Kesaria Abramidzé, influenceuse transgenre géorgienne, a été tuée le lendemain de l’adoption, le mardi 17 septembre, d’une loi interdisant la « promotion des relations homosexuelles ».(Avec AFP).
Les autorités géorgiennes ont annoncé, ce jeudi 19 septembre, qu’elles enquêtaient sur la mort d’une célèbre influenceuse transgenre, suspectant un assassinat en lien avec son identité de genre. Cette affaire est particulièrement significative, intervenant deux jours après l’adoption d’une loi restreignant les droits des personnes LGBT+.
Kesaria Abramidzé, qui était aussi actrice et mannequin, a succombé à « de multiples coups de couteau » mercredi à son domicile, selon le ministère de l’Intérieur de ce pays du Caucase. Ce dernier a également précisé avoir arrêté un suspect, désigné par des médias locaux comme étant le petit ami de l’influenceuse, âgée de 37 ans et suivie par plus de 500 000 personnes sur Instagram.
« Une enquête est menée sur un meurtre prémédité commis avec une cruauté particulière et des circonstances aggravantes liées au genre », a ajouté le ministère dans un communiqué.
Le meurtre de Kesaria Abramidzé s’est produit le lendemain de l’adoption par le Parlement d’une loi contre la « promotion des relations homosexuelles », critiquée comme répressive par l’Union européenne et les États-Unis. À ce stade, rien n’indique que sa mort soit liée à cette législation.
La Géorgie, ex-république soviétique de confession chrétienne orthodoxe majoritaire, a tenté de se rapprocher de l’Occident au cours des dernières décennies et vise à intégrer l’UE et l’Otan.
Mais le parti au pouvoir, le « Rêve Géorgien », opère un virage conservateur et anti-occidental. Ses détracteurs le soupçonnent de vouloir se rapprocher de la Russie, qui possède elle aussi une législation contre la « propagande LGBT ». La présidente Salomé Zourabichvili, pro-occidentale et en rupture avec le gouvernement du Rêve géorgien, a condamnée « l’horrible meurtre » de Kesaria Abramidzé.
« Cette tragédie doit réveiller la société géorgienne », a-t-elle écrit sur Facebook.
Kesaria Abramidzé avait accusé par le passé les pouvoirs publics de ne pas lutter efficacement contre la violence conjugale. En avril, elle avait écrit sur les réseaux sociaux qu’elle subissait la violence de son partenaire, prise dans une « relation toxique depuis deux ans ».
Affirmant craindre pour sa vie, elle assurait avoir été contrainte de se réfugier temporairement à l’étranger. « Non au féminicide qui est devenu si fréquent dans notre pays! », avait-elle dit. Première personnalité publique à avoir évoqué ouvertement sa transition de genre, elle avait représenté le pays au concours Miss Trans Star International en 2018.
Le bureau du commissaire géorgien aux droits humains a estimé, dans un rapport daté de 2022, que la communauté LGBT+ était victime de « discrimination et de violences persistantes ».
La législation votée cette semaine, qui doit encore être signée avant d’entrer en vigueur, interdit « la propagande des relations homosexuelles et de l’inceste » dans les établissements d’enseignement et les émissions de télévision, et restreint aussi les « rassemblements et manifestations ». Des groupes de défense des droits ont critiqué cette formulation mettant sur le même plan l’inceste et l’homosexualité.