Bientôt, une « nouvelle » étoile, visible à l’œil nu, devrait surgir dans la constellation de la Couronne boréale. Ce phénomène de nova, très attendu par les astronomes, a été remarqué dès le 13e siècle et se reproduit environ tous les 80 ans. Voici les détails.
Les astronomes observeront de près la constellation de la Couronne boréale, également connue sous le nom de « Coronae Borealis », une petite constellation de l’hémisphère Nord. Ils retrouveront bientôt une vieille connaissance, « T Coronae Borealis » (T CrB), une étoile qui apparaît environ tous les quatre-vingts ans.
Alors qu’elle est initialement invisible à l’œil nu, sa luminosité augmente de manière abrupte en quelques jours, atteignant approximativement l’éclat de l’étoile Polaire, avant de décliner rapidement dans les jours qui suivent, et ce, pour une période de huit décennies. Ce phénomène est connu sous le nom de « nova ».
T CrB a déjà été observée en 1886 et 1946. Mais Bradley Schaefer, professeur d’astronomie et d’astrophysique à l’Université d’État de Louisiane (États-Unis d’Amérique), a retrouvé sa trace jusqu’en 1217, dans le témoignage d’un moine près d’Augsbourg, en Allemagne. Et selon lui, elle devrait prochainement se manifester… « À partir de février 2015, T CrB est devenue un peu plus lumineuse, constate l’astronome. Un comportement identique à celui de 1935 qui a abouti à l’événement de 1946. » Ce petit sursaut marque les prémices d’une nouvelle séquence, avec une montée en puissance irrégulière : la luminosité a brutalement rechuté en mars 2023.
« La même chose avait été observée environ un an avant l’éruption de 1946. Si T CrB se comporte comme elle l’a fait dans les années 1940, il y a 95 % de chance qu’elle éclate en 2024. Et 68 % que cela se produise entre février et août, avec une préférence pour avril. Toutefois, il se peut toujours que des perturbations imprévues aient pu faire dévier le timing entre 1946 et 2024, c’est pour cela que je ne parierais pas ma maison sur l’exactitude de cette prédiction, mais il y a peu de choses sur lesquelles je parierais ma maison « , constate avec humour Bradley Schaefer.
Cependant la plupart du temps T CrB brille à une modeste magnitude 10 qui nécessite l’utilisation d’une petite lunette astronomique pour la voir. Mais voilà : les astronomes ont constaté qu’à au moins quatre reprises dans le passé, des observateurs ont noté son apparition éphémère dans la constellation de la Couronne boréale. Cela a été le cas en 1946 et en 1866, deux occasions au cours desquelles les astronomes disposaient d’instruments capables de leur procurer des mesures précises. L’Anglais Francis Wollaston l’a aperçu de manière certaine en 1787. Et enfin, une chronique monastique médiévale rédigée à l’abbaye d’Ursberg (près d’Augsburg, en Allemagne) relate de façon convaincante l’éruption survenue en 1217.
Où faut-il regarder ?
T Coronae Borealis se dissimule dans la discrète constellation de la Couronne Boréale. Heureusement, cette constellation fait partie du ciel de l’hémisphère Nord et est visible au printemps et en été depuis la France. De plus, elle se situe dans une région du ciel bien délimitée. Dès la seconde moitié du mois de mars, vous pouviez la repérer sans difficulté vers 23 h 30, au-dessus de l’horizon Est, entre les étoiles très lumineuses d’Arcturus (du Bouvier) et de Véga (de la Lyre). La Couronne boréale se trouve plus près d’Arcturus que de Véga. Elle est facilement reconnaissable : ses étoiles forment un bel arc de cercle.
En temps normal, T CrB n’est pas visible à l’œil nu. Mais si elle entre dans sa phase éruptive, elle va briller autant qu’Alphecca, la plus brillante étoile de l’arc de cercle. Elle apparaîtra, comme un astre nouveau (d’où l’appellation historique de « nova ») juste à côté d’Epsilon Coronae Borealis, l’une des étoiles les plus à gauche de l’arc de cercle. Vous pouvez observer à l’œil nu, ou avec une paire de jumelles, pour plus de confort. Si vous avez un télescope, vous pouvez aussi surveiller l’étoile avant qu’elle ne connaisse son sursaut et, avec de la chance, percevoir sa montée en puissance.
Un phénomène éphémère
Bradley Schaefer prévient : « T CrB a une montée d’éclat très rapide (quelques heures) et elle reste à son pic de luminosité à peine un jour. Puis elle redescend en dessous de la magnitude 6 en seulement une semaine. » Sous la magnitude 6, elle n’est plus visible à l’œil nu. Par conséquent, il faut surveiller la constellation souvent. Et lorsque l’alerte sera déclenchée, il faut observer immédiatement !
Une étoile mystérieuse
Pourquoi T CrB a-t-elle un fort sursaut lumineux tous les 80 ans environ ? Il s’agit de ce que les astronomes appellent une « nova récurrente ». Ce type d’astre est composé de deux étoiles très proches l’une de l’autre qui échangent de la matière. Si le mécanisme général est assez bien compris, l’activité épisodique de T CrB en particulier pose plusieurs questions sans réponses. L’étoile est l’objet d’une véritable enquête cosmique par les astronomes. Celle-ci est à retrouver dans un article sur le site de « Ciel & espace ».
Bruno Mariotti