Donald Trump a seulement quelques heures pour trouver un demi-milliard de dollars à présenter à la justice de New York d’ici ce lundi 25 mars au soir. L’ancien président des États-Unis d’Amérique a été condamné fin février à payer 465 millions de dollars d’amendes et d’intérêts pour fraude. Même s’il fait appel de ce jugement, il doit fournir une caution à la justice.
Aujourd’hui est un jour décisif. Donald Trump doit fournir la garantie qu’il paiera près d’un demi-milliard de dollars d’amendes, aux côtés de ses fils Eric et Don Jr, suite à leur condamnation au civil pour des fraudes financières au sein de leur empire immobilier, la « Trump Organization », dans les années 2010. Est-ce que l’ancien magnat de l’immobilier dispose de cette somme? Quelles conséquences cela pourrait-il avoir sur sa campagne? Quels risques court- il s’il ne parvient pas à s’en acquitter? Faisons le point.
Pourquoi Donald Trump est-il tenu de payer une amende de 454 millions de dollars (environ 418 millions d’euros) ?
Donald Trump a été reconnu coupable d’avoir surestimé sa fortune afin d’obtenir des prêts à des conditions plus avantageuses. Le juge Arthur Engoron du tribunal de l’État de Manhattan a ordonné une amende de 354,9 millions de dollars le 16 février dernier. À cela s’ajoutent des intérêts s’élevant à 100 millions de dollars. Ses fils, Donald Trump Jr. et Eric Trump, doivent également payer chacun une amende d’environ 4,7 millions de dollars. Le montant total de l’amende s’élève donc à 464,6 millions de dollars. Des intérêts de 114 000 dollars par jour sont prévus tant que cette somme n’est pas réglée.
Cependant, les avocats du promoteur immobilier affirment être dans l’incapacité de satisfaire à cette exigence. Dans un document judiciaire volumineux de 5 000 pages, ils font valoir que l’obtention d’une caution pour un montant aussi élevé est « quasiment impossible » et signalent avoir essuyé le refus d’une trentaine de sociétés spécialisées dans les garanties.
Vendredi dernier, Donald Trump a publié sur « Truth Social », la plateforme de médias sociaux qu’il a créée, un message indiquant qu’il disposait de “près de 500 millions de dollars en liquide” grâce à “son travail acharné, son talent et sa chance”.
Ce délai a été instauré à l’ancien président des États-Unis d’Amérique par la procureure générale de l’État de New York, Letitia James, qui est également la magistrate ayant engagé la procédure judiciaire contre lui et ses deux fils, Eric Trump et Donald Trump Jr., pour des fraudes financières répétées dans les années 2010. Ils sont notamment accusés d’avoir falsifié la valeur des actifs de leur entreprise immobilière, la « Trump Organization », afin d’obtenir des prêts bancaires plus avantageux. Les trois hommes d’affaires ont été condamnés le 26 février. Même si Donald Trump a qualifié le jugement de « bidon », il doit maintenant présenter sa caution. Le professeur Carl Tobias, de l’école de droit de l’université de Richmond, estime que s’il ne le fait pas, il « risque l’humiliation et des conséquences financières graves ».
Donald Trump « pourrait vendre ses biens immobiliers ou le patrimoine qui y est rattaché, tenter de décrocher un prêt bancaire ou même se déclarer en faillite personnelle », explique-t-il. Mais « cette option ne suspendrait pas le jugement de première instance contre Trump, car la procureure générale chercherait probablement à le déclarer responsable de ses dettes », poursuit le juriste.
Plus encore, selon Carl Tobias, « si Donald Trump rate la date butoir de ce lundi 25 mars, la procureure générale peut essayer de saisir l’argent qu’il détient à New York et certains de ses biens immobiliers liés au dossier », soit la « Trump Tower » sur la 5e avenue et une tour de Wall Street. Le « New York Post » indiquait ainsi il y a quelques jours que Donald Trump envisagerait de ne « rien faire » et de « laisser » Letitia James saisir la « Trump Tower », tandis que la magistrate envisage plutôt un golf dans le comté huppé de Westchester, juste au Nord de la mégapole.
Cependant, Carl Tobias suggère qu’en raison de l’impact significatif que ces saisies pourraient avoir et de la pression politique considérable sur la justice new-yorkaise, il est possible que la procureure « lui accorde plus de temps ou négocie un règlement ». De plus, la fortune de Donald Trump pourrait connaître une augmentation dans les jours à venir, car sa société de médias a récemment obtenu l’autorisation d’être cotée en bourse à New York. Cette introduction en bourse devrait fournir un certain soulagement financier à l’ancien président. Il pourrait envisager de proposer ses actions en garantie à la justice ou d’obtenir un prêt basé sur la valeur de ces actions.
Quelle est la valeur exacte de la fortune de Trump aujourd’hui?
Selon le média spécialisé « Forbes », sa fortune est estimée à 2,6 milliards de dollars. Cependant, cette évaluation a été faite avant l’accord conclu vendredi, qui valide la fusion de la plateforme de médias sociaux de Trump, « Truth Social », avec une société cotée en bourse, « Digital World Acquisition Corp ». « Truth Social » n’a généré que 3,4 millions de dollars de revenus depuis sa création et a enregistré une perte nette au cours des neuf premiers mois de l’année dernière. Cependant, étant donné que les actions de la société qui rachète « Truth Social » ont augmenté de plus de 200 % au cours de l’année écoulée, cette opération pourrait rapporter beaucoup d’argent à Donald Trump. Peter Grant, du « Wall Street Journal », estime que sa participation dans l’entreprise de médias sociaux pourrait valoir plus de 3 milliards de dollars après cette fusion, si la valeur boursière se maintient. Cependant, ces bénéfices ne sont que théoriques pour le moment, car Trump doit vendre ses actions pour en disposer, ce qu’il n’est pas autorisé à faire pendant les six premiers mois suivant la transaction. Par conséquent, il ne s’agit pas d’une source immédiate de liquidités.
Le tribunal va-t-il vraiment saisir les biens de Trump?
Le procureur général de New York a le droit d’ordonner la saisie des bien de Donald Trump si le montant total n’est pas payé ou si une caution n’est pas versée. La procureure générale Letitia James a déclaré en plaisantant à « ABC News » qu’elle visait le « Trump Building » (à ne pas confondre avec la « Trump Tower »), situé au 40 Wall Street, près de son propre bureau. “Oui, s’il n’a pas l’argent, nous demanderons l’exécution du jugement au tribunal et demanderons au juge de saisir ses biens. Et oui, je regarde Wall Street 40 tous les jours”. Le jugement a également été déposé dans le comté de Westchester, où se trouvent la propriété de Trump à « Seven Springs » et le « Trump National Golf Club Westchester », ce qui laisse penser que Letitia James les a également dans sa ligne de mire. Mais la mise en pratique de sa résolution demandera du temps et des efforts.
Didier Maréchal