En France, arrêté en raison de comportements suspects en ligne, un garçon de 12 ans est poursuivi en justice pour apologie du terrorisme. (Source : AFP)
En France, un garçon de 12 ans et demi, dont les activités en ligne ont attiré l’attention des autorités, est poursuivi pour apologie du terrorisme et a été placé sous mesure judiciaire éducative provisoire, a annoncé le procureur de Montbéliard, Paul-Édouard Lallois, ce mercredi 3 juillet.
Le garçon résidait à Sochaux (Doubs). Ses parents étant séparés, il vivait avec sa mère, ainsi que ses frères et sœurs. Enfant discret et introverti, il n’avait jamais attiré l’attention ni à l’école ni à l’extérieur, mais son activité en ligne a suscité l’intérêt des enquêteurs. Lors d’une conférence de presse, le procureur de Montbéliard a évoqué « une activité sur internet, sur plusieurs réseaux sociaux et plateformes de jeux vidéo en ligne, révélant un intérêt avéré et manifeste de ce mineur pour des contenus à tendance religieuse radicale », notamment des vidéos de tueries.
L’enquête a également « mis en évidence un intérêt accru pour les explosifs et les armes en général. ». « Le fil conducteur de toutes ces publications est véritablement l’islamisme radical, » a ajouté Paul-Édouard Lallois, qui a régulièrement échangé avec le Parquet national antiterroriste au sujet de cette affaire, ces dernières semaines.
Le magistrat s’est dit « sidéré » par certains des contenus consultés par le jeune garçon. Ce dernier a été interpellé il y a quelques jours et a reconnu les faits. « Ce qui est sans doute le plus notable c’est l’extrême jeunesse de cet enfant », a poursuivi le procureur. « J’avais vendredi face à moi un enfant, qui a beaucoup pleuré et sur lequel se posent un certain nombre de questions quant à sa véritable compréhension de ce qu’il pouvait consulter et de ce qu’il pouvait écrire à travers ses plateformes de jeux vidéo en ligne, ses réseaux sociaux ou ses messageries cryptées. » Les conclusions provisoires d’un expert psychiatre ont décelé une altération du discernement du garçon, a encore noté Paul-Édouard Lallois.
Le pré-adolescent est poursuivi pour « apologie publique d’acte de terrorisme commise au moyen d’un service de communication au public en ligne, via internet », et de l’infraction de « provocation directe à des actes de terrorisme ». Étant donné son jeune âge, le garçon ne pouvait pas être placé sous contrôle judiciaire. « Le juge des enfants lui a notifié son placement sous mesure judiciaire éducative provisoire (…) qui est la seule mesure possible sur un plan pénal pour un mineur de moins de 13 ans », selon le procureur.
« Il comparaîtra au fond devant le juge des enfants fin août. Compte tenu de son âge, c’est le juge des enfants seul qui a compétence pour juger ce mineur, pas un tribunal pour enfants dans sa formation collégiale », a encore précisé Paul-Édouard Lallois. Il est impossible de dire si le garçon serait un jour passé à l’acte, a noté le magistrat.
La mère de l’enfant et son compagnon ont été placés en garde à vue pour des vérifications mais mis hors de cause. Le père du garçon a également été entendu. Il s’est dit « choqué » de découvrir les faits reprochés à son fils. Lui aussi a été mis hors de cause. Le procureur a évoqué un « conflit parental manifeste », le père et la mère du garçon se renvoyant la faute.
Joseph Kouamé