Qu’est-ce que le syndrome de Noé qui pousse à accumuler les animaux de compagnie ?

Connue également sous le nom de « animal hoarding », le syndrome de Noé est un trouble mental où les individus accumulent compulsivement des animaux de compagnie. Ces personnes ne sont pas en mesure de prendre soin de ces animaux ni de garantir leur bien-être. Ce trouble est souvent déclenché par un traumatisme émotionnel, entraînant un isolement et une détresse psychologique significative chez les personnes touchées.(Avec TF1).

Ce syndrome tire son nom de l’histoire biblique de l’Arche de Noé. Il se caractérise par l’accumulation compulsive d’un grand nombre d’animaux à domicile, notamment des chiens, des chats, des cochons, des poules et parfois même des chevaux. Cependant, les personnes touchées ne disposent pas des moyens nécessaires pour héberger, nourrir, soigner ou assurer un niveau d’hygiène adéquat à tous ces animaux.

En avril 2024, un couple d’Aubagne a été condamné à deux ans de prison pour avoir négligé de nombreux animaux. Ils résidaient dans une propriété où plus d’une centaine de chats et de chiens ont été découverts vivant dans des conditions déplorables, certains étant retrouvés dans un état cadavérique. En 2023, les forces de l’ordre avaient découvert pas moins de 120 chats très dénutris, ainsi que des cadavres, dans un appartement niçois. Selon les psychologues, cette accumulation est qualifiée de syndrome de Noé. Initialement, les propriétaires de ces animaux ne cherchent pas à maltraiter ceux qu’ils accumulent, mais ils se retrouvent rapidement dépassés et incapables de subvenir à leurs besoins. Cela entraîne inévitablement des cas de maltraitance ou d’abandon involontaires.

Interrogé par Santé Magazine, le psychologue Samuel Mergui, explique qu’il y a une « dimension obsessionnelle dans le syndrome de Noé » dans le syndrome de Noé. Cependant, il ajoute que le traitement de ce syndrome est « particulièrement compliqué en raison du déni et du caractère compulsif de leur comportement en lien avec une angoisse profonde de morcellement ». Ces personnes sont par ailleurs persuadées qu’en accueillant ces animaux chez eux, ils seront plus en sécurité.

Un traumatisme profond

Comme le syndrome de Diogène, le syndrome de Noé fait partie des « troubles de la thésaurisation » dans le DSM V, le manuel de référence en psychiatrie. Dans le premier cas, la personne accumule des objets inutiles ou des défectueux. Le point commun ? Le motif d’accumulation n’est jamais très clair. En revanche, pour les spécialistes, ce syndrome est souvent causé par un traumatisme profond, comme la perte d’un parent, un divorce, un licenciement. Ce sont des personnes vivant dans un état de détresse si profond qu’ils vivent en isolement. Accumuler les animaux permettrait de combler un vide ou un manque affectif. Le psychiatre et chercheur à l’université Nice-Côte d’Azur, Jérôme Palazzolo, interrogé par BFMTV, estime que ce syndrome « est nécessairement relié à une pathologie comme la schizophrénie, Alzheimer ou une dépression grave comme la dépression mélancolique ».

Ce syndrome peut entraîner des conséquences dramatiques pour la santé des animaux, mais aussi pour le propriétaire qui vit entourer d’urines et de matières fécales. La surpopulation animale peut engendrer des problèmes de santé, mais aussi d’endettement et d’appauvrissement, aggravant le sentiment d’isolement.

Tout comme pour les personnes souffrant du syndrome de Diogène, les malades ne se rendent pas compte de cette pathologie. Ils vivent dans le déni, non seulement des conditions difficiles pour les animaux, mais aussi du caractère pathologique de l’accumulation. Souvent, c’est l’entourage ou les voisins qui donnent l’alerte et tirent le signal d’alarme. Pour venir en aide d’une personne souffrant du syndrome de Noé, il est conseillé d’alerter la municipalité qui prendra des mesures pour saisir les animaux. Il est aussi possible de se rapprocher des associations œuvrant pour la protection et le bien-être des animaux. Quant au propriétaire, il sera pris en charge par des psychiatres et pourra se voir prescrire une thérapie cognitive et comportementale.

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