Le Parlement du Venezuela étudie un projet de loi « contre le fascisme » ce mardi 20 août, considéré par certains comme une atteinte aux libertés, alors que l’opposition conteste fortement la réélection de Nicolas Maduro à la présidence le 28 juillet dernier.
Depuis le 28 juillet dernier, le président Nicolas Maduro et son adversaire Edmundo Gonzalez Urrutia revendiquent chacun la victoire à l’élection présidentielle, provoquant une vague de manifestations à travers le pays réclamant le départ de Maduro.
Le Brésil et la Colombie appellent à de nouvelles élections, tandis que l’opposition refuse cette option, exigeant de prendre le pouvoir. Maria Corina Machado, cheffe de l’opposition, a déclaré : « Ignorer ce qui s’est passé le 28 juillet est un manque de respect pour les Vénézuéliens. La souveraineté populaire doit être respectée. »
Edmundo Gonzalez Urrutia, qui a remplacé Maria Corina Machado après qu’elle ait été déclarée inéligible, a également appelé Nicolas Maduro à respecter la volonté du peuple et à se retirer du pouvoir. Dans une vidéo sur les réseaux sociaux, il a affirmé : « Chaque jour où vous bloquez la transition démocratique, les Vénézuéliens souffrent davantage dans un pays en crise et sans liberté. »
Les opposants, dont Maria Corina Machado, se cachent actuellement, tandis que le parquet a ouvert une enquête contre eux pour « incitation à la désobéissance civile, insurrection et association de malfaiteurs. » Le procureur général, Tarek William Saab, a menacé de les inculper.
L’annonce de la réélection de Nicolas Maduro pour un troisième mandat a déclenché des manifestations réprimées violemment, avec un bilan officiel de 25 morts, 192 blessés et 2 400 arrestations.
Le Conseil national électoral (CNE) a validé la victoire de Maduro avec 52 % des voix, mais sans publier les résultats détaillés ni les procès-verbaux des bureaux de vote, invoquant un acte de piratage informatique. L’opposition, qui conteste ces résultats, affirme qu’Edmundo Gonzalez Urrutia a en réalité remporté plus de 60 % des voix.
Nicolas Maduro, de son côté, accuse ses adversaires de préparer un coup d’État. Il a déclaré : « Ils ne pourront jamais nous vaincre, car nous portons en nous la force de l’histoire, de la patrie et de Dieu. »
Le Parlement, dominé par le pouvoir avec 256 députés sur 277, examine également une loi dite « contre le fascisme », présentée comme une mesure pour protéger le peuple. Cependant, des observateurs y voient une tentative de réprimer l’opposition. Cette loi fait suite à une autre législation adoptée récemment sur les ONG, également critiquée pour ses restrictions sur les droits Humains.
Maduro a également annoncé une prochaine loi sur les réseaux sociaux, accusant certaines plateformes de propager la haine. Le réseau « X » a d’ailleurs été suspendu pendant dix jours, et le président a lancé un appel au boycott de la messagerie WhatsApp.
Le haut-commissaire des Nations Unies aux droits Humains, Volker Türk, a exhorté les autorités à ne pas adopter ces lois, affirmant que dans un climat de peur, il est impossible de défendre les principes démocratiques et les droits Humains.
Pendant ce temps, le Brésil et la Colombie continuent d’appeler à de nouvelles élections pour résoudre la crise, une position rejetée par l’opposition vénézuélienne qui revendique la victoire à la présidentielle. Le président états-unien Joe Biden a également clarifié que son administration ne soutenait pas de nouvelles élections, estimant que Nicolas Maduro n’était pas honnête sur les résultats.
Joseph Kouamé