France – Martinique : Les producteurs de bananes bénéficient d’aides substantielles de l’État pour maintenir et moderniser leurs exploitations

En Martinique, les producteurs de bananes destinées à l’exportation ont désormais la possibilité de bénéficier, tout comme les producteurs ultramarins de fruits et légumes, d’une aide exceptionnelle de l’État pour faire face à l’augmentation des prix.

En Martinique, les producteurs de bananes auront accès à une aide de 10 millions d’euros, initialement prévue pour les producteurs ultramarins de fruits et légumes, et mise en œuvre par le gouvernement français. Cette enveloppe vise à les soutenir contre la hausse des prix des engrais et les conséquences économiques de la guerre en Ukraine.

« Nous avons eu de la bouche du Président des propositions qui correspondent exactement à celles que nous portions depuis de nombreux mois auprès du ministère de l’Agriculture ». Alexis Gouyé, le patron des producteurs de bananes de Martinique du groupement Banamart a la banane à sa sortie de l’Élysée. Il estime que la filière pourra souffler grâce à une aide d’urgence « de 11 millions d’euros qui sera répartie pour la majorité des producteurs ». Elle sera attribuée aux agriculteurs dont l’exploitation est limitée à 18 hectares. Elle concernera, selon lui, « tous les petits producteurs, ce qui correspond à la demande du groupement « Banamart ». L’aide financière s’élèverait à 39 millions d’euros sur 3 ans ».

Un guichet dédié aux producteurs de bananes a été instauré le 24 novembre dernier. Afin de bénéficier de cette indemnisation, ils doivent compléter un formulaire de demande d’aide, disponible sur le site gouvernemental dédié, et le soumettre au plus tard le 1er décembre 2023, selon les informations de RCI.

Les producteurs éligibles sont les suivants : ceux ayant déposé une déclaration de surfaces en 2022 ou bénéficié d’une déclaration de couverture sociale AMEXA ; ceux disposant de factures acquittées ou d’une attestation comptable (signée par un comptable agréé) justifiant l’achat d’engrais et d’amendements en 2022 ; ou encore les agriculteurs ayant une attestation comptable (signée par un comptable agréé) justifiant d’une production de banane export en 2022. Les producteurs de bananes qui estiment que leur production est « vertueuse », car ils ont réduit à « 85 % l’utilisation de pesticides sur leurs explorations » sont aussi mieux accompagnés par une aide de l’État « à la hauteur de leurs attentes ».

La mesure agro-environnementale et climatique (MAEC) sera « triplée en passant de 1 000 euros à près de 3 000 euros l’hectare ». Cette mesure vise à accompagner le changement de pratique agricole, afin de réduire les pressions agricoles sur l’environnement.

Le Président de la République a également manifesté son soutien à « l’implantation des Nouvelles Techniques Génomiques (NGT) résistantes à la cercosporiose ». Un plant de bananes NGT, capable de résister à la Cercosporiose noire sans nécessiter de traitements phytosanitaires, est envisagé pour remplacer progressivement les 5500 hectares de plantations de bananes actuelles. Les détails du soutien de l’État ne sont pas encore clairement définis et devraient faire l’objet de discussions approfondies avec les producteurs de bananes. Emmanuel Macron a aussi insisté » sur la diversification agricole qui demeure au cœur et au centre de notre ambition agricole. Ne soyons plus dépendants de monocultures sur un territoire. »

La banane et la canne à sucre en Martinique occupent 50,1% de la surface agricole utilisée et sont affectées à l’export. Un constat que dénonçait l’exécutif de la Collectivité Territoriale de la Martinique et qui est aussi partagé par l’État. « On ne peut pas continuer à avoir des territoires qui ont des filières très subventionnées par la France et l’Europe, qui vivent sur une ou deux filières et qui continuent à importer 60-70 % de leur alimentation. Parce que c’est ça l’une des raisons de la vie chère, on le sait très bien ».

C’est bien là, une épée de Damoclès qui se rapproche au-dessus de la tête des producteurs de bananes et de cannes.

Joseph Kouamé

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