France : une fille de 12 ans violée parce que juive, à Courbevoie, deux adolescents de 12 à 13 ans arrêtés – ce que l’on sait de l’affaire de violences antisémites

Le week-end dernier, à Courbevoie (Hauts-de-Seine), une jeune fille de 12 ans a été victime de viol et de violences antisémites motivés parce qu’elle est juive. Deux adolescents ont été mis en examen. (Source : AFP).

Trois adolescents, âgés de 12 et 13 ans, sont suspectés de viol collectif, de menaces de mort, d’injures et de violences antisémites envers une jeune fille de 12 ans. Les faits ont eu lieu samedi 15 juin, dans les Hauts-de-Seine, près de Paris.

Une jeune fille juive de 12 ans a été violée et menacée de mort, samedi 15 juin dernier à Courbevoie (Hauts-de-Seine). Trois adolescents de 12 et 13 ans ont été interpellés ce lundi 17 juin. Deux d’entre eux ont été mis en examen, pour viol aggravé. Le troisième a été placé sous le statut de témoin assisté. Tous les trois sont aussi poursuivis pour agression sexuelle en réunion, tentative d’extorsion, menace de mort réitérée, et violences et injures aggravées, du fait de l’appartenance de cette jeune fille à une religion. Les deux mineurs les plus âgés ont été placés en détention provisoire. Le plus jeune fait l’objet d’une mesure éducative judiciaire provisoire.

Lors du Conseil des ministres, aujourd’hui (mercredi 19 juin), le président de la République, Emmanuel Macron, a demandé qu’un « temps d’échanges » sur le racisme et l’antisémitisme soit organisé dans les écoles.

Les faits se sont déroulés samedi dernier, en début de soirée, selon une source policière à « franceinfo ». D’après le récit de la victime, les suspects l’ont rejointe dans un parc à proximité de son domicile. Les trois adolescents, dont l’un était son « ex-petit ami », l’ont entraînée dans un hangar. La jeune fille affirme que ses agresseurs l’ont traitée de « sale juive » et lui ont demandé « pourquoi elle ne disait pas qu’elle était juive », a appris « franceinfo » de source proche de l’enquête. L’adolescente lui a répondu vouloir « se protéger » d’une éventuelle agression. Ils l’ont menacée de la brûler, l’ont insultée et frappée, avant de la violer tous les trois, l’un après l’autre. Selon la victime, l’un des agresseurs a filmé la scène.

La jeune fille a été prise en charge par les sapeurs-pompiers et transportée à l’unité médico-judiciaire de Garches (Hauts-de-Seine), d’après l’AFP. A la suite de ces dénonciations, une enquête en flagrance pour viol aggravé sur mineur de 15 ans a été ouverte. Les investigations ont d’abord été confiées au commissariat de Courbevoie, puis, dès le lendemain, à la Brigade territoriale de protection de la famille des Hauts-de-Seine.


Trois garçons de 12 et 13 ans mis en cause

L’enquête a permis d’interpeller et de placer en garde à vue, lundi, en milieu de journée, deux mineurs âgés de 13 ans. Un troisième pré-adolescent plus jeune, âgé de 12 ans, a lui été placé en retenue, comme le prévoit la loi pour de jeunes mineurs.

Présentés à un juge d’instruction mardi après-midi, deux d’entre eux sont, dans le cadre d’une information judiciaire, mis en examen pour viol aggravé, agression sexuelle, tentative d’extorsion et violences commises en réunion, sur mineur de 15 ans, ainsi que pour atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l’image d’une personne présentant un caractère sexuel, menace de mort réitérée et injure, « à raison de la religion », la victime étant de confession juive. Une circonstance aggravante uniquement retenue pour les insultes et menaces de mort, et non pour le viol et les agressions sexuelles. Ces deux mineurs ont été placés en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention.

Le troisième garçon, âgé de 12 ans, a été placé sous le statut de témoin assisté concernant les faits de viol, mais il est mis en examen pour le reste des infractions. Il fait l’objet d’une mesure éducative judiciaire provisoire.

La « communauté juive » fait part de son « immense émotion »

« Nul ne saurait être dédouané face à ce déferlement antisémite sans précédent », a commenté, sur le réseau social « X », le grand rabbin de France, Haïm Korsia, qui se dit « horrifié ». Le président du Consistoire central, Elie Korchia, a exprimé, mardi soir, dans un tweet, son « soutien à cette jeune victime, de confession juive, qui a subi un viol et des agressions insupportables ». Il déplore « un crime sexuel sordide et ignoble qui nous émeut profondément ».

Sur le même réseau social, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dit son « immense émotion face au viol tragique de cette jeune fille ». Le Crif assure qu’il suivra « avec vigilance tous les développements de cette affaire extrêmement inquiétante ».

Le collectif « Nous Vivrons », né au lendemain de l’attaque sanguinaire du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, appelle à manifester à Paris ce mercredi à 18h30, pour « condamner le viol antisémite de cette jeune fille ». « Le viol est un outil de destruction au service de la haine et lorsque des enfants violent des enfants, c’est aussi la société tout entière qui doit se poser la question de sa responsabilité face à la violence, l’antisémitisme et la misogynie à l’œuvre dans notre pays », a réagi, de son côté, « la Fondation des femmes ».

De multiples réactions politiques

Alors que cette affaire surgit en pleine campagne pour les législatives anticipées, les responsables politiques n’ont pas manqué de commenter et de condamner les faits. Le maire « Les Républicains » (LR) de Courbevoie, Jacques Kossowski, est le premier à avoir réagi. « C’est un acte abject, on ne peut pas penser que ça existe encore », a-t-il déclaré à l’AFP. « Ce que j’espère, c’est que la justice puisse condamner fermement ces agresseurs, quel que soit leur âge », a poursuivi l’édile.

« Viol, antisémitisme : tout est abominable dans ce crime », a réagi la ministre de l’Education nationale, Nicole Belloubet. Sylvain Maillard, ex-président du groupe « Renaissance » (prti présidentiel) à l’Assemblée Nationale, a confié son « horreur devant ce viol antisémite ». « L’antisémitisme doit être combattu dès le plus jeune âge et puni sévèrement », a-t-il martelé.


Toute honte bue, la gauche qui s’est réuni sous le nom de « Nouveau Front Populaire », y compris avec les partis d’extrême gauche antisémite « La France Insoumise » (LFI) et « Nouveau Parti Anticapitaliste » (NPA), s’est exprimé pour dénoncer cet acte odieux. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure a sournoisement fustigé le « fléau » de « la haine antisémite ». « La lutte contre l’antisémitisme doit être menée sans faiblesse et sans répit », a-t-il insisté. Même hypocrisie : « Les mots me manquent devant ce récit d’horreur », a réagi, mercredi, la patronne des « Verts », Marine Tondelier. « L’antisémitisme, les violences faites aux femmes, sont des plaies béantes de notre société. Nous devons regarder cette réalité en face et agir résolument », a-t-elle écrit sur le réseau social « X ».

Dans la foulée, le député sortant de la Somme, François Ruffin, a aussi dénoncé, sur « X », un « horrible viol antisémite ». « Ce crime odieux doit nous percuter au plus profond, sur ce qu’il révèle : le machisme crasse de jeunes hommes pour qui le corps des femmes est une chose, qui leur appartient », a-t-il lancé. « Horrifié par ce viol à Courbevoie et tout ce qu’il met en lumière concernant le conditionnement des comportements masculins criminels dès le jeune âge, et du racisme antisémite ». Encore plus pourri comme attitude, purement électoraliste, Jean-Luc Mélenchon a fait une déclaration dans la même veine, lui qui est régulièrement accusé, à juste titre, de propos ambigus sur l’antisémitisme.

Ses propos ont d’ailleurs provoqué une réaction chez Marine Le Pen, qui s’est également exprimée sur « X ». La cheffe de file du Rassemblement National a dénoncé « l’agression antisémite et le viol d’une enfant de 12 ans », avant de critiquer « la stigmatisation des juifs depuis des mois par l’extrême gauche à travers l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien ». « Chacun devra en avoir pleinement conscience les 30 juin et 7 juillet », a conclu la responsable du parti de droite nationaliste, en référence aux dates du premier et du second tour des législatives anticipées.

Didier Maréchal & Christian Estevez

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