En 2018, des archéologues ont découvert un tombeau de la dynastie Tang (618-907) près de Taiyuan, capitale de la province de Shanxi, en Chine, lors de travaux routiers sur une colline .(Source : Science et vie)
En 2018, alors que des travaux routiers avaient lieu près de la ville chinoise de Taiyuan, un tombeau datant de la dynastie Tang (618 – 907) a été mis à jour. Le tombeau est décoré de fresques remarquables, dont l’un des éléments les plus intrigants est la représentation d’un homme blond, probablement d’origine occidentale, indiquant des échanges culturels significatifs le long de la Route de la Soie.
Les récentes découvertes archéologiques en Chine continuent de révéler des aspects fascinants de la dynastie Tang, une période de grande richesse culturelle et économique. En 2018, lors de travaux routiers à Taiyuan, des archéologues du « Shanxi Provincial Institute of Archaeology » ont mis au jour un tombeau orné de murales exceptionnelles datant du 8e siècle.
Ces fresques, étudiées en détail ces derniers mois, illustrent la vie quotidienne de l’époque et incluent une représentation surprenante d’un homme blond, possiblement un Sogdien d’Asie centrale. Cette découverte offre un nouvel éclairage sur les échanges culturels et commerciaux le long de la Route de la Soie durant la dynastie Tang. Elle enrichit également la compréhension des activités ordinaires de cette époque.

La vie quotidienne sous la Dynastie Tang
Les murales du tombeau de Taiyuan offrent une fenêtre exceptionnelle sur la vie quotidienne sous la dynastie Tang. Il se compose d’une seule chambre en brique, d’une porte et d’un couloir. Les scènes peintes ornent les murs du tombeau, la porte, le couloir et la plate-forme sur laquelle était déposé le cercueil. Seul le sol demeure sans représentation.
On y voit des hommes battant le grain, des femmes puisant de l’eau au puits, et la fabrication de nouilles, activités essentielles de l’époque. Ces scènes sont rendues dans un style artistique appelé « figure sous l’arbre», où des figures humaines exécutent diverses tâches sous des arbres magnifiquement détaillés. Ce style trouve son origine dans la dynastie Han (206 avant l’ère commune – 220 de l’ère commune). Il témoigne ici de sa popularité continue dans la région de Shanxi durant l’ère Tang.
En plus des scènes de la vie courante, les murales dépeignent des paysages naturels et de créatures mythiques. Le plafond en forme de dôme de la chambre est peint de ce qui pourrait être un dragon et un phénix. Ces derniers symbolisent le pouvoir et l’immortalité. Ces éléments fantastiques ajoutent une dimension spirituelle aux représentations quotidiennes.
Les figures humaines répétitives dans les fresques, souvent les mêmes hommes et femmes, laissent penser qu’elles illustrent les occupants du tombeau. Selon un article de l’agence de presse gouvernementale chinoise « Xinhua », une épitaphe trouvée sur place indique qu’il s’agit d’un homme de 63 ans et de sa femme, ce qui renforce cette hypothèse. Ces représentations détaillées et variées offrent une riche source d’information sur les coutumes, les vêtements, et les pratiques sociales et religieuses de la période Tang.

Une présence étrangère surprenante
Une murale du tombeau de Taiyuan a particulièrement retenu l’attention des chercheurs. Elle représente un homme blond et barbu, identifié comme probablement étant un Sogdien de l’Asie centrale. Cette identification, proposée par Victor Xiong selon « LiveScience », professeur d’histoire à l’Université Western Michigan, repose sur les traits distinctifs et les vêtements de l’homme.
Les Sogdiens constituaient un peuple commerçant important, vivant principalement dans les régions de l’actuel Tadjikistan et Ouzbékistan. Ils jouaient un rôle crucial dans le réseau de la Route de la Soie. Leur présence dans les murales chinoises de cette époque témoigne de la profondeur et de l’ampleur des échanges commerciaux et culturels entre la Chine et l’Asie centrale durant la dynastie Tang. Ces interactions ont permis non seulement l’échange de biens, mais aussi d’idées, de technologies et de personnes, enrichissant mutuellement les cultures des régions connectées par la Route de la Soie.
Les fresques décorant ces éléments ne sont pas seulement artistiques, mais aussi symboliques. Comme mentionné précédemment, elles représentent des gardiens et des scènes de la vie quotidienne. La présence de l’homme blond dans ce contexte suggère qu’il occupait peut-être une position significative. Soit il tenait un rôle dans les échanges commerciaux, soit il faisait partie intégrante de la société chinoise de l’époque.
Ce détail pourrait alors illustrer la diversité ethnique présente en Chine sous la dynastie Tang. Des étrangers pouvaient se voir intégrés et représentés dans des contextes aussi importants que des tombeaux. Cette découverte enrichit certainement la compréhension des dynamiques sociales et culturelles de l’époque. Elle met en lumière un aspect cosmopolite souvent sous-estimé de l’histoire chinoise ancienne.
Art et symbolisme sous la dynastie Tang
Les murales du tombeau de Taiyuan se distinguent par leurs contours prononcés et leurs ombrages simples sur un fond blanc. Cela constitue des caractéristiques du style artistique de la dynastie Tang. Ce style permet dès lors de mettre en valeur les scènes représentées tout en conservant une clarté visuelle. Près de la porte du tombeau, les «gardiens » sont peints vêtus de robes jaunes et armés d’épées. Ils symbolisent de fait la protection et la vigilance.
Long Zhen, directeur de l’Institut archéologique de la ville ancienne de Jinyang, a observé que ce style rappelle les peintures trouvées dans la tombe de Wang Shenzi. Il s’agit d’un souverain du 9e siècle. Ce point suggère une continuité et une influence stylistique à travers les siècles. Certaines conventions artistiques persistent au-delà de leur origine initiale, et s’adaptent à différents contextes funéraires.
Les fresques du tombeau de Taiyuan se concentrent sur des scènes de la vie ordinaire, plutôt que sur des événements historiques ou des figures célèbres. Elles offrent aux archéologues des informations sur les activités et le mode de vie des habitants de l’époque Tang.
En représentant des individus anonymes plutôt que des personnages historiques, ces murales mettent en lumière la réalité vécue par la majorité de la population. Cette dernière se voit souvent absente des grands récits historiques. Cette approche permet d’appréhender dans sa globalité la structure sociale, les rôles de genre, et les interactions communautaires. Elle enrichit ainsi notre vision de la société Tang au-delà des élites et des événements marquants.
Hélène de Branco