Etats Unis d’Amérique : le Congrès a enfin adopté le budget

Le Congrès états-unien a adopté, samedi 23 mars, un texte visant à financer l’État fédéral jusqu’à septembre et éviter à la première puissance économique mondiale de glisser dans un « shutdown » – la paralysie de ses services publics. (Source : AFP).

Les sénateurs n’ont pas approuvé ce texte avant l’échéance fatidique de minuit vendredi, censée déclencher cette paralysie. Mais les élus ont fini par se mettre d’accord sur l’adoption finale de cette loi de finances de 1200 milliards de dollars.

« Cela n’a pas été facile, mais notre persévérance valait la peine », a déclaré le chef de file démocrate du Sénat des Etats-Unis d’Amérique, Chuck Schumer, depuis l’hémicycle, après des heures d’intenses négociations avec les républicains. « C’est bien pour les Américains que nous ayons conclu un accord », a-t-il ajouté, avant l’approbation finale du texte.

Ce petit retard devrait être sans grande conséquence sur les ministères états-uniens qui risquaient de se voir priver de financements, faute d’accord.

Une année de pagaille

Plus qu’un grand danger pour les États-Unis d’Amérique, ces rebondissements de dernière minute illustrent la pagaille qui règne au Congrès.

Au cours de la dernière année, l’institution a destitué un de ses « speakers », échoué à envoyer des fonds pour l’Ukraine et évité, seulement de justesse, la banqueroute de la première puissance économique mondiale.

Vendredi matin, le vote du budget de l’État fédéral à la Chambre des représentants, qui devait elle aussi approuver ce texte, a d’ailleurs été le théâtre de rebondissements spectaculaires.

Quelques minutes après le vote, l’élue Marjorie Taylor Greene, proche de Donald Trump,, a déclaré avoir déposé une motion pour évincer le dirigeant de l’institution, le républicain Mike Johnson, qu’elle a accusé de « trahison ». Une poignée d’élus ultraconservateurs reprochent au républicain, en poste depuis octobre, d’avoir fait un trop grand nombre de concessions budgétaires aux démocrates.

« Il nous faut un nouveau speaker », a affirmé à des journalistes l’élue, connue pour ses frasques, ses provocations et ses remarques injurieuses. Ce coup de théâtre a aussi un air de déjà-vu. L’ancien « speaker » de la Chambre, Kevin McCarthy, avait été destitué il y a seulement quelques mois dans un scénario très similaire. Mike Johnson sera-t-il le deuxième leader républicain à faire les frais de tractations budgétaires ?

Interdiction de tout financement direct à l’Unrwa

Le budget états-unien est prolongé jusqu’à la fin de l’exercice financier, soit le 30 septembre 2024. Ce texte de 1 012 pages, fruit de tractations très acrimonieuses, contient des mesures qui ont de fortes répercussions à l’étranger.

Le texte interdit ainsi tout financement direct des États-Unis d’Amérique à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’Unrwa, au cœur d’une controverse depuis qu’Israël a accusé, fin janvier dernier, 12 de ses quelque 13 000 employés à Gaza d’être impliqués dans l’attaque meurtrière du 7 octobre 2023 perpétrée par le le groupe terroriste Hamas. Il contient aussi des centaines de millions de dollars pour Taïwan, mais ne débloque aucun financement pour l’Ukraine, l’enveloppe pour Kiev faisant l’objet de négociations séparées.

Le texte contient aussi plusieurs mesures liées à l’immigration, un sujet explosif en pleine campagne présidentielle, et une litanie de dispositions pas forcément liées au budget. Comme par exemple l’interdiction aux ambassades des Etats-Unis d’Amérique de faire flotter le drapeau arc-en-ciel, drapeau de la paix détournée, depuis plus de vingt ans, comme étendard de la communauté « LGBT », contrairement à ce que certaines d’entre elles avaient coutume de faire à l’occasion du « mois des fiertés ».

Rappelons qu’un texte adopté le 9 mars dernier avait déjà permis de boucler une autre partie du budget de 2024.

Didier Maréchal

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