Très attendu, un rapport concernant la « transidentité » représente un tournant en Angleterre. Une pédiatre a appelé, ce mercredi 10 avril, à changer d’approche dans les soins accordés aux jeunes « transgenres », prônant la plus grande prudence, faute notamment de « données fiables » sur les traitements hormonaux .(Source : AFP).
L’étude a été commandée par le système public de santé, le NHS, en 2020 face à une forte augmentation du nombre d’enfants et de jeunes se « questionnant » sur leur genre et se présentant dans les services de soin anglais pour demander de l’aide.
Le phénomène a donné lieu, ces dernières années, à des batailles judiciaires très médiatisées et à la décision de fermer le seul établissement public spécialisé, après des témoignages accablants faisant état de soignants sous pression et de traitements précipités. Il doit être remplacé par des centres régionaux.
Le sujet de la « transidentité » est très clivant au Royaume-Uni. L’auteur du rapport, la pédiatre Hilary Cass, déplore « une toxicité du débat exceptionnelle ». « Il existe peu d’autres domaines dans la santé où les professionnels ont si peur de discuter ouvertement de leurs opinions, où les gens sont vilipendés sur les réseaux sociaux et où les injures font écho aux pires comportements d’intimidation. Cela doit cesser », écrit-elle.
Dans son rapport de 400 pages, cette ancienne présidente du Collège royal de pédiatrie et de santé infantile a présenté, ce mercredi 10 avril, 32 recommandations, qui devraient façonner les nouveaux services du NHS en Angleterre pour les enfants et les jeunes » s’interrogeant sur leur identité de genre » ou présentant une dysphorie de genre.
Déception pour les jeunes
Le document appelle à une approche globale qui doit « comprendre un dépistage de l’état du développement neurologique, y compris les troubles du spectre de l’autisme, et une évaluation de la santé mentale ». Les services de santé sont invités par le rapport à faire preuve d’une « extrême prudence » en cas de prescription d’hormones. Il « devrait y avoir une justification clinique claire pour fournir des hormones » avant l’âge de la majorité.
Pour les 17-25 ans, selon le rapport, chaque centre régional devrait disposer d’un service de suivi « afin d’assurer la continuité des soins et un soutien [aux jeunes] à un stade potentiellement vulnérable de leur parcours ».
Pour les enfants, prépubères, il faut adopter une approche « encore plus prudente ». Ceux qui changent de pronom ou de prénom dès leur plus jeune âge pourraient ressentir encore plus de stress avec l’arrivée de la puberté, et donc l’urgence de prendre des traitements hormonaux.
À la base du débat, Hilary Cass s’inquiète de « la mauvaise qualité des études publiées » et de l’absence de « données fiables » sur la « transidentité » chez les jeunes : « La recherche a abandonné » les jeunes.
Un ancien responsable de l’établissement public spécialisé « Tavistock », qui a fermé, a affirmé sur « Times Radio » que des enfants s’étaient parfois vu prescrire des bloqueurs de puberté « après un ou deux rendez-vous ». L’équipe « s’est laissée séduire par l’idéologie transgenre », a critiqué David Bell. Le mois dernier, le NHS en Angleterre a annoncé qu’il ne prescrirait plus de bloqueurs de puberté aux mineurs qui souhaitent « changer de genre ».
Le premier ministre conservateur, Rishi Sunak, a salué le rapport : « Il convient d’être extrêmement prudent […], car nous ne connaissons pas les répercussions » des bloqueurs de puberté ou des traitements hormonaux.
Le rapport fait la une des médias, et satisfait particulièrement la presse dite « conservatrice ». « Enfin la voix de la raison sur le dogme trans », s’est réjoui, à juste titre, le « Daily Mail ».
Le gouvernement et les médias « conservateurs » se montrent très critiques face aux revendications des « associations de défense des transgenres ». Les autorités ont aussi recommandé récemment des garde-fous aux établissements scolaires confrontés à des enfants demandant à être identifiés d’un genre différent de leur sexe biologique. Londres a également bloqué un projet adopté en Écosse qui visait à faciliter la reconnaissance du changement de genre à partir de 16 ans.
Hilary Cass s’adresse, dans l’introduction du rapport, aux jeunes qu’elle a rencontrés et qui ont demandé à avoir accès, au plus vite, à des bloqueurs de puberté et à des hormones. « Je suis consciente que vous devez être déçus », écrit-elle. Mais « il n’est pas envisageable que vous preniez des décisions qui changent votre vie sans être en mesure de peser les risques et les avantages qu’elles présentent aujourd’hui et à long terme ».
Dans cette affaire de « transidentité », il est essentiel de rappeler que son nom médical est « dysphorie de genre ». Cela a toute son importance car la dysphorie est une terme médical dont la définition est « État de malaise et d’anxiété » (Dictionnaire « Littré » – de l’Académie Française), « Trouble psychique caractérisé par une humeur oscillant entre tristesse et excitation » (dictionnaire « Larousse »). Il s’agit donc bien d’un trouble psychique/psychiatrique (plus prosaïquement, une « maladie mentale ») dont l’idéologie woke s’est emparé pour construire son idéologie selon laquelle il s’agirait de la prise de conscience de n’être pas du genre réel que serait le sexe biologique (sauf que le « genre » n’existe pas pour les êtres vivants, mais uniquement en grammaire, qui reconnait trois genres, selon les langues : masculin, féminin et neutre (généralement pour le pluriel, comme c’est le cas dans le latin ou encore l’anglais, servant aux pluriel et à ce qui n’est pas un être humain – dans la langue française, par exemple, le genre neutre a été supprimé pour simplifier la langue, décidant que le genre neutre du latin serait utilisé uniquement pour l’utilisation du pluriel et des titres génériques tels que, par exemple, médecinS, président etc…).
Didier Maréchal & Christian Estevez