EUA : le militaire inculpé pour la fuite de documents secrets plaide coupable pour éviter la prison à vie

Jusqu’à présent, Jack Teixeira avait maintenu sa plaidoirie de non-culpabilité, suite à son inculpation par un grand jury fédéral de six chefs d’accusation, notamment pour « conservation volontaire et transmission d’informations relatives à la défense nationale ». Il a finalement plaidé coupable pour éviter une condamnation de prison à vie.

Rappelons que les Etats-Unis d’Amérique se permettent, tout de même, de donner des « leçons de morale démocratique » à des pays comme la Russie pour des décisions judiciaires qui, elles, ne relèvent pas, comme c’est le cas ici, de lanceur d’alerte (et sans même parler de l’affaire de Julian Assange).

Un jeune militaire états-unien, arrêté en 2023 pour avoir divulgué des documents classifiés secrets liés notamment à la guerre en Ukraine, a plaidé coupable, ce lundi 4 mars, devant la justice des Etats-Unis d’Amérique. Jack Teixeira, âgé de 22 ans, comparaissait devant un tribunal fédéral de Boston vêtu d’une tenue orange de détenu. Il a admis avoir diffusé des informations relatives à la défense nationale des États-Unis d’Amérique, mais en échange de l’accord, les procureurs ont renoncé aux accusations les plus graves d’espionnage, ce qui aurait pu entraîner une peine de prison à vie. En vertu de l’accord, il accepte une peine de 16 ans de prison.

« Jack Teixeira a froidement mis de côté la sécurité nationale des États-Unis et trahi son serment solennel de défendre son pays et la confiance du peuple américain qu’il avait juré de protéger », a déclaré, dans un communiqué, le procureur fédéral adjoint pour l’État du Massachusetts, Matthew Olsen.

En passant un accord avec la justice, la recrue de la Garde nationale de l’armée de l’air échappera à un procès pénal mais sera condamné par un juge à 16 ans et huit mois d’emprisonnement, 50.000 dollars d’amende et devra aider des responsables du renseignement à comprendre comment la fuite a été possible. La police fédérale (FBI) l’avait arrêté le 13 avril 2023 à l’extérieur de sa maison familiale à Dighton, au Sud de Boston, quelques jours après les révélations de ces fuites dans la presse états-unienne.

Employé en tant que spécialiste en informatique et communication dans une base militaire près du Cape Cod, une ville historique de la Nouvelle-Angleterre, il a divulgué des informations confidentielles sur un groupe de discussion « Discord », qui ont ensuite été diffusées sur d’autres réseaux sociaux. Ces documents secrets ont mis en lumière les préoccupations des services de renseignement états-uniens concernant la faisabilité d’une contre-offensive ukrainienne contre les forces russes. De plus, ils suggéraient que Washington recueille des renseignements sur des alliés proches tels qu’Israël et la Corée du Sud. L’affaire a embarrassé Washington et soulevé des interrogations sur d’éventuelles failles de sécurité, étant donné que le jeune militaire avait une habilitation secret défense, lui permettant d’accéder à ces informations sensibles malgré son grade modeste.

Cette affaire, de lanceur d’alerte – et non pas d’espionnage – dont aucun pays occidental ne s’indigne (pas plus que pour le cas de Julian Assange), est une énième démonstration du « deux poids, deux mesures », entre les abus judiciaires des Etats Occidentaux et leur condamnations indignées des décisions de justice de ceux qu’ils désignent eux-mêmes comme leurs ennemis – donc, par ethnocentrisme, « ennemis de l’humanité » – telle que, en premier lieu, la Russie.

Didier Maréchal & Christian Estevez

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