Suite aux bombardements massifs de villes ukrainiennes par la Russie, un sommet de l’OTAN débute ce mardi 9 juillet à Washington afin de réaffirmer son soutien à Kiev, engagé dans un conflit avec Moscou depuis plus de deux ans. Mais l’orientation vers l’Asie des UEA inquiète l’Europe
L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) célèbre son 75e anniversaire lors du sommet de Washington, du 9 au 11 juillet. Après avoir renforcé leur présence en Europe, les états-uniens cherchent désormais à orienter leurs efforts vers l’Asie, une source d’inquiétude parmi les Alliés.
Lors du 75e sommet de l’OTAN présidé par Joe Biden à Washington, il est prévu qu’il n’y ait aucune dissension ni initiative individuelle, à l’exception de celles des États-Unis d’Amérique. Les trente-deux nations alliées devraient réitérer leur engagement à soutenir l’Ukraine, avec une promesse d’aide militaire annuelle de 40 milliards d’euros, tout en maintenant leur position de ne pas intégrer les Ukrainiens dans l’organisation transatlantique tant que les conditions requises, à savoir la résolution du conflit avec la Russie, ne seront pas remplies.
Les difficultés rencontrées par les formations d’Emmanuel Macron et d’Olaf Scholz, lors des élections européennes, les divergences avec les États-Unis d’Amérique concernant la Russie, et la possibilité d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche placent les pays de l’UE dans une position de vulnérabilité à l’approche du sommet de l’Alliance.
Au lendemain du second tour des législatives, seul Emmanuel Macron devrait être absent lors du sommet à Washington ce mardi 9 juillet, ayant retardé son arrivée en raison de la crise politique en France après la dissolution de l’Assemblée Nationale. Le président français, qui a évité une cohabitation avec le Rassemblement National, est prévu pour arriver mercredi, pour deux jours. Son absence, ce mardi soir, aux côtés de Joe Biden souligne le niveau d’affaiblissement non seulement de la France, mais aussi des Européens au sein de l’Alliance atlantique après trente mois de conflit en Ukraine. Samuel Faure, spécialiste des questions de défense à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, remarque : «Il y a cinq ans, quelques semaines avant les 70 ans de l’OTAN à Londres, Emmanuel Macron était apparu très sûr de lui, diagnostiquant la “mort cérébrale” de l’OTAN. Cinq ans plus tard, ce n’est plus le cas. »
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, traverse également une période politique délicate après le revers subi par le Parti social-démocrate aux élections européennes. De plus, ce scrutin des élections européennes a consolidé les formations qualifiées de « pro-russes » ou isolationnistes sur une grande partie du continent, notamment en France.
En outre, les deux dirigeants européens divergent sur la question cruciale pour l’Alliance : la trajectoire de l’Ukraine vis-à-vis de l’OTAN, alors que la Russie contrôle près d’un cinquième de son territoire et que les combats se poursuivent. L’Allemagne se range du côté des États-Unis d’Amérique, en refusant l’adhésion de Kiev à l’OTAN, pour éviter une escalade avec le Kremlin. En revanche, la France, soutenue par la plupart des États d’Europe Centrale et le Royaume-Uni, plaide en faveur d’une voie vers l’intégration atlantique de l’Ukraine – ce que les statuts de l’OTAN ne permettent pourtant pas, précisant bien qu’un pays ne peut intégrer l’Alliance atlantique que s’il n’est pas en conflit avec un autre pays.
Didier Maréchal