Les démocrates, soutenus par quelques républicains, ont uni leurs voix pour obtenir une majorité en faveur de l’abrogation d’une loi qui interdit tout avortement dès le moment de la conception, sauf en cas de danger pour la vie de la mère. (Source : Reuters).
La Chambre des représentants de l’Arizona a voté, ce mercredi 24 avril, l’abolition d’une loi de 1864 interdisant la quasi totalité des avortements, jugée applicable il y a deux semaines par la Cour suprême de l’Arizona, Etat clé sur le plan électoral.
Plusieurs républicains modérés ont joint leurs voix aux démocrates pour parvenir à une majorité pour l’abolition de cette loi qui interdit tout avortement dès le moment de la conception, sauf si la vie de la mère est en danger. Ni le viol ni l’inceste ne sont considérés comme des exceptions valables, selon la loi abolie qui a suscité une vive controverse dans le pays, étant condamnée par Joe Biden mais également critiquée de façon plus modérée par Donald Trump.
Restée en sommeil depuis des décennies, cette loi « est désormais applicable », selon une décision rendue le 9 avril dernier par la Cour suprême d’Arizona. Cet arrêt prend acte du revirement de jurisprudence de la Cour suprême des Etats-Unis d’Amérique qui a annulé, en juin 2022, la garantie fédérale du droit à l’avortement. Depuis cette décision redonnant aux Etats toute latitude pour légiférer dans ce domaine, une vingtaine ont interdit ou sévèrement restreint l’accès à l’IVG.
La procureure générale de l’Arizona, la démocrate Kris Mayes, a toutefois prévenu de longue date qu’elle n’engagerait aucune poursuite, mais cela pourrait changer au gré des scrutins puisque les procureurs sont élus aux Etats-Unis d’Amérique. La décision « de réimposer une loi datant d’une époque où l’Arizona n’était pas un Etat, où la Guerre civile faisait rage et où les femmes ne pouvaient même pas voter, restera dans l’Histoire comme une tache sur notre Etat », avait-elle déploré le 9 avril.
Les promoteurs d’une initiative populaire ont récemment annoncé avoir recueilli les signatures pour obtenir un référendum afin d’inscrire l’avortement dans la Constitution de l’Arizona. S’il est confirmé, ce vote devrait avoir lieu en même temps que la présidentielle de novembre prochain, comme ce sera par exemple le cas en Floride (Sud-Est), autre Etat décisif.
Une Cour suprême divisée s’est aussi penchée, ce même mercredi, sur l’interdiction quasi-totale de l’avortement par l’Etat de l’Idaho, dans le Nord-Ouest des Etats-Unis d’Amérique, pour déterminer si elle entre en conflit avec une législation fédérale sur les urgences médicales. C’est cette même institution dominée par les conservateurs qui a pulvérisé, en juin 2022, la garantie fédérale du droit à l’avortement, cassant une jurisprudence de plusieurs décennies.
L’Idaho, c’est l’un des Etats les plus sévères en matière d’interruption volontaire de grossesse (IVG) : l’avortement y est interdit sauf rares exceptions, comme en cas d’inceste ou de danger de mort imminent pour la femme enceinte. En dehors de ce cadre, toute personne pratiquant un avortement risque jusqu’à cinq ans de prison.
Cette dernière affaire est particulièrement suivie car elle pourrait avoir un impact sur des hôpitaux à travers le pays.
L’avortement est l’un des thèmes au cœur de la campagne pour la présidentielle du 5 novembre.
Didier Maréchal