Il avait été acquitté en première instance mais l’islamologue Tariq Ramadan a été condamné en appel en Suisse à une peine de prison de trois ans, dont un an ferme, a annoncé, ce mardi 10 septembre, la justice genevoise. (Source : AFP)
La plaignante accuse M. Ramadan de l’avoir soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d’insultes dans la chambre de l’hôtel genevois où il séjournait, la nuit du 28 octobre 2008.
Acquitté en première instance, l’islamologue frériste suisse Tariq Ramadan a été condamné en appel en Suisse pour viol et contrainte sexuelle à une peine de prison de trois ans, dont un an ferme, a fait savoir la cour de justice genevoise, ce mardi 10 septembre. Dans un communiqué, elle annonce qu’elle « annule le jugement du tribunal correctionnel du 24 mai 2023 en reconnaissant Tariq Ramadan coupable de viol et de contrainte sexuelle pour la quasi-totalité des faits dénoncés».
Les parties ayant renoncé à une lecture publique du jugement, il leur a été notifié par courrier. L’arrêt, daté du 28 août, est susceptible de recours, dans un délai de trente jours, auprès du Tribunal fédéral, qui est la Cour suprême de la Confédération.
Après l’acquittement de M. Ramadan en première instance, en mai 2023, la plaignante, qui se fait prénommer « Brigitte » pour se protéger des menaces, avait immédiatement fait appel. Elle accuse M. Ramadan de l’avoir soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d’insultes dans la chambre de l’hôtel genevois où il séjournait, la nuit du 28 octobre 2008.
Le tribunal correctionnel de Genève avait estimé, en première instance, qu’il n’y avait pas de preuve contre l’islamologue dans cette affaire. Les juges avaient également fait valoir les témoignages contradictoires et les « messages d’amour » envoyés par la plaignante.
Les trois juges de la chambre d’appel et de révision ont eu une tout autre appréciation des faits, retenant cette fois « que plusieurs témoignages, certificats, notes médicales et avis d’experts privés concordent avec les faits dénoncés par la plaignante », selon la cour de justice. Aussi, « les éléments recueillis par l’instruction ont ainsi emporté la conviction de la chambre quant à la culpabilité du prévenu », explique le communiqué.
Vers un procès contre Tariq Ramadan en France
« Brigitte » a porté plainte dix ans après les faits, en 2018, encouragée, a-t-elle expliqué, par le fait que d’autres femmes avaient fait de même contre Tariq Ramadan en France. Les deux s’accordent à dire qu’ils ont passé la nuit ensemble dans la chambre d’hôtel, qu’elle a quittée tôt le matin pour rentrer à son domicile. Tariq Ramadan assure que c’est elle qui s’est invitée dans sa chambre.
Il dit s’être laissé embrasser avant de mettre rapidement fin à l’échange et a accusé la plaignante de vouloir se venger pour avoir été «éconduite». Une version que dément « Brigitte », qui a raconté, pendant l’audience en première instance, avoir eu « peur de mourir » sous les coups de l’islamologue.
Par ailleurs, en France, la cour d’appel de Paris a décidé, le 27 juin dernier, de renvoyer l’islamologue suisse de 61 ans devant la cour criminelle départementale pour des viols sur trois femmes, qui auraient été commis entre 2009 et 2016. En revanche, un non-lieu a été prononcé concernant les faits dénoncés par une quatrième femme des viols qui auraient eu lieu au cours de l’année 2013.
Didier Maréchal