Nouvelle-Calédonie (France) : les indépendantistes perdent la présidence du Congrès

L’indépendantiste Roch Wamytan, a perdu le scrutin, ce jeudi 29 août, au profit de Veylma Falaeo, du parti de « l’Éveil océanien ». Elle devient la première femme à ce poste. ( Source : AFP)

Roch Wamytan, 73 ans, figure emblématique de la politique calédonienne et président du Congrès depuis 2019, membre de « l’Union calédonienne », a été battu ce jeudi 29 août 2024, par Veylma Falaeo, élue de l »‘Éveil océanien » (EO). Grâce au soutien des non-indépendantistes, elle devient la première femme à accéder à la présidence du Congrès de Nouvelle-Calédonie.

Lors du premier tour, Roch Wamytan a pris la tête avec 26 voix, suivi par Naïa Wateou avec 19 voix. Philippe Dunoyer a obtenu six voix, tandis que Veylma Falaeo, âgée de 42 ans, n’en a récolté que trois. Naïa Wateou était la candidate des Loyalistes et du Rassemblement-Les Républicains (non-indépendantistes), tandis que Philippe Dunoyer représentait « Calédonie ensemble », également non-indépendantiste. Cependant, au second tour, les candidats non-indépendantistes se sont désistés et ont reporté leurs voix.

Un scandale politique

Dans un communiqué, le groupe « Les Loyalistes », principale force non-indépendantiste au Congrès, a applaudi le résultat du scrutin, estimant que la présidence de Roch Wamytan, au cours des cinq dernières années, avait « gravement affaibli l’institution du Congrès » par des « décisions controversées et des compromis inacceptables, notamment avec l’Azerbaïdjan ».

En avril dernier, l’élue indépendantiste Omayra Naisseline avait signé un protocole d’accord avec l’Assemblée d’Azerbaïdjan, un pays gouverné d’une main de fer par la famille Aliev depuis son indépendance et qui multiplie ses ingérences dans la politique de la France du fait que celle-ci soutienne l’Arménie, « ennemi absolu » de l’Azerbaïdjan qui est, depuis septembre 2023 et son invasion éclaire, en un seul jour, du Haut-Karabagh, entrain de pratiquer l’épuration ethnique des arméniens qui constituaient, jusqu’alors 120 000 des 130 000 habitants de cette région autonome. Ce document avait été signé « à ma demande », avait assumé Roch Wamytan, déclenchant un tollé au sein de l’opposition et à Paris.

Cette perte du Congrès survient à un moment particulièrement difficile pour les indépendantistes, déjà affaiblis par des divisions internes. Mercredi, deux des quatre composantes du « Front de libération nationale kanak et socialiste » ont annoncé leur refus de participer au congrès du Front prévu cette fin de semaine.

Créé en 2019, « l’Éveil océanien » (EO) avait pour objectif de représenter les 22 000 habitants de Wallis-et-Futuna vivant en Nouvelle-Calédonie. Lors des élections provinciales de cette même année, le parti a remporté trois sièges au Congrès, devenant ainsi un acteur clé en l’absence de majorité absolue entre les indépendantistes et les non-indépendantistes. Depuis cinq ans, l’EO avait formé une coalition avec les indépendantistes, mais cette alliance a pris fin ce jeudi.

Joseph Kouamé

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