France : Huguette Bello à Matignon – Pourquoi cela bloque-t-il pour ce profil au sein du NFP?

Vendredi 12 juillet, le nom d’Huguette Bello a émergé à gauche comme candidate potentielle pour Matignon, après cinq jours de négociations infructueuses entre partenaires. Sa candidature a été proposée par le communiste Fabien Roussel et elle est soutenue par « La France insoumise » ainsi que, semble-t-il, par les écologistes.

« Il y a sur la table une proposition qui nous ferait honneur à tous. D’abord à notre pays, ensuite aux solutions politiques dont nous pensons qu’elle peut les exprimer et les incarner », a ainsi lancé Jean-Luc Mélenchon devant des militants réunis à Paris, ce vendredi 12 juillet au soir, en saluant cette femme de 73 ans, « une personne dont personne ne soupçonnera la droiture de vie et les engagements de longue main. »

Huguette Bello semble avoir toutes les « qualités » pour aider le NFP à sortir de ses longues négociations. Ancienne députée communiste, ex-soutien de François Hollande lors de la présidentielle de 2012, et désormais proche des « Insoumis », elle pourrait faire le lien entre les différentes factions, grâce à son expérience en tant que présidente de région depuis juillet 2021. Il reste cependant à convaincre le Parti socialiste.

Les roses tiennent un « conseil national » ce samedi 13 juillet pour soumettre une proposition aux « partenaires » de la coalition de gauche et des « modalités de désignation ». « À ce stade, le PS constate qu’il n’y a pas de consensus général qui se dégage au sein du Nouveau Front populaire », soulignait, la veille, l’eurodéputé Pierre Jouvet, secrétaire général du parti, à l’AFP.

En résumé, les socialistes ne soutiennent pas la candidature de la présidente de La Réunion pour Matignon. Ils insistent sur la candidature d’Olivier Faure, leur premier secrétaire, qu’ils estiment être le seul capable d’élargir le « Nouveau Front populaire » et de lui garantir une majorité relativement stable à l’Assemblée Nationale.

«Je veux bien qu’on fasse des propositions. Là, en l’occurrence, je ne pense pas que ça fera consensus. Je pense que c’est juste un élément de négociation pour pousser les uns et les autres », résumait ainsi la porte-parole du parti, Dieynaba Diop, vendredi soir sur BFMTV. Pour la nouvelle députée des Yvelines, le Premier ministre du Nouveau Front populaire doit pouvoir « parler à tout le monde », et elle n’est « pas certaine qu’Huguette Bello soit dans cette situation. »

La présidente de région à Matignon ? « C’est une proposition sérieuse pour des gens qui ne veulent pas gouverner », résume, acerbe, une source au sein du PS, alors que les communistes, « insoumis » et écologistes sont partants pour cette option.

Plus concrètement, les pontes socialistes mettent en avant le profil radical d’Huguette Bello, une ancienne communiste, proche désormais des » insoumis » au point de figurer en dernière position du bulletin de Manon Aubry pour les dernières élections européennes. Quand bien même son profil « républicain » était salué par de nombreux ministres au fil des années.

Passé déjà exhumé

C’est ainsi que l’on retrouve plusieurs éléments de langages, ce samedi matin, dans la bouche des élus du parti à la rose. Le mot d’ordre : insister sur la culture de gouvernement des socialistes, pour mieux l’opposer au profil d’Huguette Bello, jugé trop clivant.

« Le PS, une des forces centrales du NFP, qui a gouverné le pays à deux reprises, qui dispose de 33 départements, de la moitié des régions, des grandes communes, nous semble légitime », a ainsi soufflé la nouvelle députée de Paris, Céline Hervieu, ce samedi sur BFMTV, en évoquant de nouveau le profil d’Olivier Faure. Une tirade qui ressemble au catéchisme délivré par Pierre Jouvet la veille dans les colonnes du journal « Le Monde », au mot près.

Dans ce contexte, la présidente de La Réunion voit ressortir certaines de ses anciennes prises de position dans le débat politique. Plusieurs socialistes reprochent notamment à l’ancienne députée d’avoir refusé de prendre part au vote sur l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe, en 2013.

« Cette abstention sur le mariage pour tous pose question. Elle n’a pas voté non plus la loi de 2004 (sur l’interdiction du port de signes religieux à l’école) », a ainsi fait remarquer Céline Hervieu, sur BFMTV, en évoquant des « éléments en défaveur de sa candidature. » En réponse, les soutiens de la présidente de région précise qu’elle n’avait pas fait jouer la « clause de conscience » pourtant permise aux maires par François Hollande, et avait célébré le premier mariage entre deux hommes à La Réunion quelques mois plus tard.

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