La direction du festival du film de Toronto a déclaré qu’elle était contrainte de suspendre les projections du documentaire « Russians at War » prévues ce week-end, en raison de « menaces sérieuses » pesant sur l’événement.(Avec AFP).
Le Festival international du film de Toronto a annoncé jeudi 12 septembre 2024 « mettre en pause » les projections du documentaire controversé « Russians at War » après avoir reçu des « menaces significatives ».
« Nous avons été informés de l’existence de menaces significatives pour les opérations du festival et la sécurité du public », ont déclaré les organisateurs dans un communiqué, faisant référence à des informations « indiquant une activité potentielle dans les prochains jours qui pose un risque significatif ».
« Il s’agit d’une décision sans précédent » pour le festival, ont-ils ajouté dans un communiqué. « Nous nous engageons à le projeter lorsqu’il sera sûr de le faire ».
La réalisatrice canado-russe Anastasia Trofimova a dévoilé son film « Russians at War » (« Des Russes à la guerre ») lors du festival du film de Venise. Elle a passé plusieurs mois avec un bataillon russe sur le front ukrainien, recueillant les témoignages des soldats qui ont servi de matière première pour ce documentaire de plus de deux heures.
Le film devait être présenté pour la première fois en Amérique du Nord au festival de Toronto ce vendredi, avec des projections prévues également pour samedi et dimanche. Tant à Venise qu’à Toronto, des figures politiques et culturelles ukrainiennes ont exprimé leur indignation, accusant le film de relayer de la « propagande russe ».
Chrystia Freeland, la vice-Première ministre du Canada a déploré plus tôt cette semaine la projection du film, déclarant qu’« il ne pouvait pas y avoir d’équivalence morale dans cette guerre ».
L’Agence d’État ukrainienne pour le cinéma a également demandé au festival du film de Toronto de ne pas projeter le film qu’elle qualifie d’« outil dangereux de manipulation de l’opinion publique ».
Anastasia Trofimova a affirmé à l’AFP que son film était « un documentaire anti-guerre » et montrait des « gens ordinaires ».
D’après un journaliste de l’AFP ayant vu le film, ceux que l’on voit à l’écran semblent avoir perdu le sens de leur participation à ce conflit.
Manquant d’équipement, ils bricolent eux-mêmes leurs armes, recourant à du matériel datant de l’ère soviétique. Enchaînant cigarettes et verres d’alcool, ils essayent de noyer leur désarroi face aux blessures ou à la mort de leurs camarades.
Le producteur Sean Farnel a déclaré sur X que la décision d’annuler les projections lui « brisait le cœur ».
Il a reproché aux critiques de hauts responsables d’avoir « incité la haine violente qui a mené à la décision douloureuse de mettre en pause la présentation de ‘Russians at War’ ».