Deux personnes ont été blessées lors d’une fusillade dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 mars, dans le quartier du Blosne à Rennes (France), impliquant un contexte de trafic de stupéfiants.
« De véritables scènes de guerre ». Ce sont les mots employés par les policiers pour décrire la fusillade, sur fond de trafic de drogue, survenue dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 mars dans un quartier du Sud de Rennes (Ille-et-Vilaine), qui a fait deux blessés, dont l’un grièvement. Une enquête a été ouverte par le parquet de Rennes pour « tentative d’homicide volontaire en bande organisée et association de malfaiteurs ».
La sécurité a été intensifiée dans cette zone, reconnue pour son trafic de drogue, avec le déploiement de la CRS8, une unité spécialisée dans les situations de troubles à l’ordre public.
Dans la nuit de samedi à dimanche, la fusillade a éclaté dans le quartier du Blosne à Rennes, près de la place du Banat. Pendant plus d’une heure, entre 1h56 et 3h03 du matin, des coups de feu ont retenti « à l’arme longue », de manière sporadique et parfois en rafale, comme l’a expliqué Philippe Astruc, procureur de la République de Rennes, lors d’une conférence de presse dimanche après-midi.
D’après les nombreux appels à la police secours émanant des résidents, les tirs ont été effectués par des individus cagoulés, revêtant des gilets pare-balles et munis de fusils d’assaut de type kalachnikov, comme l’a précisé le syndicat « Alliance » dans un communiqué, dépeignant des situations qualifiées de « véritables scènes de guerre ».
Deux individus ont été touchés par balles, l’un au bras et l’autre au tronc, mais « aucun pronostic vital n’est engagé à cette heure », a précisé Philippe Astruc, dimanche. C’est l’un des deux hommes, conduisant un véhicule de location « criblé d’impacts », qui a lui-même appelé les secours, a-t-il indiqué, ajoutant que ces deux individus, nés en 1994 et en 2000, sont connus des services de justice.
Selon les premiers éléments de l’enquête, cette fusillade, « qui pourrait concerner une dizaine de personnes impliquées », a été menée pour reprendre un « point de revente de stupéfiants situé place de Banat », a détaillé Philippe Astruc.
Si ce quartier du Sud de Rennes est connu pour son trafic de drogue depuis plusieurs années, la violence est montée en intensité ces derniers mois. En décembre dernier, deux fusillades avaient éclaté sur ce même point de deal. Quatre individus avaient été interpellés, puis incarcérés, a rappelé le procureur.
Le syndicat de police « Alliance », qui dit alerter « depuis des années sur la montée de la violence sur la circonscription police de Rennes », renouvelle sa « demande de classement de Rennes en zone difficile » et « un renfort immédiat d’effectifs. »
Lors de sa conférence de presse, le procureur de la République de Rennes a expliqué que des impacts de balles avaient été retrouvés sur la façade de deux appartements voisins de la place en question. Une quinzaine de douilles ont également été identifiées, selon ses précisions.
« J’ai entendu de nombreuses déflagrations dans la nuit et en me levant, j’ai découvert ma cuisine complètement esquintée », a témoigné une habitante dans le quotidien « Ouest-France ». « Cette nuit a été ultra-traumatisante pour tout le quartier. C’est du jamais-vu à Rennes. On a passé un cran dans l’échelle de la violence. Le narcotrafic est installé dans le quartier », a réagi Lenaïg Briéro, adjointe à la sécurité à Rennes, auprès de nos confrères du « Télégram de Brest ».
Sur « X », la maire PS de Rennes, Nathalie Appéré, a exprimé son « soutien aux habitants du Blosne, qui ont vécu une nuit traumatisante et sont confrontés à l’extrême violence du narco-trafic ». « La détermination des autorités est totale pour identifier et interpeller les auteurs de cette fusillade et démanteler ce point de deal, qui gangrène le secteur », a-t-elle assuré.
D’autant qu’une nouvelle fusillade pourrait avoir lieu dans les prochains jours, selon les forces de l’ordre. « Le problème de ces règlements de comptes avec armes, c’est que souvent, il y a un match retour, ce n’est pas à exclure », a expliqué à « BFMTV » Frédéric Gallet, secrétaire départemental Ille-et-Vilaine du syndicat « Alliance ».
Immédiatement après les faits, « une opération de sécurisation » a été conduite sur place par la police nationale, avec l’appui de l’antenne du Raid et du PSIG (gendarmerie) de Rennes, a fait savoir le procureur de la République. Mais la préfecture d’Ille-et-Vilaine a également annoncé le déploiement dans le quartier du Blosne de la CRS8, une unité formée particulièrement aux situations de troubles à l’ordre public, comme les violences urbaines ou celles liées aux trafics de stupéfiants. Ces policiers ont pris le relais, dimanche, de la CRS 82, la compagnie basée à Saint-Herblain (Loire-Atlantique).
Une enquête a été ouverte par le parquet de Rennes pour « tentative d’homicide volontaire en bande organisée et association de malfaiteurs » et confiée à la division de la criminalité organisée de la direction interdépartementale de la police nationale (DIPN) de Rennes.
Joseph Kouamé