Julian Assange est « libre » après un accord trouvé avec la justice états-unienne

Le lanceur d’alerte, Julian Assange a quitté, lundi 24 juin, le Royaume-Uni à bord d’un avion. Il a négocié un accord de plaider-coupable avec la justice états-unienne qui réclamait son extradition. Le fondateur de « WikiLeaks » comparaîtra ce mercredi 26 juin, devant un tribunal fédéral des îles Mariannes, territoire états-unien du Pacifique. (Source: AFP).

Julian Assange est « libre » et a quitté le Royaume-Uni Ce lundi 24 juin à bord d’un avion, après avoir négocié un accord de plaidoyer avec la justice états-unienne, qui réclamait son extradition, a annoncé son organisation, « WikiLeaks ». Accusé d’avoir divulgué des centaines de milliers de documents confidentiels (dont des exécutions sommaires par tireurs d’élites embusqués de journalistes et de massacres de civils, par les Etats-Unis d’Amérique, en Irak), cet Australien de 52 ans doit comparaître ce mercredi 26 juin, à 9 heures (heure locale) devant un tribunal fédéral des îles Mariannes, territoire états-unien du Pacifique, selon des documents judiciaires rendus publics dans la nuit de lundi à mardi.

« Julian Assange est libre » et a quitté le Royaume-Uni et la prison de haute sécurité proche de Londres où il était incarcéré depuis 2019, pour embarquer dans un avion privé à l’aéroport de Stansted, a précisé, peu après, « WikiLeaks », se félicitant qu’il puisse retrouver sa femme, Stella Assange, et leurs enfants, « résultat d’une campagne mondiale ».

L’organisation a ensuite diffusé une vidéo de 13 secondes montrant Assange montant l’escalier de l’avion. L’appareil est attendu à Bangkok mardi vers 11 h 50 pour se ravitailler en carburant et en eau, puis doit redécoller pour Saipan, aux îles Mariannes, vers 21 heures, selon un responsable thaïlandais sous couvert d’anonymat.

Poursuivi pour « complot en vue d’obtenir et de divulguer des informations relatives à la défense nationale », Assange devrait plaider coupable de ce seul chef, selon les documents judiciaires publiés, qui mentionnent également Bradley Manning (appelé Chelsea depuis son « changement de sexe), le militaire états-unien à l’origine de cette fuite massive. Il devrait être condamné à soixante-deux mois de prison, une peine déjà largement purgée en détention provisoire à Londres, ce qui lui permettrait de retourner libre en Australie.

« Julian est libre !!! » s’est exclamée son épouse Stella Assange, exprimant une « immense gratitude » envers ceux qui se sont mobilisés «depuis des années » pour sa libération. « Je suis reconnaissante que le calvaire de mon fils touche enfin à sa fin. Cela montre l’importance et le pouvoir de la diplomatie discrète », a déclaré sa mère, Christine Assange, dans un communiqué diffusé par les médias australiens. « Beaucoup ont utilisé la situation de mon fils pour promouvoir leur propre cause. Je suis donc reconnaissante envers les personnes invisibles et travailleuses qui ont fait passer le bien-être de Julian en premier », a-t-elle ajouté.

Le gouvernement australien a également commenté ce dénouement, estimant que l’affaire Assange avait « traîné en longueur depuis trop longtemps » et que son maintien en détention ne présentait plus aucun intérêt.

Cet accord met fin à une saga de près de quatorze ans. Il est intervenu alors que la justice britannique devait examiner, les 9 et 10 juillet prochains, un recours de Julian Assange contre son extradition vers les États-Unis d’Amérique, approuvée par le gouvernement britannique en juin 2022.

Assange risquait jusqu’à 175 ans de prison pour avoir divulgué plus de 700 000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques états-uniennes, notamment les crimes de guerres en Irak et en Afghanistan. Parmi ces documents figurait une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l’agence britannique « Reuters », tués par un hélicoptère de combat états-unien, en Irak, en juillet 2007. Visé par 18 chefs d’accusation, il encourait théoriquement jusqu’à 175 ans de prison en vertu de la loi sur l’espionnage.

Bradley Manning, quant à lui, avait été condamné en août 2013 à trente-cinq ans de prison par une cour martiale, mais libéré au bout de sept ans après commutation de sa peine par le président Barack Obama.

Dernier rebondissement dans cette affaire devenue un symbole des menaces pesant sur la liberté de la presse pour ses partisans, deux juges britanniques avaient accordé, en mai de cette année, à Julian Assange le droit de faire appel contre son extradition. Cet appel devait notamment porter sur la question de savoir s’il bénéficierait de la protection de la liberté d’expression en tant qu’étranger dans le système juridique états-unien qui, comme très peu de gens le savent, manipulés par la propagande pro-états-unienne, reconnait très peu de droits – dont même pas une de ceux considérés mondialement comme « fondamentaux » – aux étrangers jugés sur son territoire.

Le fondateur de « WikiLeaks » avait été arrêté par la police britannique en avril 2019, après sept ans passés dans l’ambassade d’Équateur à Londres pour éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite la même année car immédiatement comprise comme étant une fausse accusation permettant de l’envoyer en Suède, pays qui est, depuis des décennies, l’un des plus grands vassaux des Etats-Unis d’Amérique, et qui, de fait, l’aurait extradé, sans assurance de garanties pour un jugement équitable, à son suzerain états-unien.

Depuis, les appels se sont multipliés pour que le président des EUA, Joe Biden, abandonne les charges contre lui. L’Australie a présenté une demande officielle en ce sens en février dernier, que Joe Biden a dit examiner, suscitant l’espoir chez les soutiens de Julian Assange.

Didier Maréchal & Christian Estevez

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