Parlement européen : Ursula von der Leyen n’exclut pas une alliance de la droite avec le groupe de Giorgia Meloni

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui se présente pour un second mandat, a mis en avant ses réalisations tout en envisageant une collaboration avec le groupe toujours présenté « d’extrême-droite » de la dirigeante italienne, Giorgia Meloni, au Parlement européen.

La présidente actuelle de la Commission Européenne, Ursula Von der Leyen, également tête de liste du parti PPE pour les élections européennes, participait à son premier débat de campagne à Maastricht. Lors de ce premier débat paneuropéen de la campagne, elle a ouvert la voie à une éventuelle collaboration avec les eurosceptiques, tels que les « Fratelli de italia », de Giorgia Meloni.

La présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, a récemment lancé sa campagne électorale. Près de deux mois après avoir été choisie comme tête de liste par le Parti populaire européen (PPE, droite) pour les élections européennes du 6 au 9 juin, elle a participé à son premier débat à Maastricht le lundi 29 avril. Elle était accompagnée de sept autres candidats des principaux partis européens, notamment le socialiste luxembourgeois Nicolas Schmit, la libérale allemande Marie-Agnès Strack-Zimmermann, l’écologiste néerlandais Bas Eickhout et le candidat « d’extrême droite » danois d’ « Identité et démocratie » (ID) Anders Vistisen. Après avoir dirigé la Commission pendant quatre ans, l’ancienne ministre d’Angela Merkel, qui se présente également pour un nouveau mandat, était au centre des débats. Elle a été confrontée par ses adversaires sur divers sujets tels que le changement climatique, la question migratoire, les affaires étrangères – notamment la guerre à Gaza – et l’état de la Démocratie. C’est lors de cette dernière partie que Mme von der Leyen a suscité la surprise dans l’amphithéâtre rassemblant un millier d’étudiants.

Souvent attaquée de manière inhabituellement franche, par exemple sur ses hésitations des derniers mois quant aux ultimes textes verts de l’agenda législatif, Ursula Von der Leyen a créé l’émoi dans la salle en évoquant les alliances auxquelles elle était prête pour obtenir un second mandat. Si elle est reconduite par les Vingt-sept en juin, elle devra ensuite convaincre une majorité simple des eurodéputés.

Alors que la tête de liste des Verts, Bas Eickhout, lui demandait si elle était prête à coopérer avec les eurosceptiques du groupe ECR (qui compte dans ses rangs des partis « d’extrême droite » comme « VOX » en Espagne), Ursula von der Leyen leur a laissé une porte ouverte. « Cela dépend de la composition du parlement européen. Cela dépend de quel parti siège dans quel groupe ».

La majorité de la législature sortante (conservateurs du PPE, socialistes, centristes de Renew) devrait obtenir moins de sièges dans le prochain hémicycle. Même si elle reste numériquement au-dessus du seuil de la majorité simple, elle devrait être moins stable , vulnérable à des défections sur certains dossiers.

Nicolas Schmit, chef de file des socialistes, a immédiatement questionné cette réponse qui l’a visiblement choqué. « Les valeurs européennes et les droits des Européens ne peuvent pas être bradés en fonction d’arrangements politiques », a-t-il répliqué. Le groupe ECR pourrait être rejoint, après le scrutin de juin, par les eurodéputés du « Fidesz » du Premier ministre hongrois Viktor Orban.

« Cordon sanitaire« 

Depuis plusieurs mois, Ursula von der Leyen multiplie les rencontres et les voyages avec la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, présidente du parti ECR .

Interrogée par la candidate des libéraux, l’Allemande Marie-Agnes Strack-Zimmermann, sur une possible collaboration avec les eurodéputés de l’AfD allemande, membre du groupe ID (classés subjectivement mais officiellement encore plus à droite que l’ECR), Ursula von der Leyen s’est cette fois récriée « non, absolument non ». Le groupe ID abrite notamment le Rassemblement national et le FPÖ autrichien, annoncé en tête des législatives de l’automne à Vienne.

Dans la dernière législature, les autres eurodéputés avaient maintenus un « cordon sanitaire » avec le groupe ID, maintenu à l’écart. Son représentant au débat de Maastricht, Anders Vistisen, a multiplié les provocations tout au long des joutes, qui ont duré 1 h 30 au total. Il a par exemple renvoyé les socialistes au scandale du Qatargate quand plusieurs orateurs ont rappelé les liens financiers de plusieurs élus du groupe ID avec la Russie.

Solution à deux Etats

Nicolas Schmit a assuré que les leçons avaient été tirées de l’affaire de corruption initiée par le Qatar et le Maroc. Ursula von der Leyen a souligné pour sa part que « nous ne devrions pas nous laisser distraire des vrais problèmes, à savoir les affidés de Putin, dont nous avons un spécimen ici ce soir ». Une attaque contre son voisin de podium Anders Vistisen.

Au sujet du conflit Israël-Hamas, Ursula von der Leyen, critiquée en octobre dernier pour son soutien initialement inconditionnel à Israël, a indiqué, ce lundi 29 avril, que « la seule solution qui peut faire revenir la paix, c’est la solution à deux Etats ».

Pressée de définir ses « lignes rouges », elle a simplement indiqué qu’un assaut sur Rafah serait « complètement inacceptable » et la pousserait à se « réunir avec les Etats membres pour agir en conséquence ».

Didier Maréchal

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