Impliqué dans un accident d’hélicoptère, le président iranien, Ebrahim Raïssi, est décédé ce dimanche 19 mai. Son corps, ainsi que celui du ministre des Affaires étrangères, ont été retrouvés. Une enquête a été ouverte.
Un hélicoptère en morceaux et neuf corps sans vie ont été récupérés dans une zone escarpée du Nord-Ouest de l’Iran. Parmi les victimes se trouve le président ultraconservateur Ebrahim Raïssi.
Ebrahim Raïssi est mort après avoir rencontré, dimanche matin, son homologue azéri, Ilham Aliev, à l’occasion de l’inauguration d’un barrage sur la rivière Araxe, le long de la frontière avec l’Azerbaïdjan. Son hélicoptère s’est écrasé dans un épais brouillard, alors qu’il se dirigeait vers la ville de Tabriz, où il devait visiter une raffinerie de pétrole.
Une enquête a été lancée pour déterminer les causes de l’accident, et un journaliste iranien a évoqué les mauvaises conditions météorologiques. Le lundi 20 mai, une manifestation en hommage au président défunt a été organisée par le gouvernement dans les rues de Téhéran. Le Guide suprême, l’ayatollah Khamenei, a rapidement cherché à rassurer la population. « Ne vous inquiétez pas, il n’y aura pas de perturbation dans l’administration du pays », a-t-il déclaré.
Un deuil national de cinq jour, à compté de ce lundi 20 mai, a été décidé. La cérémonie funéraire en hommage au président iranien et aux personnes qui l’accompagnaient, dont l’influent ministre des affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a commencé ce mardi 21 mai au matin à Tabriz. Les corps seront ensuite transférés à Téhéran et dans la ville religieuse de Qom pour une procession funèbre. La dépouille mortelle du président sera inhumée dans sa ville natale, Machhad, dans l’Est du pays.
Téhéran face à un double défi
La mort, à 63 ans, du président iranien, Ebrahim Raïssi, dans un accident d’hélicoptère, le 19 mai, ouvre une période d’incertitude politique en Iran, au moment où le Moyen-Orient est secoué par la guerre à Gaza et alors que se profile la succession du Guide suprême de la République islamique, Ali Khamenei, âgé de 85 ans.
La République islamique va devoir présenter un possible remplaçant à Raïssi lors du scrutin prévu le 28 juin et envisager la succession du Guide suprême, Ali Khamenei, 85 ans, alors que le président défunt était pressenti.
En tant que président de l’Iran, Ebrahim Raïssi avait toutefois davantage un rôle d’exécutant et s’occupait des affaires courantes iraniennes, le véritable maître du pays étant l’ayatollah Ali Khomenei, depuis 1989. Le Guide suprême de la République islamique iranienne est aussi le chef des armées. Selon la Constitution, le vice-président, Mohammad Mokhbér, devrait assurer l’intérim. Il dirigera l’Iran pendant 50 jours avant l’organisation de nouvelles élections.
Au cours des prochaines semaines, les candidatures à l’élection présidentielle devront recevoir l’aval du Guide suprême, d’un Conseil restreint, et des « Gardiens de la révolution ».
Condoléances et hommage onusien honteux
Réputé pour être ultraconservateur, Ebrahim RaÏssi était surnommé le « bourreau », le « boucher de Téhéran » ou encore « le visage dur de l’Iran ». En tant que procureur, Ebrahim Raïssi avait supervisé l’exécution de centaines de prisonniers politiques en 1988 à Téhéran par des « comités de la mort », sortes d’inquisitions composées de procureurs, mais aussi de juges religieux qui devaient décider du sort de milliers de détenus dans le cadre de procès arbitraires. On estime qu’au moins 5 000 personnes ont perdu la vie dans ce cadre. Sous sa présidence, toutes les branches du pouvoir en Iran sont placées sous le contrôle de partisans de la ligne dure, fidèle à l’ayatollah Ali Khamenei.
Encore ces dernières années, Ebrahim Raïssi était le « pilier d’un système qui emprisonne, torture et tue les personnes qui osent critiquer les politiques de l’État », selon Hadi Ghaemi, directeur exécutif du Centre pour les droits de l’homme en Iran (CHRI), organisation de défense des droits Humains. Ces derniers mois, alors qu’Israël et le Hamas sont en guerre, Ebrahim Raïssi avait apporté ouvertement son soutien au groupe terroriste islamique palestinien et son opposition pour l’État hébreu, ennemi de la République islamique. Il avait notamment défendu la lourde attaque de drones et de missiles lancée par l’Iran le 13 avril contre Israël.
Malgré ce funeste « CV, », le Conseil de sécurité de l’ONU a observé, ce lundi 20 mai, une minute de silence en mémoire du président iranien Ebrahim Raïssi et de son ministre des Affaires étrangères. Le Conseil « présente ses condoléances et sa sympathie à leurs familles et au peuple de la République islamique d’Iran », a osé déclarer l’ambassadeur du Mozambique Pedro Comissario Afonso, président en exercice, avant que tous les représentants se lèvent, y compris l’ambassadeur états-unien adjoint, Robert Wood.
Joseph Kouamé & Christian Estevez