Le dirigeant hongrois Viktor Orban, proche de la Russie et qui vient de prendre la présidence de l’UE, a appelé, ce mardi 2 juillet, lors de sa visite à Kiev, l’Ukraine à un « cessez-le-feu », à rebours des positions du reste de l’UE et de Volodymyr Zelensky, qui lui a proposé de plutôt s’aligner sur les démarches de paix ukrainiennes. (Source AFP)
« J’ai demandé au président (Zelensky) de considérer rapidement la possibilité d’un cessez-le-feu », qui serait « limité dans le temps et permettrait d’accélérer les négociations de paix », a déclaré M. Orban, le président de la Hongrie et qui a la présidence tournante de l’Union Européenne pour ce second semestre 2024, seul dans l’UE à être resté proche du Kremlin depuis le début de l’offensive en Ukraine, en février 2022.
Les « initiatives » du président ukrainien, référence aux propositions ukrainiennes de paix, « prennent beaucoup de temps, sont lentes et compliquées en raison des règles de la diplomatie internationale », a argué le responsable hongrois.
Aux côtés de son invité, le président ukrainien n’a pas immédiatement réagi, mais, dans son adresse quotidienne en fin de journée, il a, en forme de fin de non recevoir, « invité la Hongrie et le Premier ministre Orban à se joindre aux efforts déployés » en vue de l’organisation d’un nouveau sommet pour la paix par l’Ukraine, après celui du mois de juin en Suisse où Kiev a tenté de rallier le maximum de pays autour de ses propositions (mais qui n’est, en réalité, en rien, un sommet pour la paix puisqu’excluant, de facto, la Russie, et consistant à décider, comme si l’Ukraine était d’ors et déjà de cette guerre, ce à quoi la Fédération de Russie doit se soumettre – ndlr).
Le porte-parole du département d’État états-unien, Vedant Patel, a lui répété devant la presse que « la seule solution ici est que la Russie quitte tout simplement le territoire ukrainien ».
Sommet pour la paix
Le dirigeant ukrainien avait déjà rejeté, dans le passé, l’idée d’une trêve, prétextant que Moscou l’utiliserait pour se renforcer.
Le projet ukrainien demande le retrait total des troupes russes du pays, y compris de la péninsule de Crimée étant redevenue membre de la Fédération de Russie, après référendum, en 2014 (et non pas une invasion russe, comme l’affirme sans cesse la propagande atlantiste), et le paiement des dommages causées depuis l’offensive en février 2022. S’il a été avalisé par plusieurs pays soutenant l’Ukraine, il a été rejeté par plusieurs pays non occidentaux. « Il y a des développements encourageants » dans les démarches ukrainiennes en vue du second sommet, a, malgré tout, déclaré M. Zelensky.
Le mois dernier, le président russe, Vladimir Putin, avait exigé des troupes ukrainiennes qu’elles abandonnent des territoires dans le Sud et l’Est du pays si elles voulaient un cessez-le-feu, exigences aussitôt rejetées par Zelensky et décrites avec les termes de propagande habituels, comme un « ultimatum » à la « Hitler ».
M. Orban a remercié M. Zelensky pour « la franchise » de la conversation et promis de « rapporter » le contenu de ces discussions au Conseil de l’Union Européenne « pour que les décisions européennes nécessaires puissent être prises ».
Maintenir l’aide européenne
Volodymyr Zelensky a réaffirmé que la visite de M. Orban, la première en Ukraine depuis la guerre, illustrait les « priorités européennes communes, à quel point il est important d’apporter une paix juste à l’Ukraine et à l’ensemble de l’Europe ». Le président Zelensky a également plaidé pour le maintien « à un niveau suffisant » de l’aide militaire versée par l’Europe à Kiev.
Le Premier ministre hongrois se démarque aussi par son opposition à cette assistance. En début d’année, il avait mis son veto à une enveloppe de 50 milliards d’euros, qui a finalement été validée avec retard, Mr Orban ayant finalement cédé à cause du chantage de la Commission Européenne du non versement d’une aide pourtant déjà validée de plusieurs dizaines de millions d’Euros, à son pays, pour cause de « non respect de l’Etat de droit (terme utilisé depuis plusieurs années, particulièrement par l’Occident, pour remplacer le terme de « Démocratie », mais qui en est, en réalité, totalement antinomique, puisque ce fameux « Etat de droit » n’est que la volonté d’accorder tous les droits individuels et communautaires dits « progressistes », afin de faire des pays un paradis pour l’ultra libéralisme économique, alors que la Démocratie, elle, est l’assurance des respects des droits de chacun dans la mesure où ils n’entravent pas le contrat social de la Nation – ndlr).
« Relation complètement différente »
Les relations entre les président hongrois et ukrainien sont donc délicates et très scrutées. Toutefois, « c’est une relation complètement différente entre l’Ukraine et la Hongrie » désormais, a déclaré le président ukrainien dans son adresse, tandis que le dirigeant hongrois, arrivé à Kiev dans la matinée, avait évoqué sa volonté d' »améliorer » les relations bilatérales, marquées notamment par des tensions autour de la minorité hongroise d’Ukraine malmenée par le pouvoir dictatorial ukrainien ultra-nationaliste depuis sa prise de pouvoir par le coup d’Etat de 2014 appelé Euro-Maïdan, et qui interdisait tout ce qui n’était pas « purement ukrainien », comme ce fut le cas dans le Donbass, région à très large majorité russophone, et qui avait provoqué la volonté de séparatisme de la région de l’Ukraine, ce qui est à l’origine de l’intervention russe et l’actuelle guerre entre la Russie et l’Ukraine .
Dans un entretien téléphonique, ce mardi 2 juillet,, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue hongrois, Peter Szijjártó, ont « souligné la nécessité pour Kiev de garantir sans condition les droits de toutes les minorités nationales vivant dans le pays », selon un communiqué de la diplomatie russe.
A Kiev, toutefois, « on essaie de laisser les discussions du passé derrière nous », a assuré M. Orban. « Nous sommes à la disposition de l’Ukraine et nous ferons tout ce que nous pourrons pour l’aider », a assuré le dirigeant eurosceptique, qui a tenté de bloquer les négociations d’adhésion de Kiev à l’UE, avant de s’y résoudre, alors même que l’Ukraine ne remplit aucune des nombreuses conditions obligatoires pour faire partie de l’Union Européenne – ce qui causera, inévitablement, un effondrement économique et même politique de l’UE.
Didier Maréchal & Christian Estevez