiefs étaient indemnes, une information confirmée par l’équipe dans un bref communiqué. Les Chiefs expriment leur profonde tristesse face à cet acte de violence insensé. Patrick Mahomes, le quarterback vedette, a partagé ses prières pour Kansas City sur les réseaux sociaux. Sur la même plateforme, Travis Kelce, autre joueur de Kansas City et compagnon de la star Taylor Swift, a exprimé son chagrin devant la tragédie. La chanteuse, absente de la parade, se produira en concert à Melbourne en Australie ce vendredi 16 février.
« Des coups de feu ont été tirés autour de [la gare] Union Station. Merci de quitter la zone », avait annoncé dans un premier temps, sur « X », la police de Kansas City, précisant que « plusieurs personnes [avaient] été touchées ». Les forces de l’ordre étaient déployées sur les lieux, protégés par des cordons jaunes caractéristiques des scènes de crime aux Etats-Unis d’Amérique. Selon le maire de Kansas City, les autorités ont été en contact avec la Maison Blanche, qui a offert l’aide de l’Etat fédéral.
« Avec Jill, nous prions pour ceux qui ont été tués et blessés aujourd’hui à Kansas City, et pour notre pays afin qu’il trouve la détermination de mettre fin à cette épidémie insensée de violence par arme à feu qui nous déchire », a déclaré Joe Biden dans un communiqué, déplorant que « l’événement le plus fédérateur d’Amérique » se soit « transformé en tragédie ».
« Il y a quelque chose de si désespérément américain dans le fait de vivre une fusillade de masse lors d’une célébration du Super Bowl à l’occasion de l’anniversaire d’une autre fusillade de masse », a réagi, dans un message, le mouvement étudiant contre les armes « March For Our Lives », lancé après la tuerie dans un lycée de Parkland en Floride, survenue il y a six ans jour pour jour.
Des dizaines de milliers de personnes fêtaient mercredi les Chiefs, qui ont défilé dans les rues de Kansas City pour célébrer leur victoire dimanche au Super Bowl, la grand-messe annuelle du football US. La traditionnelle file d’autobus à impériale a remonté le Grand Boulevard vers l’ancienne gare Union Station, où se sont produits les tirs alors que la parade touchait à sa fin. La police, présente en nombre pour assurer la sécurité de la parade, est intervenue rapidement sur les lieux, selon Stacey Graves.
Cette parade, « c’est un jour dont beaucoup de gens espèr[ai]ent se souvenir pour le reste de leur vie ; et ce dont ils ne devraient pas avoir à se souvenir, c’est de la menace posée par la violence par arme à feu », a déclaré le maire, Quinton Lucas. « Lorsque des gens décident d’apporter des armes à feu à des événements (…), nous devenons tous des membres de ce club dont personne ne souhaiterait faire partie, celui de ceux qui ont assisté à une tuerie de masse », a encore déploré le maire. Comme la cheffe de la police, il a exprimé sa « colère » devant un tel drame.
Plus d’armes que d’habitants
Les Etats-Unis d’Amérique paient un très lourd tribut à la dissémination des armes à feu sur leur territoire et à la facilité avec laquelle les états-uniens y ont accès. Le pays compte davantage d’armes individuelles que d’habitants : un adulte sur trois possède au moins une arme, et près d’un adulte sur deux vit dans un foyer où se trouve une arme.
La conséquence de cette prolifération est le taux très élevé de décès par arme à feu aux Etats-Unis d’Amérique, sans comparaison avec celui des autres pays développés. Environ 49 000 personnes sont mortes par balle en 2021, contre 45 000 en 2020, qui était déjà une année record. Cela représente plus de 130 décès par jour, dont plus de la moitié sont des suicides. Ce sont toutefois les fusillades à nombreuses victimes qui marquent le plus les esprits, tout en illustrant le fossé idéologique séparant les « conservateurs » et les « progressistes » sur la question de savoir comment prévenir de telles tragédies.
L’histoire états-unienne récente est en effet jalonnée de tueries, sans qu’aucun lieu de la vie quotidienne ne semble à l’abri, de l’entreprise à l’église, du supermarché à la discothèque, de la voie publique aux transports en commun. Parmi tous ces massacres, certains ont eu lieu en milieu scolaire et ont particulièrement choqué l’opinion publique, comme celui perpétré en 2012 par un déséquilibré dans une école primaire du Connecticut, au cours duquel vingt enfants âgés de 6 et 7 ans avaient été tués.
Le Congrès des Etats-Unis d’Amérique n’a pas adopté de loi ambitieuse, nombre d’élus étant sous l’influence de la puissante « National Rifle Association » (NRA), le premier lobby états-unien des armes. De fait, dans un pays où la possibilité de détenir une arme à feu est considérée par des millions de citoyens comme un droit constitutionnel fondamental, les seules avancées législatives récentes restent marginales, comme la généralisation des contrôles d’antécédents judiciaires et psychiatriques avant tout achat d’arme.
Joseph Kouamé