France : «aller combattre pour 1 970 euros brut » : l’ « intox » de la députée Sophia Chikirou (LFI) après une offre d’emploi de l’armée

Sophia Chikirou, députée du parti d’extrême gauche « La France Insoumise » (LFI) a partagé des annonces de l’armée de terre en affirmant que « l’État crée des emplois avec la guerre ». Avant elle, d’autres comptes complotistes ont fait le lien avec l’Ukraine.

La députée de « La France Insoumise », Sophia Chikirou, interprète à tort une offre publiée par l’Armée de Terre comme une proposition de « se rendre sur le front pour 1970 euros ».

Il est largement connu que « l’Armée de Terre recrute », comme le soulignent les annonces publicitaires et les panneaux d’affichage. Plus précisément, selon le site dédié aux offres d’emploi du ministère des Armées, environ 16 000 postes sont à pourvoir. Cependant, pour certains propagateurs de désinformation en ligne, comme le compte « X » du nom de « Zoé Sagan » avec près de 200 000 abonnés, cela est interprété comme une indication selon laquelle l’État s’apprête à envoyer des « chômeurs en Ukraine ». Ils s’appuient sur une annonce intitulée « Combattant Engins Blindés », où la « mission » du poste évoque « la destruction des véhicules blindés ennemis par l’utilisation des différentes armes de l’unité ».

Une interprétation partagée par la députée d’extrême gauche de Paris, Sophia Chikirou, qui a partagé, ce mercredi 27 mars, sur son compte « X », une annonce similaire. « Qui est prêt à aller sur le front pour 1970 euros bruts par mois ? Cette offre est publiée dans de nombreux départements. L’État crée des emplois avec la guerre. Citoyens français : n’allez pas mourir pour des industriels ! Refusez la guerre ! Ne répondez pas ! », a dénoncé la parlementaire, en publiant une capture d’écran de l’offre et un lien vers l’annonce.

Cependant, il convient de noter un premier problème : personne ne part « sur le front » pour 1970 euros brut, contrairement à ce que Sophia Chikirou semble croire. Comme cela est pourtant mentionné dans l’annonce qu’elle partage, une opération extérieure (connue sous le terme « Opex » dans le jargon militaire) déclenche une rémunération pouvant aller jusqu’à 2,5 fois supérieure à ce que perçoit le militaire lorsqu’il est en service dans son régiment sur le territoire national. Cela signifierait ici une rémunération d’environ 5 000 euros brut pour le soldat concerné.

Ensuite, vient l’assertion suivante : « l’État crée des emplois avec la guerre ». Cela suggère que ce plan de recrutement doit être interprété à la lumière de la déclaration d’Emmanuel Macron, selon laquelle rien ne devrait être exclu dans le cadre du soutien à l’Ukraine, y compris l’envoi de troupes. Cependant, il convient de noter que ce recrutement vise simplement à combler les lacunes de l’armée française. À la fin de 2023, l’armée française connaissait un déficit estimé entre 2 000 et 2 500 militaires.

« Le phénomène ne concerne pas seulement la France. La Bundeswehr ou l’US Army (respectivement armée allemande et armée états-unienne) rencontrent elles aussi des difficultés. En Allemagne, les recrutements sont en recul de 7 %, selon une information du média teuton « Spiegel ». Aux États-Unis d’Amérique, l’armée a raté ses objectifs de 25 % en 2022 laissant 15 000 places vacantes », notait journal français « Le Figaro » au mois d’octobre 2023. Raison pour laquelle, effectivement, le site de « France Travail » (ex « Pôle emploi ») relaie de nombreuses offres portant la mention « combattant » ou « militaire du rang » ou autres « opérateurs défense ».

Étant donné qu’il s’agit simplement de répondre aux besoins établis par la Loi de programmation militaire adoptée par le Parlement à l’été 2023, visant à « améliorer l’attractivité de ses métiers et la fidélisation des personnels dans un contexte de fortes tensions sur ses ressources humaines », il est surprenant que la députée Sophia Chikirou semble découvrir ces annonces. Dans un second tweet, elle s’étonne : « encore une offre, Combattant infanterie ».

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