Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour faux en écriture publique, ciblant le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, ainsi que la secrétaire générale du gouvernement, Claire Landais.
Le ministre français de l’économie et la secrétaire générale du gouvernement Macron ont déclaré, potentiellement de manière erronée, ne pas avoir de documents préparatoires à la prolongation en 2015 des contrats conclus par l’État avec les sociétés autoroutières, une décision validée par Emmanuel Macron, qui était alors ministre de l’Économie.
Depuis sa nomination à Bercy en mai 2017, Bruno Le Maire, jusqu’alors à l’abri de tout scandale, pourrait voir son avenir politique assombri. En tant que membre incontournable de la macronie et potentiel candidat à la présidence, le ministre de l’Économie, des Finances, de la Souveraineté industrielle et numérique fait actuellement l’objet d’une enquête préliminaire pour présomption de faux en écriture publique. Ce délit est passible de quinze ans de prison et d’une amende de 225 000 euros, selon les informations de nos confrères du média « Marianne ».
Tout commence en 2006 avec la privatisation des autoroutes. Sous la présidence de Chirac, le gouvernement Villepin décide de désengager l’État de la gestion des autoroutes, confiant cette responsabilité à des sociétés concessionnaires privées telles que « Vinci », « Eiffage » et « Abertis », pour un montant de 15 milliards d’euros. Les motifs avancés à l’époque étaient nobles, visant à réduire la dette publique, stimuler la concurrence et optimiser l’efficacité du réseau autoroutier. Cependant, les rapports successifs de la Cour des comptes, de l’Autorité de la concurrence et du Parlement en 2013 et 2014 ont révélé une rentabilité excessive pour les concessionnaires, au détriment de l’État, qui a failli dans ses missions de contrôle, et des usagers, confrontés à une hausse continue des tarifs des péages dépassant l’inflation.
En 2015, le déséquilibre issu de la privatisation est prolongé par la signature d’un plan de relance autoroutier (PRA) entre l’État et les concessionnaires. Ces derniers s’engagent à réaliser des travaux d’une valeur de 3,2 milliards d’euros pour le compte de l’État, en échange d’une prolongation d’environ trois ans de leur concession. La mise en œuvre du PRA est supervisée par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, et Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, ainsi que par leurs directeurs de cabinet respectifs, Alexis Kohler et Élisabeth Borne, qui occuperont par la suite les postes de secrétaire général de l’Élysée et de Première ministre.
Au printemps 2023, le média « Marianne » dévoile l’existence d’une plainte déposée le 26 avril devant le tribunal judiciaire de Paris. Le secrétariat général du gouvernement (SGG) et le ministre de l’Économie sont dans le viseur, accusés d’avoir potentiellement commis un faux dans le but de protéger Emmanuel Macron, Alexis Kohler et Élisabeth Borne. L’allégation suggère qu’ils ont affirmé ne pas disposer de documents préalables à la signature du Plan de Relance Autoroutier (PRA) en 2015.
Depuis, « Marianne » a appris le lancement d’une enquête préliminaire pour faux en écriture publique, ciblant le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et Claire Landais, la secrétaire générale du gouvernement. Ces allégations pourraient constituer un crime passible de quinze ans de prison et d’une amende de 225 000 euros. Le cabinet de Bruno Le Maire, contacté par « Marianne », a refusé de faire tout commentaire, et le Secrétariat général du gouvernement n’a pas répondu.
Didier Maréchal