Ce jeudi 18 juillet, Ursula von der Leyen a été réélue par la majorité des députés européens à la présidence de la Commission européenne, assurant ainsi la continuité des principales institutions de l’Union Européenne, et ce malgré ses affaires de dissimulations de contrats « Pfizer ».
Ce jeudi 18 juillet, Ursula von der Leyen a été confirmée à la présidence de la Commission européenne par un vote à bulletin secret.
Ce jeudi, Ursula von der Leyen a été réélue à la présidence de la Commission européenne pour un second mandat de cinq ans par le Parlement. Âgée de 65 ans, elle devait obtenir le soutien d’au moins 361 des 719 eurodéputés élus en juin dernier. Lors du vote à bulletins secrets, elle a obtenu 401 voix en sa faveur (284 contre, 15 abstentions, 7 nuls), dépassant ainsi largement la majorité absolue requise. Ce résultat est nettement supérieur aux prévisions, alors que certains observateurs s’attendaient à un résultat plus serré, contrairement à son élection en 2019 où elle avait été choisie avec seulement 9 voix d’avance.
Ce vote conclut plusieurs jours de négociations intenses à huis clos, au cours desquels la politicienne allemande a rencontré les principaux groupes du Parlement pour obtenir un maximum de soutien. Bien que les trois principaux groupes centristes – le Parti populaire européen (PPE), les Socialistes & Démocrates (S&D) et les libéraux de « Renew Europe » – semblaient avoir une majorité suffisante sur le papier, des désaccords internes ont rendu la situation plus incertaine. Pour renforcer cette majorité fragile, Ursula von der Leyen a cherché le soutien des « Verts » et des « Conservateurs et Réformistes européens » (CRE).
Son rapprochement avec la droite radicale du CRE, notamment les « Frères d’Italie » dirigés par la Première ministre italienne Giorgia Meloni, et le parti polonais « Droit et Justice » (PiS), a été controversé parmi les forces progressistes, qui y ont vu une menace pour la coalition centriste. Pour apaiser ces préoccupations, elle a promis « aucune coopération structurée » avec le groupe de Meloni et a réaffirmé son engagement envers les objectifs du « Pacte vert », malgré les critiques récentes de sa famille politique de centre-droit.
Le secret du vote ne permet pas de connaître les votes favorables ou défavorables à sa candidature, mais son discours de jeudi matin, qui a inclus plusieurs références à l’action climatique, suggère que les « Verts » ont joué un rôle clé dans son élection. « Nous avons obtenu des engagements sur le Pacte vert, en rendant l’UE plus juste socialement et en protégeant la démocratie », ont souligné les écologistes, confirmant ainsi leur soutien.
En revanche, le groupe CRE a signalé qu’une « grande majorité des délégations nationales » s’opposait à cette candidature, et les eurodéputés de Giorgia Meloni ont voté contre Ursula von der Leyen.
Les « Verts » ne sont pas les seuls à se réjouir de l’intervention d’Ursula von der Leyen ; tous les groupes centristes y ont trouvé des avantages. Son discours proposait des mesures appréciées par les socialistes, comme la création d’un nouveau poste de commissaire au Logement et un plan pour les droits des femmes, ainsi que des conditions exigées par les libéraux, qui réclament le respect de « l’État de droit » par les États membres en échange de fonds de l’UE.
Le PPE a vu de nombreux projets intégrés dans les directives de la présidente de la Commission, comme un Fonds européen de défense, un triplement du personnel de « Frontex », et une réduction de la bureaucratie pour soutenir les PME et la compétitivité. Ursula von der Leyen a également proposé un nouvel agenda visant à développer des « partenariats globaux » avec les pays méditerranéens, soit des accords financés par l’UE pour limiter l’immigration irrégulière.
Ses directives ne soutiennent pas explicitement la délocalisation des procédures d’asile, une idée avancée par le PPE dans son manifeste de campagne et toujours contestée par les progressistes. Toutefois, le document indique que l’exécutif « continuera de chercher de nouvelles méthodes pour lutter contre la migration irrégulière, tout en respectant le droit international et en garantissant des solutions durables et équitables pour les migrants ».
Ursula von der Leyen a donc su concilier ambition législative et réalisme politique, en apportant des garanties aux partis centristes sans les aliéner. Elle a aussi critiqué la « mission de paix » controversée du Premier ministre hongrois Viktor Orbán en Russie, la qualifiant, sous les applaudissements de l’assemblée, de « simple mission d’apaisement ». « L’Europe ne peut pas contrôler les dictateurs et les démagogues dans le monde, mais elle peut choisir de protéger sa propre démocratie », a-t-elle affirmé. « L’Europe ne peut pas décider des élections dans le monde, mais elle peut choisir d’investir dans la sécurité et la défense de son propre continent. L’Europe ne peut pas arrêter le changement, mais elle peut choisir d’y adhérer en investissant dans une nouvelle ère de prospérité et en améliorant notre qualité de vie », a-t-elle ajouté.
Le rejet de la candidate désignée par les chefs d’État et de gouvernement de l’UE aurait constitué un précédent inédit. Selon des diplomates anonymes, cela aurait pu entraîner une « crise institutionnelle » difficile à résoudre en l’absence d’alternatives crédibles. L’instabilité internationale, notamment les conflits en Ukraine et à Gaza, a renforcé la présidente sortante comme un symbole de continuité et de stabilité.
La prochaine étape sera l’audition des candidats proposés par chaque État membre pour les postes de commissaires européens, ainsi que la définition de la structure de la nouvelle équipe. Ce processus s’annonce complexe, de nombreuses capitales cherchant à obtenir des portefeuilles importants.
Une fois le Collège des commissaires constitué, il devra obtenir la confirmation du Parlement au cours de l’année. Si le vote est favorable, les 27 commissaires entreront en fonction et débuteront leur mandat.
Didier Maréchal