France – Viols de Mazan : le procès débute avec plus de 50 accusés devant les tribunaux

Le procès des viols de Mazan a commencé le lundi 2 septembre à Avignon. Cinquante et un hommes, dont Dominique Pélicot, le mari de la victime, Gisèle Pélicot, sont accusés de « viols aggravés ». Pendant près de dix ans, Dominique Pélicot a administré des sédatifs à son épouse à son insu, afin de la soumettre à des viols par des inconnus recrutés en ligne. (Avec : France 24)

Le procès des viols de Mazan a débuté le lundi 2 septembre, révélant une affaire d’une horreur inouïe. Cinquante et un hommes sont accusés de «viols aggravés» sur Gisèle Pélicot, un crime passible de 20 ans de réclusion. Parmi eux se trouve Dominique Pélicot, le mari de la victime. Pendant près de dix ans, il a sédaté son épouse à son insu pour la soumettre aux agressions sexuelles d’inconnus recrutés sur internet. Sur le site Coco.fr, désormais fermé par la police, il proposait, sous la rubrique « À son insu », à des hommes de violer sa femme inconsciente. Des dizaines d’hommes, âgés de 26 à 74 ans et exerçant diverses professions (maçon, pompier, ex-policier, journaliste, électricien, père de famille), se sont portés volontaires pour abuser d’elle entre juillet 2011 et octobre 2020. Selon les experts, ces individus ne présentent pas de pathologie psychique notable, mais manifestent un sentiment de « toute-puissance » sur le corps féminin.

Quant au mari, bien qu’il ne présente pas de « pathologie ou d’anomalie mentale », plusieurs évaluations psychiatriques ont révélé une « déviance sexuelle ou paraphilie de type voyeurisme ». Décrit comme un «patriarche » et un « manipulateur » à la personnalité « perverse », il était pourtant perçu par son épouse comme un « chic type » et un « super mec» avant que les faits ne soient dévoilés. Sa fille, Caroline Darian, qui avait parlé de la soumission chimique dans « Actuelles, » avait confié combien elle était proche de ce père présent et aimant, et combien les révélations de la police avaient été un choc pour la famille, qui semblait être un cocon harmonieux.

Pendant toute la durée des viols, Gisèle Pélicot ignorait tout. Sous l’effet de médicaments, elle n’a découvert l’horreur qu’une décennie après le début des agressions. Ce n’est que le 2 novembre 2020, lors d’une convocation au commissariat, qu’elle a vu des images d’elle-même, inconsciente, en train d’être abusée par des inconnus. « Mon monde s’effondre, tout ce que j’ai construit en cinquante ans », a-t-elle déclaré, réalisant que ses pertes de mémoire, ses propos incohérents, ses migraines, ainsi que ses problèmes gynécologiques et infections sexuellement transmissibles à répétition prenaient enfin un sens, après près de dix années d’errance médicale sans diagnostic clair.

C’est le propre de la soumission chimique : un crime qui, bien souvent, ne laisse pas de trace et laisse la victime dans l’ignorance de ce qu’elle a subi. La députée Sandrine Josso, elle-même victime d’une tentative de soumission chimique à laquelle elle a échappé de justesse, avait été mandatée par le gouvernement de Gabriel Attal pour une mission sur ce fléau mais les élections législatives anticipées et la démission du gouvernement y avaient mis un frein brutal. Avec l’arrivée de Michel Barnier à Matignon, elle espère la reprise rapide de ce travail. En attendant, elle a assisté à une partie du procès pour apporter son soutien à Gisèle Pélicot et ses trois enfants. Depuis son agression, la députée « MoDem » (parti centriste dirigé par François Bayrou – ndlr) est devenue une proche de Caroline Darian, fondatrice de l’association « M’endors pas », avec qui elle mène un combat contre la soumission chimique.

Ce procès doit permettre de mieux faire connaître cette pratique criminelle. Gisèle Pélicot a d’ailleurs demandé la levée du huis-clos pour que « la honte change de camp ». Le procès doit se tenir jusqu’au 20 décembre 2024.

Joseph Kouamé

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